Chapitre 3

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Cette fille... C'est comment, déjà? Ah, oui, Toga Himiko... C'est la première fois que je rencontre quelqu'un d'aussi passionné par le sang que moi, peut-être même par le sang tout court... Que dois-je faire? C'est la question qui hante mon esprit depuis cette rencontre. Elle m'a troublée.

J'étais sûre à 100% de ce que je faisais, mais est-ce que je savais ce que j'allais faire après? Absolument pas. Je n'en avais pas la moindre idée. Maintenant, je paye pour mon insouciance.

Que vais-je faire si ce Shigaraki ne m'accepte pas dans l'alliance? Et si mes parents découvrent mes activités de super-vilaine? Me considèreront-ils encore comme leur fille? Et mon frère? Trop de questions... Auxquelles je n'ai pas la répon-

"-HEIWA!

-Hein?

J'entends des ricanements dans mon dos. Rêvasser, moi, Shiroi Heiwa! En plus, au premier rang... Il faut croire que je suis vraiment ailleurs aujourd'hui...

-Je te prierai d'écouter mon cours, continue chauve-souris-sensei, où je serai obligé de...

-De quoi? De me faire bosser pendant une heure au lieu que je le fasse chez moi? Ou d'appeler mes parents? Ou peut-être mon frère? Je vous signale qu'ils n'en n'ont rien à foutre. Ils voient déjà que je bosse comme une tarée pendant des heures. Je n'ai même pas besoin de venir à ce lycée de merde pour m'entraîner, vous pouvez me renvoyer si vous voulez, ou même m'envoyer dans le bureau du proviseur, ça m'est égal.

Je me suis levée à mon tour. Peut-être que je me suis un peu emportée. Après tout, c'est moi qui était en faute. Tout le monde me fixe bouche-bée. Quand au prof, j'ai l'impression de voir sortir de la fumée de ses oreilles. Mais... NON! ILS ME SOÛLENT, TOUS, À OEUVRER POUR LE BIEN! EST-CE QUE JE SAUVE LES GENS AVEC LE SOURIRE MOI? NON! JE LES TUE AVEC LE SOURIRE!

-HEIWA, TU VAS ME SUIVRE DANS LE BUREAU DU PROVI-

-OH, ET PUIS VOUS SAVEZ QUOI? J'EN AI RIEN À FOUTRE! JE ME CASSE!"

Sur ces mots des plus distingués, je me dirige vers la porte, fulminante, et l'éclate d'un coup de poing. Je cours vers la sortie, saute par-dessus le portail et cours, cours jusqu'à n'en plus pouvoir vers un objectif connu de mes seules jambes. Quand celles-ci daignent enfin s'arrêter, je suis à bout de souffle. Inhabituée à cette sensation, je mets un certain temps à convaincre mes poumons qu'ils ont encore la capacité de respirer.

Lorsque je relève les yeux, je remarque que je suis dans la ruelle. Celle du repaire de l'alliance. Une idée me traverse l'esprit. En contournant le vieux bar, je remarque une fenêtre. Elle n'est pas condamnée. Avec un peu de chance, ce sera celle de Shigaraki.

Je saute. Il fait noir, personne dans la pièce. Je transforme une feuille de papier trouvée par terre en lampe de poche.

La lumière de la lampe illumine la salle. Je remarque un matelas d'appoint posé dans un coin. Étonnant. Ils avaient l'air de s'être installés ici pour longtemps. Dans un renfoncement du mur, des bouteilles remplies d'un liquide épais d'une couleur rouge foncé attirent mon regard. Du sang. Une étincelle dans les yeux, j'attrape une bouteille puis m'installe sur le semblant de lit et boit tranquillement en attendant Toga. À moins que les deux autres aient eux aussi la même passion que nous, cette chambre appartient forcément à la jeune fille aux yeux jaunes.

Des pas retentissent dans le couloir. Un air mystérieux s'affiche sur mon visage. Curieux. C'est la première fois que je cherche à impressionner quelqu'un. La poignée s'abaisse et la porte s'ouvre à la volée.

Une grande surprise, puis une envie sanglante passent sur le visage de Toga.

