Chapitre 4

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Je sors de la salle de bain comme si elle avait été le sas entre deux mondes. La pièce principale de notre colocation est toujours la même mais elle me semble pourtant si différente. Je suis d'un coup rattrapé par la réalité des choses. Je viens de passer une étape. Ce qui s'est déroulé dans ma chambre, quelques instants avant, n'est pas anodin. L'excitation sexuelle qui était la mienne avant que ça ne se produise est retombée. Je ne suis plus dans le même état et une puissante vague de culpabilité et, je ne me le cache pas, de honte, m'envahit. Non, je n'ai rien fait de mal, je ne suis pas un pédé parce que j'ai laissé un garçon me faire jouir. Ses mains n'ont rien de différent des miennes. Sinon, à chaque fois qu'on se branle, qu'on se caresse soi-même ou que l'on s'introduit un doigt, on devrait être taxé d'homosexuel !

– Ça va Alex ? Tu vas rester prostré comme ça longtemps ? Je sais que je suis beau comme un dieu mais quand-même, ça me gêne, pas la peine de m'admirer comme ça.

La voix de Kevin me sort de mes pensées et je me rends effectivement compte que je m'étais arrêté, les yeux grands ouverts, tel un robot qui n'aurait plus de piles.

– Excuse-moi. Je... Disons que...

– Arrête, j'ai compris. T'es pas trop bien après ce que tu viens de vivre mais attend, te prends pas la tête hein. Je commence à bien te connaître. Tu n'as rien fait de mal. Ça ne fait pas de toi un pédé. Sinon, quand tu te branles et que tu te caresses toi-même, je te rappelle que puisque tu es un garçon, ça ferait de toi un homo.

– Kevin, c'est exactement ce à quoi je pensais. Je sais que tu as raison mais, c'est quand même quelque chose de pas normal.

– Hein ? Tu veux dire que je ne suis pas normal ?

– Non, non, surtout pas. C'est pas ce que je veux dire. Quand je dis « normal », je devrais dire « habituel ». Voilà, c'est pas mes habitudes et pas de mon goût.

– Tu ne peux pas t'empêcher d'analyser et culpabiliser toi hein ! Alors laisse-moi te dire : tu as gardé les yeux fermés, je n'ai pas prononcé un mot et je me suis bien gardé de faire quoi que ce soit qui insinue que quelque chose se passait entre toi et moi. Mes mains étaient anonymes et je n'étais ni garçon, ni fille, juste des mains. Et une bouche accessoirement. Ha ! Ha ! Un robot doté d'une intelligence artificielle aurait pu te faire ça dans 10 ou 20 ans ! J'ai même pas essayé de t'embrasser !

– Je sais Kev et franchement, tu as été parfait. Un véritable ami. Quoi que je dise ou pense, quoi que je ressente sur ce qui vient de se passer, s'il y a le moindre malaise à ce sujet, ça vient de moi, pas de toi. Tu n'as rien provoqué, tu ne m'as forcé à rien et je t'assure que je vois tout ça, de ta part, comme un service que tu m'as rendu. En aucun cas, si je devais dire quelque chose de négatif, cela serait une faute ou un reproche à ton égard.

– Écoute, on en parle plus pour le moment. Laisse tout ça se tasser. C'est mieux je pense.

– Tu as raison, arrêtons d'en parler.

Je regarde l'heure, il est presque 13h. Je n'avais pas vraiment besoin de le vérifier en fait, mon estomac me sert d'horloge interne et il fait sonner l'alarme depuis un moment.

– Dis Kev, et toi, t'as pas faim ?

– Hein ? Euh, j'ai toujours faim lol mais que veux-tu dire ?

– Naaaaaan. Je te parle de la vraie faim, de manger quoi !

– Hô pardon, je suis incorrigible. Ha ! Ha ! Oui, je mangerais bien un truc mais je pense qu'on a plus grand chose dans le frigo. Je veux dire, ni dans la partie commune, ni dans la mienne.

Ma copine me manque mais je veux rester fidèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant