framboises » VERRATTI ✓

ix

Le vendredi, en arrivant chez Loïc, je remarque immédiatement qu’il n’est pas comme d’habitude. Dès que les jumeaux rejoignent leur chambre, je l’interroge :

-Qu’est-ce que tu as ? Crache le morceau.

-Rien, m’assure-t-il, et je le fusille du regard.

-Menteur.

-Marco Verratti vient manger ce soir, et toi tu es invitée aussi donc tu restes, dit-il d’une traite, et je secoue la tête.

-Attends mais… quoi ?

Loïc hausse les épaules.

-On est devenus amis.

-Et qu’est-ce que j’ai à faire là-dedans ? haussé-je un sourcil.

-Bah, je te l’ai dit, tu lui plais. Et je sais que tu n’es pas d’accord, et je n’ai pas insisté, mardi, mais là c’est plus qu’une impression, c’est vraiment une théorie très solide. Genre, en béton. Il parle beaucoup de toi.

Je soupire.

-Loïc… je ne lui plais pas. Il a pitié de moi. Parce qu'il m'a vu pleurer et…

Je secoue la tête. Je ne peux pas dire à Loïc que sur le coup, j’ai vidé mon sac à Marco Verratti.

-Je lui ai fait pitié, conclus-je, et puis comme je te l’ai dit, on se connait pas. Quelqu’un que tu ne connais pas ne peut pas te plaire. Et toi, il te plaît, Marco Verratti ? lui souris-je, et Loïc sourit.

-C’est vrai que oui. Quel homme.

-Tu as besoin d'aide pour préparer quelque chose ? Ils n'ont pas des régimes strictes, les joueurs de foot ?

Loïc acquiesce.

-Ouais, t'inquiètes, on en a discuté avec Marco. Tout est sous contrôle. Tu n'as rien à faire hormis profiter de cette invitation.

Je soupire et m’assieds sur le canapé.

-Ca va mieux, toi ? m’interroge-t-il, et je lève les yeux au ciel.

-Arrête de t’inquiéter pour moi. Je suis pas en sucre. Je suis solide, moi. J’ai fait sortir deux bébés de mon ventre.

Loïc rit.

-J’admets qu’il faut être solide pour ça. Et j’ai jamais dit que tu ne l’étais pas. Même les gens solides sont dépassés par les événements, parfois. Mais j’étais sérieux, quand j’ai dit qu’il fallait que tu te reposes, Cé. Si tu veux, je peux récupérer les zébulons à l’école, quand ce sera ta semaine, et les garder pour le goûter ?

-Non, secoué-je la tête, hors de question.

Loïc est livreur d’électroménager et de meubles en tout genre. Il commence à travailler à 5 h du matin et termine vers 14 h. Dès qu’il rentre, je sais que ses habitudes sont les mêmes que lorsque l’on vivait ensemble prendre une douche, et aller dormir. Quand il n’a pas à aller chercher les jumeaux à l’école, il peut dormir jusqu’à 17 h. Dans le cas contraire, il met un réveil. Et je ne veux pas qu’il sacrifie son sommeil pour moi.

-On en reparlera vendredi prochain, décide-t-il, et je secoue la tête avec un sourire.

-Parle pour toi, répondis-je en lui mettant un coup de poing amical dans l’épaule.

Loïc s’apprête à simuler une blessure lorsqu’on entend deux coups à la porte : Marco Verratti est là.