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Le lundi et le mardi, le numéro reste dans la poche de ma veste en jean.

Je sais qu'il est là, ce n'est pas un oubli de ma part. Je préfère cependant l'y laisser encore un peu, n'étant pas prête à faire face à la vérité.

Le mercredi, je sors le papier de ma poche pour la première fois depuis que je l'ai reçu des mains de Marco Verratti. Je l'ouvre, et je regarde le numéro. Je soupire et sors mon téléphone pour y taper les huit chiffres. Google trouve immédiatement à qui le numéro appartient : Suzanne Délan, sophorologue.

Je ferme la recherche. Et je remets le papier dans ma poche.

Le jeudi, j'appelle Loïc ; il répond à la première sonnerie.

-Oui ? demande-t-il, et je peux entendre son sourire à des kilomètres.

-Tu sais ce qui m'énerve, chez toi ?

Loïc éclate de rire.

-Bonjour Céleste, c'est trop mignon de commencer cet appel téléphonique avec ces mots d'amour !

-J'aurai besoin, s'il te plaît, du numéro de Marco Verratti.

-J'ai très envie de demander pourquoi, mais je ne le ferai pas.

-Je vais pas te le voler, soupiré-je.

-Il est pour toi, rétorque Loïc. Je te l'envoie par message, ok ?

-Merci. Ça va, les garçons ?

-Toujours aussi bavards.

-Je crois que c'est pour toujours, souris-je, et l'écran de mon téléphone s'illumine : Loïc m'a envoyé le numéro.

-Fais-en bon usage ! Bisou, Cé !

Et il raccroche. Après cet appel, je ne sais pas si je suis reconnaissante de l'avoir dans ma vie, ou si je le déteste.

Je ne prends pas la peine d'enregistrer le numéro de Marco Verratti : j'appuie directement dessus pour l'appeler, sans même vérifier l'heure, sans même réfléchir et potentiellement, me dégonfler.

-Allô ? dit-il d'un air prudent, n'ayant évidemment pas reconnu le numéro.

-Salut. C'est Céleste. Tu sais, la mère des enfants qui ne savent pas se tenir en public.

Marco Verratti éclate de rire à l'autre bout du fil.

-Tu ne peux pas te définir comme ça.

-Pourquoi ? demandé-je.

-On ne se définit pas par nos enfants. Sinon, je dirai pour me présenter : bonjour, c'est Marco, le père des enfants qui n'arrêtent pas de casser des choses !

Je ne savais pas qu'il avait des enfants, pourtant, dès que l'information me monte au cerveau, je n'ai aucun mal à l'imaginer en tant que papa.

-Est-ce que je te dérange ? demandé-je. Je voudrais discuter.

-Tu ne me déranges pas du tout.

Je souris. Je n'ai pas réussi à appeler la sophrologue, mais j'ai réussi à appeler Marco Verratti.

Et je n'ai aucun doute sur le fait que l'un va déclencher l'autre.

framboises » VERRATTI ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant