Le Coeur Aux Formes (suite)

21. Et après ?

Malik

La boule de basket fait le même bruit sur le planché, un peu plus insistant aujourd'hui. Je ne cesse de le faire bondir, sans réelle envie qu'il n'aille dans le panier, mes pensées sont loin. 
Loin du monde , loin de la réalité.  Elles naviguent entre le fantasme et le rêve; perdues dans ces deux mondes parallèles qui peuvent faire une collision à tout moment.  Pour cause, j'ai Tania. Le verbe "avoir" doit s'employer ainsi quand on parle de sa petite amie ? Je ne sais pas le dire autrement à part " j'ai Tania" . Passer près de quatre mois à rêver de la même personne, de se trouver étrange parce qu'on ressent de l'attirance pour ce genre de filles , de se dire qu'on est peut-être allé trop vite et touver en même temps qu'on a une certaine lenteur me perturbe plus qu'autre chose.

Tania ne le dis peut-être pas souvent, ne s'exprime pas sur ce qu'elle ressent; mais son regard ne trompe pas : je la trouble...plusqu'elle ne me trouble.  Elle se demande peut-être pourquoi elle et pas une autre ; et quand je dis pas une autre , je parle de la norme où je suis casé, où elle me case.  On a pas l'habitude de voir un mannequin au bras de ce genre de femmes.  Mais quelle genre de femme est Tania, tout compte fait ? Si je la traite de grosse, ce serait mentir parce qu'elle n'a rien de tel.  Elle a de la chair en plus , c'est vrai.  Mais son corps est trop bien proportionné pour ça.  Une poitrine assez grande, un ventre en chair qui en bas, dessine ses hanches larges et des fesses...seigneur, ses fesses sont charnus comme je n'en avais jamais vu.  Du moins, pas chez une femme de son âge.

Deux semaines que nous sommes ensemble et tout se passe pour le mieux...deux semaines de détente après le premier semestre, donc deux semaines sans que quiconque ne soit au courant, pas même Jason que je considère comme un frère. De mon côté, je suis toujours le même Malik qui passe son temps à exceller dans tous les domaines, passant des cours au sport et de l'architecture au mannequinat.  Mère est fière de moi et me le fait savoir, père aussi mais ne me le montre que très rarement.  De son côté, elle l'a sûrement dit à Alma, une de ses amis proches mais je pense qu'à part elle , personne d'autre. 

Mais qui a besoin de savoir ? Ne dit-on pas  "vie discrète, vie parfaite" ?

Je n'ai jamais eu de mal à afficher mes conquêtes.  Elles aimes ça,elles en profitent.  Alors pourquoi ai-je du mal à m'imaginer aux côtés de Tania ce lundi ? Moi et elle, mains dans la main; passant la quasi-totalité de notre temps ensemble ?  Personnellement, ça ne me dérange pas tant qu'on le fait en privé.  Mais en public, je me fait mal à cette idée. 

La vraie question est "Pourquoi" ?, "Pourquoi ça me gênerait ?" au point d'avoir honte ?

Je ne me comprends plus. 

Frustré de ne pas avoir des réponses simples à mes questions débiles, je décide enfin de mettre un mettre un panier, le ballon entre parfaitement sans se heurter au parois de ce dernier.  Je lâche un soupir digne de mon humeur et prend la direction de la cuisine. Quand j'y entre, une odeur succulente m'acceuil en caressant mes narines.  Je prends un des petits gâteaux posé sur le plateau non sans me brûler les doigts. 

- Bien fait pour toi , dit-elle en entrant dans la pièce. 

Je fronce les sourcils comme un enfant, la mine boudeuse. 

- C'est pas bien de se réjouir du malheur des gens

- Tu l'as mérité , petit gourmand, fait Rose en prenant le plateau avec mon gâteau. Tu sais bien que ta mère n'aime pas quand tu te goinfre trop .

Je roule des yeux, déjà fatigué du discours qu'elle va commencer.

- Je suis dans ma période de régime, je sais, dis-je aussitôt quand elle ouvre la bouche . Mais tu fais ça juste devant moi, comment veux-tu que je réagisse ?