"-Salut, je dis.

-Salut, qu'est-ce que tu veux ?

Je me lève.

-Tu as parlé de moi aux deux garçons ?

-Oui...

-Et? J'insiste.

-Dabi est ravi. Il dit que ça avait bien besoin de changement.

-Et Dabi, c'est Shigaraki son nom? Ou c'est l'autre, là... Tomura?

-Tomura. C'est Tomura Shigaraki.

-Et Tomura, il accepte?

-Non, répond-elle, gênée."

J'en reste bouche bée. Alors, tout le monde est ravi que je rejoigne l'alliance, mais ce Shigaraki refuse pour ses petites affaires personnelles? C'en est trop. Trop de narcissiques dans ma vie. J'éclate la deuxième porte de la journée, je traverse le couloir d'un pas décidé, je rentre en trombe dans le bar et je hurle:

"-C'EST LEQUEL, SHIGARAKI?????

-TOGA! C'EST QUI, ELLE? Crie le garçon recouvert de mains, JE SUIS TOMURA SHIGARAKI, T'AS INTÉRÊT À SORTIR D'ICI SI TU VEUX PAS QUE JE TE DÉSINTÈGRE!"

Très intelligent de se cramer comme ça. Toga et le garçon brûlé que je suppose être Dabi se précipitent pour nous arrêter mais trop tard, j'ai déjà claqué des doigts. Shigaraki ne peut plus respirer. Je me rue, couteau en main, sur mon adversaire et lui place l'arme sur la gorge d'une main en retenant les siennes de l'autre.

J'ai cru comprendre qu'il avait l'intention de me désintégrer, et sans un alter nécessitant l'usage des mains, je ne vois pas comment. Contre ma force sur développée, il n'a aucune chance.

J'ai lâché la bouteille dans ma course, et son contenu rouge foncé s'étale sur le sol. Je lâche Shigaraki, évanoui par manque d'air, et lui permet à nouveau de respirer pour éviter de rajouter son nom à ma longue liste de meurtres.

"-Maintenant, vous allez gentiment m'écouter, j'annonce calmement en emprisonnant le jeune homme inconscient dans une cage en air durci, vous deux, j'ai plutôt l'impression que vous m'acceptez dans l'alliance.

Ils hochent frénétiquement la tête. Ridicule.

-Alors, je vous demande de m'offrir un refuge dans ce bar. J'ai fui mon lycée. J'y retournerai un jour ou l'autre. D'après les dires des professeurs, je suis la meilleure élève de l'établissement. Ils ne me laisseront pas comme ça.

Bien sûr, je compte modifier les souvenirs des enseignants et de ma famille, mais je ne tiens pas à en dévoiler trop sur moi aux membres de l'alliance.
Surexcitée, Toga approuve:

-Bien sûr! Tu peux venir ici quand tu veux! On pourra tuer des gens ensemble, ajoute-t-elle avec un grand sourire sadique.

-Pourquoi pas, je réponds, l'ombre d'un sourire sur les lèvres."

Satisfaite, je sors du bar par la porte (pour une fois) et me dirige vers chez moi. Mes parents m'attendent, l'air furieux. Oups. On dirait qu'ils n'avaient pas de mission aujourd'hui.

Je soupire en leur modifiant leurs souvenirs de cette journée afin qu'ils ne se rappellent pas de mon coup de colère.

Une fois dehors, je change à nouveau une brindille en téléporteur rose bonbon.

Arrivée à Yuei, je saute par dessus le grand portail. Sécurité ? Zéro. Je rentre dans le lycée.

Ah, oui, merde. La porte. Je durcis l'air pour en créer une neuve avant de la colorer à l'aide de mon alter de modification d'objet.

Quel ennui. Faire de la décoration d'intérieur alors que je pourrais être en train de tuer des gens. Et boire leur sang.

Je rentre dans la salle et entreprend de modifier les souvenirs de toute la classe comme je l'ai fait pour mes parents. Quel ennui.

"Ils sont si naïfs, si faciles à manipuler... Vivement cette nuit."

Le sang nous réunitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant