Alice est en train de marcher dans les allées du plus célèbre marché de Rome le « Campo de Fiori » qui signifie le « Champ de fleurs ».
Cela fourmille d’habitants et de visiteurs venus d’autres Pays, comme elle.
Entourée d’édifices néo-classiques, la place où le marché est situé est dominée par la statue du philosophe Italien Giordano Bruno, exécuté ici et dont la figure surplombe les chapiteaux d’étals très divers.
Alice y trouve une grande variété de souvenirs, comme des t-shirts, et des bouteilles de liqueurs, mais la plupart des vendeurs proposent des fleurs, des fruits exotiques, des légumes, des viandes, poissons, ou du fromage.
Alice est complètement sous le charme de l’ambiance que respire le marché, les gens y sont souriants, accueillants, plein de bonne humeur et de gentillesse.
Les rayons du soleil rendent le lieu particulièrement beau, tout y est parfait, jusqu’à ce qu’un stand attire son attention plus que les autres. Il est rempli de tableaux de peinture qui représentent pour la plupart des paysages différents magnifiques.
Elle s’approche tranquillement en regardant une peinture en particulier, celui d’une fosse remplie d’eau, grâce à une superbe cascade, entourée d’arbres et de verdure.
Son imagination se met tout de suite en marche, elle s’imagine s’y baignant seule dans un silence de cathédrale, sans rien ni personne pour la déranger.
-Celui-ci vous plaît ? demande une voix masculine.
Alice sursaute, puis voit apparaître de derrière les tableaux un homme qu’elle peut qualifier d’extrêmement séduisant sans aucune hésitation.
-Je les trouve tous magnifiques, mais c’est vrai que je trouve celui-ci particulièrement beau, répond Alice en souriant.
Le t-shirt couvert de peinture, il pose ses pinceaux, puis se rapproche d’Alice, elle remarque qu’il est grand, même plus que Francesco.
Elle profite du fait qu’il regarde le tableau pour l’observer plus en détail…
Cheveux bruns coiffés en pique, des yeux noisettes tout aussi beaux, une légère barbe qui apporte du charme à son visage, et Alice est prête à parier que sous ce t-shirt se trouve un corps bien sculpté.
-C’est un endroit en Italie pas très loin d’ici, ça s’appelle Mazzano Romano, si vous désirez y aller un jour, explique-t-il.
-En tout cas, sachez que vous avez énormément de talent, c’est très rare que je sois attirée par les tableaux, répond Alice souriante.
-Vous le voulez ? demande l’homme peintre.
-Oui ! Avec grand plaisir ! Je vous dois combien ? demande-t-elle en sortant son portefeuille.
-Ne vous embêtez pas avec ça, je peins pour le plaisir et pas pour gagner de l’argent, dit-il en repoussant le portefeuille.
-Hors de question, vous allez prendre cet argent, si ce n’est pas pour le tableau, faites-le pour me faire plaisir ! s’exclame Alice en mettant 30 euros dans les mains du peintre.
Il soupire, puis capitule et met l’argent dans sa poche en trouvant que c’est beaucoup trop, puis donne sa peinture à Alice.
-Excusez-moi de vous demander ça, mais est-ce que vous êtes du coin ? Vous avez un fort accent français, demande-t-il sourire en coin.
-Non, je viens de Bordeaux, je suis arrivée il y a quelques jours, et vous ? Vous êtes d’ici ?
-Je suis né ici oui, je bouge énormément en Italie, à la recherche de nouveaux paysages à peindre, répond l’homme.
-Cela doit être passionnant ! dit Alice.
-Oui, mais on se sent souvent seul, rigole l’homme.
Alice a l’impression qu’il la drague, mais elle n’est pas sûre, avoir ce genre de retour avec ce style d’homme, elle n’y est pas encore habituée.
-Je ne vais pas vous embêter plus longtemps, mais je reviendrais pour vous acheter encore certaines de vos œuvres ! S’exclame-t-elle.
-Cela sera avec grand plaisir, rigole l’homme au sourire charmeur.
Ce qui ne manque pas de faire rougir Alice.
-Avant que vous ne partiez, je m’appelle Alessio, ajoute-t-il.
-Alice, répond-elle.
Ils se serrent la main amicalement, tous les deux ravis de cette nouvelle rencontre. Alice aimerait beaucoup se faire des amis ici malgré la « profession » de Francesco.
-Je vous dis à la prochaine ? dit Alessio.
-Oui avec grand plaisir !
Elle lui sourit une dernière fois, puis quitte les lieux, c’est la toute première fois qu’elle parle avec un homme sans se poser des questions sur son physique, à croire que la nuit qu’elle a passée avec Francesco lui boosté sa confiance en elle, elle se sent plus forte et audacieuse.
Alessio la regarde partir.
-Elle est bien sympathique cette nouvelle habitante Française, dit-il.
La sonnerie de son téléphone vient interrompre ses pensées, mais lorsqu’il voit le numéro qui s’affiche, son visage se crispe.
Il décroche.
-Qu’est-ce que tu me veux !? dit-il la mâchoire serrée.
-Alessio ! Bonjour mon ami ! J’ai une nouvelle pour toi ! Devine qui est revenu au Pays ? dit Riccardo en tournoyant sur son fauteuil en cuir.
Une flamme de colère explose dans le regard d’Alessio pourtant si doux deux minutes auparavant.
-Où est-ce que je peux le trouver ? demande-t-il.
*
Lorsqu’Alice arrive au chalet Italien, sa montre affiche 14h30, elle revient avec plein de bonnes choses, du fromage, de la viande et sans oublier la belle peinture du dénommé Alessio.
Elle s’est tout de même achetée un casse-croûte, ayant eu un petit creux pendant sa vadrouille.
Lorsqu’elle rentre, tout le monde, y compris Francesco, est présent autour de la table à manger, en plein repas. Elle fonce directement au frigo pour ranger les aliments qu’elle a achetée tout sourire dû à sa journée.
-C’était bien le marché ? demande Francesco.
-Oui super ! En plus je me suis fait un petit cadeau, cette peinture drôlement belle ! s’exclame Alice toute contente.
-Super, mais tu aurais pu me prévenir, ajoute Francesco.
Alice affiche un regard interrogatif.
-Et pour quelle raison ? interroge-t-elle appuyée contre le frigo.
-Parce qu’à cause de mon boulot, n’importe qui peut s’en prendre à toi, explique Francesco.
Alice rit nerveusement.
-Alors, je vais t’expliquer une chose. J’accepte d’entrer dans ton monde, mais je ne suis pas une chienne qu’on tient en laisse, si j’ai envie de sortir je sors, avec ou sans toi, explique Alice fermement.
Elle ne lui laisse pas le temps de dire quoique ce soit et file dans sa chambre en prenant soin de claquer la porte bien fort, pour marquer sa colère.
Francesco se tourne vers Guiseppe et Candice.
-Je t’avais prévenue, dit celle-ci.
Malgré ce petit manque de confiance en elle, Alice a tout de même un caractère qui lui est propre, et se laisser dicter sa conduite par un homme, ne rentre pas dans ses acceptations, elle mène sa vie comme elle l’entend et ce n’est pas Francesco qui y changera quelque chose, loin de là.
Un peu plus tard, en fin d’après-midi, Alice a rapidement été rejointe par Candice et Livia pour jouer à Just Dance dans le salon, pendant que les hommes ont pris place dans le petit bureau à l’étage.
-Alors pour Scampia ? demande Guiseppe.
-Et bien la ville est redevenue ce qu’elle était avant que j’y mette mon grain de sel, mais je compte bien la récupérer, raconte Francesco.
-Et comment ? On n’a plus aucun réseau, plus un seul homme sous nos ordres, on est que nous deux, rappelle Guiseppe.
-Et bien en faisant comme nos pères, faire parler de nous, montrer que même en étant seul on est toujours aussi puissant qu’avant, et que personne ne doit l’oublier, les gens reviendront vers nous automatiquement, explique Francesco sûr de lui.
-Je te fais confiance, personnellement j’ai eu des nouvelles de Paolo, ajoute Guiseppe.
-Alors ? Que t’a-t-il dit ?
-Riccardo organise un bal d’ici un mois où tous les mafieux sont invités, je pense que ça serait le bon évènement pour officialiser notre retour, propose Guiseppe.
-Effectivement tu as raison, répond Francesco en acquiesçant.
-On emmène les filles ? demande Guiseppe.
-J’aimerais, mais on les exposerait d’un peu trop près d’un coup je pense…
-Oui pas faux… elles garderont Livia, ajoute Guiseppe.
Les deux hommes se regardent pendant quelques secondes sans dire un mot. Ils savent qu’ils tentent quelque chose de risqué, ils partent de rien et doivent tout récupérer, ça va être compliqué mais ils ne comptent rien lâcher et retrouver leurs places légitimes.
Leurs pères auraient fait la même chose, autant prendre exemple sur eux, et les rendre fiers de là où ils sont.
Leurs têtes se retrouvent dans la paperasse, qui raconte ce que sont devenus la plupart des membres de la mafia mais ils n’ont rien trouvé sur Riccardo ce qui leur semble étrange… Soudain, le bruit d’une moto les déconcentre.
Guiseppe va à la fenêtre, personne n’est supposé savoir où ils se trouvent, sauf si Francesco a été repéré à Scampia, les choses vont vite dans leur univers.
-Francesco…
-Quoi ?
-Y a un problème qu’on a oublié…répond Guiseppe.
-Et lequel ? interroge Francesco les yeux posés sur les papiers.
-Viens voir par toi-même, suggère Guiseppe.
Francesco s’approche de la fenêtre, mais lorsqu’il voit ce qui se présente devant chez lui, son visage se transforme et ne devient qu’inquiétude.
Ensemble, ils accourent à la porte d’entrée en faisant peur aux filles qui éteignent la télé.
-Que se passe-t-il ? demande Alice.
-Ne laissez pas Livia sortir de la maison ! Ordonne Francesco.
Les garçons sortent de la maison en laissant les filles dans l’incompréhension totale.
-Qu’est-ce que tu fais là ? demande Francesco.
-Tu te fous de ma gueule !? Comment oses-tu me poser cette question !? Accuse l’homme furieux.
Francesco a toujours redouté ce moment.
-Alessio écoute…commence le père de Livia.
-Non, je ne vais certainement pas t’écouter ! Surtout après deux ans ! Tu n’es qu’une ordure ! Un lâche ! Jamais je n’aurais dû te laisser l’approcher ! hurle le peintre du marché les poings serrés.
Guiseppe a sa main posée sur son arme, Alessio est sûrement l’homme qui souhaite le plus au monde la mort de Francesco, personne ne sait de quoi il est réellement capable.
Un silence avec une tension palpable s’installe.
-Je veux voir Livia, j’en ai le droit ! S’exprime le peintre.
Francesco ne sait pas comment gérer la situation.
-Alessio ? dit Alice subitement.
Alertée par les hurlements, elle s’attendait à tout sauf à voir son peintre du marché, qu’elle a rencontrée quelques heures auparavant.
Il est lui-même choqué de la voir ici, tellement qu’il en perd ses moyens, pendant que Francesco, lui, se demande comment ces deux-là peuvent se connaître.
Alessio finit par rediriger son regard vers son ennemi.
-Je vais revenir ! Prépare toi bien, parce que cette fois je compte bien la voir ! dit-il.
Il retourne à sa moto, puis se tourne vers Alice.
-Un conseil, restez loin de lui, ou vous allez finir comme ma sœur…morte, cet homme est incapable de vous protéger, finit-il.
Il part, laissant l’atmosphère pesante.
Francesco est le premier à reprendre ses esprits et attrape Alice par le bras pour avoir une explication.
-Mais arrête tu me fais mal !, crie-t-elle.
Guiseppe referme la porte derrière eux, et fait comprendre à Candice de monter à l’étage avec la petite. Candice hésite en voyant la façon dont Francesco tient Alice, mais son amant la rassure, en lui signifiant qu’il est là pour intervenir si ça va trop loin.
Elle choisit de lui faire confiance et de monter à l’étage.
Francesco relâche Alice et prend une grande respiration.
-Comment tu le connais ?
-C’est lui qui m’a vendu la peinture, mais par contre j’aimerais savoir pourquoi il semble t’en vouloir à ce point !? ajoute Alice les bras croisés.
Guiseppe et Francesco se lancent le même regard empli de honte, ils semblent cacher un énorme secret.
Le père de Livia se passe la main dans les cheveux.
-Sa sœur, c’est…Penelope…soupire-t-il.
Alice reste bouche bée, elle comprend mieux l’avertissement qu’Alessio lui a lancé, mais elle a l’impression que quelque chose de plus gros se cache là-dessous.
-Tu peux m’expliquer pourquoi tu ne m’as jamais parlé de lui ? C’est quand même l’oncle de Livia ! interroge Alice.
Francesco n’a pas la force de répondre, il sait que lorsqu’elle va apprendre la vérité son regard envers lui changera à tout jamais.
Mais Guiseppe en a marre de ces non dis.
-Il n’a pas vu Livia depuis 2 ans, lâche-t-il.
Alice se concentre sur Guiseppe, le seul qui pour l’instant a envie de parler.
-Et pourquoi ça ?
Guiseppe prend une grande inspiration.
-Tout d’abord, sache que Penelope a été tué par nos ennemis, mais je te passe les détails morbides. Après ce drame, Francesco a décidé de quitter le Pays pratiquement le soir même, raconte Guiseppe.
