Folie

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Tout n'était que silence ; pesant, angoissant, perturbant. Le noir avait tout envahi. Il inondait la pièce de ses tentacules terrifiantes ; chaque parcelle d'espoir était engloutie dans cette infinité pourtant restreinte. La boule que je former autour de mon cœur était vaine comparé au danger qui rodait autour : La Folie.

Elle me regardait de ses yeux espiègles, déposant ses griffes le long de ma joue lorsque mes tremblements ce faisaient trop présent. Elle me consolait en créant une solution à ma peine : la folie expliquait la peur, les doutes, les angoisses que je ressentais mais rien de tout cela ne m'effrayais plus que de la laisser m'emmener dans ses bras.

Elle s'assit en une sorte de tailleur. Ses jambes, qui n'en étaient pas vraiment, tentèrent d'imiter la posture d'un ami humain à l'écoute. Sa peau changea de couleur et de forme afin de me plaire ; ce fut long. Je refusais de lui accorder mon attention malgré son insistance. Elle réfléchit à une solution ; ce qui lui servit de main entoura alors la mienne avec une grande délicatesse. Elle semblait faire attention aux moindres frémissements de ma part.

Je les leva et couvrit cet amas d'un regard calme mais inquiet. Malgré sa bouche inexistante, son corps pris une couleur jaune poussin et devint plus fluide, lui donnant un air heureux. Elle « courut » autour de mon corps endoloris par mon ancienne position. Je la vis essayer de lever sa chaire comme pour faire un saut avant de se stopper d'un air presque intriguée de son propre souhait. Cette petite parade eu l'effet escompté et me détendit, ou du moins en apparence.

Ses yeux ressemblaient à de petites billes noires dont l'immensité de sa force s'y reflétait. Sa couleur changea : elle m'avait sondé. Ce fut un bleu, un bleu si clair qu'il créait une lumière parmi les ténèbres. Elle m'arracha un sourire et fit fuir une partie de ma crainte. Pourquoi cette chose inhumaine comprenait mieux mes sentiments que mes semblables. Elle qui ne connaissait rien à mon espèce tentait de m'offrir une sorte d'amour ; une compréhension. Et si l'on cherchait bien, si l'on prenait le temps d'analyser et d'observer ses gestes, on percevait une sorte de compassion à mon égard.

Elle ne divagua plus dans la pièce, m'offrant un brin d'espoir naissant pendant qu'elle se trouvait assise face à moi et mon avenir. Nous restâmes ainsi, assise l'une devant l'autre sans pour autant attendre l'amusement avec impatience. Elle attendait que je lui offre ma permission. Ce « oui » qui résonnerait en elle comme le plus doux des sons. C'était un peu comme offrir la première glace d'un enfant qui n'a pu qu'entendre la merveille de cette préparation à l'allure et au goût magique. J'eu un petit rire apaisé face à cette scène improbable puis la vis se diriger vers le fond de la pièce. Il y trônait une gigantesque porte de fer et de bois massif jonchée d'énormes clous.

Elle m'invita à la rejoindre mais mon esprit était embrumé par la peur irrationnelle que j'éprouvais à ce moment. La masse bleu le remarqua et actionna un complexe mécanisme. La pièce sembla s'agrandir, chaque pas était une épreuve difficile au début puis étrangement simple. Il ne m'eut fallu que quelques mois pour passer les premiers mètres puis seulement quelques jours pour les derniers. J'étais décidée me semble-t-il, car j'ai franchis la porte dont je cauchemardais chaque nuit avec une rapidité déconcertante.

Ce fut un monde magnifique qui s'offrit à moi. Un monde sans loi, sans règles, sans hiérarchie. Un monde où seule mon imagination détrônait tous les êtres.

Je me trouvais sur un chemin de terre entouré par de champs sans fin lorsqu'elle me rejoint. Tout d'abord je pus l'observer au grand jour. Sa peau bleutée était lisse et parfaitement uniforme. Ces deux petits yeux se dirigèrent vers moi, ils entrèrent. Après tout je n'avais plus rien à lui cacher, elle venait de rentrer dans mes rêves.

Ce fut là qu'elle se transforma dans sa forme définitive. Une femme plus grande d'une dizaine de centimètres, élancée, brune aux cheveux très court. Elle avait de magnifiques yeux marrons foncés que je connaissais par cœur à force de les avoir parcouru. Tout comme ce corps dont je connaissais toute les imperfections, toutes les cicatrices aussi invisibles soient-elles devenues.

Je pris sa main, entrelaça nos doigts avec la parfaite conscience que ce n'était pas la vrai « elle » que je tenais en souriant mais mon rêve, et avança à nouveau.


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