2 - Le jardin aux épines

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Je ne suis venue que deux fois dans la Forêt Enchantée, et à chaque fois, c'était avec Peter Pan. J'aurais préféré qu'il me donne de la poussière de fée plutôt de devoir passer le voyage dans ses bras, mais je sais qu'il s'agit d'un bien rare et précieux et le chef du Pays Imaginaire n'allait certainement pas en gaspiller pour moi. Cependant, malgré notre proximité forcée, j'apprécie ce moment. Je savoure pleinement le souffle du vent, l'impression de légèreté et la sensation de liberté qui m'envahit.

Je n'ai pas eu l'occasion de voler si souvent que ça, mais à chaque fois, ce fut un pur bonheur. Et c'est sans doute l'une des choses qui me manque le plus depuis mon retour dans le monde sans magie, la possibilité de voler. Les sensations que cela provoque en moi sont toujours incroyables et grisantes. Je crois que Peter le sait, et pas parce qu'il l'a lut dans mon esprit, mais parce que j'étais toujours très enthousiaste à chaque fois qu'il me donnait la possibilité de découvrir le ciel. Et ces petites sessions de vol faisaient parties des rares moments sincères que l'on passait ensemble. Dans ces moments-là, je n'avais pas envie de l'étriper et même s'il se moquait de ma maladresse, on riait comme des amis.

Nous survolons plusieurs villages pleins d'agitation et Peter m'explique que c'est parce que la Méchante Reine a annoncé qu'elle allait jeter un sort sur tout le royaume pour punir Blanche-neige et le Prince Charmant. Tout le royaume est en panique et ils cherchent un moyen d'arrêter Régina. Enfin, Peter se pose à l'orée d'une forêt sombre, pas très loin d'une petite ville. Je me dépêche de quitter son étreinte dès que ses pieds touchent le sol et ça le fait sourire.

Mes yeux embrassent les alentours, ils s'attardent sur les bois terrifiants, balayent le chemin de terre battue et s'arrêtent sur le château imposant. Les tuiles noires en contraste avec les murs blancs percés de larges fenêtres laissent deviner qu'il s'agit d'une demeure luxueuse. Un grand jardin s'étend entre le portail en fer forgé et la porte d'entrée. L'endroit avait dû être charmant à une époque mais il est désormais empreint d'une atmosphère lugubre. Cela tient sûrement au labyrinthe de ronces qui a envahi la totalité de la propriété et commence à grimper sur les murs blancs. Il règne un silence oppressant que même le bruit des oiseaux ne trouble pas.

Je frissonne tandis que je songe au monstre qui se trouve à l'intérieur. Puis je me rappelle du monstre qui est à côté de moi et même si cela devrait m'effrayer encore plus, ça me rassure quand même. Peter se tourne vers moi et me tend un poignard que j'attache à ma ceinture ainsi qu'un arc et un carquois que je fixe dans mon dos afin de pouvoir l'attraper rapidement.

« J'espère que tu sais encore comment t'en servir. Me provoque-t-il avec un sourire goguenard

- Je peux te le prouver en t'épinglant à cet arbre si tu y tiens tant. Je réplique sur un ton acerbe »

Il ricane mais ne dit rien de plus. Le poids de mes nouvelles armes me redonne le courage qu'il me manquait et je me sens enfin prête à faire face au danger qui m'attend.

J'ai appris à m'en servir au Pays Imaginaire. J'ai vite compris que c'était une nécessité pour survivre aux jeux de Peter Pan. C'est Félix ainsi que d'autres garçons perdus qui m'ont entrainé jusqu'à ce que je sois capable de chasser, de combattre, de désarmer et de tuer s'il le fallait. Ils m'ont aussi appris le combat à mains nus, grimper dans les arbres, suivre une piste, différencier les plantes comestibles des plantes toxiques et tout ce qui permet de survivre sur l'île de malheur qu'est le Pays Imaginaire. Lorsque je suis revenue dans le monde sans magie, j'ai continué à m'entraîner tous les jours pour ne pas perdre mes capacités.

Je contemple encore un instant le château pour rassembler tout mon sang froid et réveiller mes instincts. J'inspire et j'expire lentement. Après ça, je serais définitivement libérée de Pan. Je rentre, je récupère ce stupide miroir, je sors de là en un seul morceau. Rien de plus. Je paye ma dette et je retourne à ma vie bien tranquille. Pendant un instant, le visage d'Andrew s'impose dans mon esprit mais je le chasse rapidement.

Sous les apparences (Peter Pan x reader)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant