framboises » VERRATTI ✓

iv

Mes jumeaux sont chez leur père une semaine sur deux. Une semaine sur deux, je me retrouve toute seule. Ça dure comme ça depuis presque un an maintenant ; depuis que Loïc et moi, on s'est séparés.

L'histoire est trop banale pour être racontée, nous étions simplement devenus amis plutôt qu'amant, et nous avons préféré prendre notre indépendance.

Nous avons pris l'habitude d'envoyer des photos des enfants à celui qui ne les a pas, et c'est toujours avec un grand sourire que je les découvre. Mais quand je pose mon téléphone, je suis ramenée à cette période de ma vie. Celle où j'étais seule, sans Loïc, sans enfants.

Je devrais profiter de ce temps pour faire des choses pour moi, des choses que je n'ai pas le temps de faire quand mes jumeaux sont là. Mais à la place, je culpabilise encore plus. Je m'en veux de ne pas pouvoir leur offrir une vie avec leurs deux parents ensemble. Je m'en veux de leur imposer de vivre une semaine avec l'un, une semaine avec l'autre. Je m'en veux de ne pas être en mesure de leur donner le foyer cliché rempli d'amour qu'ils méritent.

Je m'occupe comme je peux, je fais des services du soir au magasin où je travaille, je range et récure la maison, je fais les courses sans avoir à m'inquiéter de voir des pots de confiture voler.

Quand je les récupère, le vendredi suivant, ils m'ont manqué.

Je suis une mère ingrate et je le sais, même si je m'évertue à le cacher au reste du monde. Mais je n'en reste pas moins leur maman. Et je les aime.

***

Quand le mardi, en sortant du travail à 15 h, je vois que j'ai un message de Loïc, je fronce les sourcils. C'est moi qui ai les enfants, cette semaine, c'est donc généralement moi qui le contacte.

Loïc
coucou, tu vas quand faire tes courses ? m'oublie pas, je veux rencontrer verratti 👍

Je lève les yeux au ciel en lisant le message. Je pensais qu'avec son travail et ses fils, il avait oublié cette histoire, mais c'est douter de Loïc. Sa mémoire n'a jamais été quelque chose que j'ai pu lui reprocher.

Céleste
mardi ?