La main levée vers la surface blanche et brillante qui me fait face, je suspends mon geste un court instant avant de baisser le bras. Je suis habité par une foule de questions. Plus au sujet de mon attirance soudaine pour Kevin. J'ai déjà retourné le problème dans tous les sens, me triturer l'esprit encore plus n'amènera rien de plus. Non, j'ai le trac et je me demande bien comment entamer la discussion avec lui, comment lui faire comprendre toute la complexité de mes sentiments. Quelle sera son attitude à mon égard. Je ne l'ai jamais vu fâché et encore moins contre moi. Sa froideur, quelques secondes plus tôt, lorsqu'il a scruté tout l'espace de la pièce principale, feignant ne pas me voir, m'était totalement inconnue jusqu'à présent. Cela me met tellement mal à l'aise. Mais d'un autre côté, même si le courage me manque, je me dois de lui présenter au moins des excuses. Voilà, la solution est là. Ne rien demander, ne pas justifier et me concentrer sur le mal que je lui ai fait. Et surtout, ne pas remettre en question la légitimité de ce qu'il ressent. Il est blessé, que j'en sois entièrement fautif ou pas n'y change rien. Il a été d'une sincérité totale depuis toute cette histoire, contrairement à moi. Je surfe sur la vague de mes sentiments sans me rendre compte que je ne suis pas le seul à boire la tasse.
Cette fois, je me sens prêt et je toque à la porte. Les trois petits coups que mes phalanges ont porté au bois laqué restent sans réponse. Un lourd silence porteur d'angoisse s'installe. Je plaque l'oreille contre la porte, peut-être est-il sous la douche et ne m'a pas entendu. Il pianote sur son ordinateur. A-t-il ses écouteurs ? Je crie pour tenter de me faire entendre :
– Kevin ? C'est Alex !
Qui ça peut être d'autre patate ? J'imagine Sam se moquant ainsi de moi mais très vite je chasse cette idée, ce n'est pas le moment de penser à elle. Je reste debout, à quelques centimètres de cette porte close. Je baisse la tête. Après un long soupir, je me décide à rebrousser chemin.
Je ne fais que quelques pas en direction de ma chambre quand j'entends la porte de la sienne s'ouvrir. Je m'arrête net à l'endroit où je suis, je ne me retourne pas et je ne dis rien. Kevin non plus. Encore un silence pesant qui s'éternise. Il semble durer une éternité.
– Alex ? Tu veux me dire quelque chose ?
– Es-tu d'accord que je le fasse ?
Je suis toujours dos à lui. Mon trac ne fait qu'augmenter. J'ai tellement peur qu'il me rejette.
– Je sais pas, je devrais te dire que non. Mais je ne suis pas comme ça. Alors, je suppose que je vais t'écouter.
Cette dernière phrase est ponctuée d'un long soupir qui montre à quel point Kevin semble exténué.
– J'ai beaucoup de choses à te dire et de questions à te poser mais avant tout, je te dois des excuses. Je t'ai fait souffrir. Je comprends que tu n'aies pu rester avec nous et c'est entièrement ma faute. Je voulais te dire que je suis conscient de ça et que je m'en veux beaucoup. Je comprendrais si tu restes fâché mais j'aimerais vraiment que tu me dises ce que tu as sur le cœur.
Kevin ne répond pas tout de suite. Un nouveau silence s'installe me laissant craindre le pire. Et ce ne serait pas qu'il m'annonce qu'il m'en veut vraiment. Non, même s'il se mettait à me crier des choses méchantes, cela me ferait du bien en fait. C'est plutôt de m'ignorer comme il l'a fait en rentrant dont j'ai peur.
– Retourne-toi Alex.
Je m'exécute, j'ai du mal à contenir mes larmes. J'ai les poings serrés, mon cœur bat bruyamment dans ma poitrine. Il reprend :
– Je ne sais pas quoi te dire. Ce que j'ai sur le cœur, c'est toi. J'ai l'impression que c'est à moi de te faire des excuses car tu n'as pas demandé à ce que j'ai des sentiments pour toi. Ces sentiments m'ont poussé à aller trop loin avec toi et profiter de toi. Je n'en suis pas fier.
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Ma copine me manque mais je veux rester fidèle
Fiksi UmumAlex n'en peut plus du confinement et surtout, de ne pas voir sa petite amie. Ils sont unis par un amour véritable ainsi qu'une complicité à tout niveau. Alors, les mois passant, si leurs contacts en visio sont quotidiens, les rapports plus intimes...