Alice s’est toujours doutée que Penelope était morte assassinée par des concurrents mafieux. Dans un univers pareil, le danger est constant, mais pour l’instant elle ne voit pas le rapport avec Alessio.
-D’accord et qu’est-ce que fait le frère de Penelope dans cette histoire ? Hormis le faîte qu’il a vécu un drame, demande Alice.
Guiseppe reprend une profonde respiration.
-Il a appris la mort tragique de sa sœur dans le journal, ainsi que le fait que Francesco avait quitté le Pays avec Livia sans laisser de trace…
Un sentiment de dégoût envahit Alice, elle n’arrive pas à croire ce qu’elle vient d’entendre, Francesco a littéralement abandonné Alessio à son sort, sans aucun soutien pour survivre au deuil de sa sœur, le privant de sa nièce !
-Comment as-tu pu faire ça ?
Francesco inspire profondément, c’est une honte qu’il lui pèse sur ses épaules depuis des années, il aurait préféré qu’Alice ne l’apprenne jamais…
-Tout ce que je voulais c’était emmener Livia loin de tout ça, explique-t-il honteux.
-Et tu n’as jamais pensé à lui, alors que c’était ton beau-frère ? Tu imagines ce qu’il a enduré ? Il s’est retrouvé complètement seul pour vivre un deuil ! Appuie Alice.
Elle n’arrive pas à croire qu’on puisse faire une chose pareille à quelqu’un de sa famille ! C’est à ses yeux un manque d’empathie total !
-Mais attends, comment se fait-il que Livia ne m’ait jamais parlé de lui ? demande-t-elle.
Francesco prend cette question comme un coup de honte supplémentaire.
-J’ai fait en sorte qu’elle l’oublie…
Alice cache son visage avec ses mains, c’est inhumain ce que Francesco a fait ! Pas étonnant qu’Alessio le déteste autant !
-Et tu n’as pas pensé, qu’en revenant vivre ici, Alessio voudrait te retrouver ? demande-t-elle.
-Je ne pensais pas que ça arriverait si vite…
Alice laisse échapper un rire nerveux.
-Je n’aurais jamais cru ça de toi, je suis vraiment déçue…
Lui qui semblait être un homme au grand cœur, vient finalement de perdre une partie de son respect, elle ne peut pas imaginer ce qu’Alessio a dû vivre pendant 2 ans, ce qu’il a dû traverser et devoir se reconstruire sans plus aucun repaire et plus aucune personne à aimer, comme sa sœur ou Livia.
-Je pense que j’en ai assez entendu, je vais gagner ma chambre et je te demande de ne pas y venir, après tout ça, j’ai besoin de rester loin de toi…
Elle monte à l’étage d’un pas lourd, toutes ses pensées vont vers Alessio… Alice comprend mieux son avertissement, à ses yeux tous ceux qui le côtoient prennent le risque d’être tués, comme sa défunte sœur…
Elle en vient à se demander si elle n’a pas fait une erreur en couchant avec Francesco…
Allongée sur son lit, perdu dans ses pensées, elle commence à prendre réellement conscience du monde dans lequel elle s’est embarquée… Candice, inquiète pour sa meilleure amie, est venue voir comment elle va, Guiseppe a pris le temps de lui expliquer ce qu’il s’est passé en détail.
-Alors qu’est-ce qui t’arrive ? demande-t-elle.
-Je me demande si je n’ai pas fait une bêtise …
-En couchant avec Francesco ?
-Oui… je ne sais pas si je suis faite pour vivre cette vie… comme Penelope… regarde elle était prête et elle en est morte…
Candice pose une main remplie de compassion sur les cheveux d’Alice, elle comprend tout à fait ce qu’elle ressent.
-Il te faut peut-être juste du temps ? suggère-t-elle.
-Peut-être, mais l’histoire d’Alessio m’a énormément retournée…
Candice reconnaît bien sa meilleure amie, remplie d’empathie envers des inconnus, surtout quand ils semblent brisés.
-Je ne vais pas prendre les décisions pour toi, tu es la seule qui peut choisir ton destin.
Candice dépose un baiser tendre sur le front d’Alice, puis quitte la pièce voulant la laisser réfléchir.
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L'Empire de Rome
RomanceIl avait tout, de l'argent, une femme, une fille, une puissance que beaucoup d'hommes lui enviait. Il était respecté de tous, il ne s'est jamais inquiété du futur et pourtant...il aurait dû... Un beau jour, tout son univers va s'effondrer de la pire...