5] Talia

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Je suis dans la voiture. Ma sœur est à côté de moi.

Ni ma mère au volant, ni elle ne m'a dit où nous allions.

Mais je le sais bien.

Ça devait finir par arriver.

Je sais que nous allons quelque part me faire une thérapie.

Psychologue, cabinet, je ne sais pas.

Mais je n'en ai pas envie.

Ma mère se gare. Elles sortent.

Je me détache lentement.

Une fois sortie je les suis, elles se dirigent vers un haut bâtiment blanc m'inspirant plus de pensées noires que de pensées claires.

Nous rentrons.

Je m'assoies sur un siège et pose ma tête dans mes mains.

Comme si reparler de ce qui s'était passé me fera du bien !

Ils sont cons.

Ils sont tous cons.

Tous des connards.

Des connards ignorants, vivant dans leur monde plein de paillettes illusoires.

Des connards sans cœurs.

Mais moi, ais-je encore un cœur ?

Ils me l'ont détruit, non...? Comme tout le reste de mon corps.

Je ne sais pas.

Malgré les jours qui ont passé je suis encore perdue.

Blessée.

Détruite.

Et contrairement à Paul, ce n'est pas de vulgaires amitiés qui vont me reconstruire.

Paul ...

Pour la première fois, je m'autorise à penser à lui.

Je ne sais pas comment je le vois.

Un frère ? Un ami ?

Quelqu'un qui veut m'aider oui, mais à quel prix ?

Je ne lui fait pas confiance. Son histoire d'enfance, qui me dit que c'est vrai ?!

Bien sûr que c'était vrai.

J'ai lu de la sincérité dans ses yeux.

Mais il aurait pu dire ça pour m'amadouer puis me violer !

Les hommes sont tous pareils après tout, non ?

Peut-être pas...

Il semble différent après tout.

- Mademoiselle Souyan ? C'est à vous.

- Je suis sa mère, dois je rentrer au début ou pas ?

- Vous m'avez déjà expliqué la situation au téléphone. Je la prendrais seule pour le moment.

- Pas de soucis. Talia avance. C'est à toi.

Je ne suis pas bête. J'avais bien compris.

Je me lève, pleine d'ambition. Je sais quoi faire. Je ne veux pas me ressasser tout ça, j'ai juste besoin d'être seule.

Seule ou avec P...

Non seule.

J'entre dans le bureau et m'assoie sur la chaise.

- Bonjour mademoiselle. Je suis le docteur Garnier, mais vous pouvez m'appeler Anabelle. Je suis là uniquement pour vous aider. Vous pouvez me dire tout ce que vous avez sur le cœur.

Je lève les yeux. Pas vers elle mais vers le bureau. Des feuilles, des dossiers et... Des stylos.

J'en empoigne un vivement et me lève.

- Qu'est-ce que... commence Anabelle.

- Okay je vous explique. Je ne veux pas être ici. Ça ne me fera pas du bien, je le sais.

Je sens des larmes commencer à couler sur mes joues. J'essaie de les ravaler... Sans succès.

- Mademoiselle, je suis là pour ...

Je reprends :

- Vous n'êtes pas là pour m'aider. Vous êtes là pour finir votre mois donc...

Elle se lève.

- Mademoiselle je ...

- TA GUEULE ! Rassieds toi !

Elle se rassoie qu'à moitié, mais je continue.

- Je peux me tuer avec ce stylo. Je peux me l'enfoncer dans ma gorge, et même si par miracle les urgences arrivent à me sauver, tu serais accusée de choses... Bref, tu vivras un enfer. Alors tu n'as pas le choix. Tu vas dire à mes parents que je n'ai pas besoin de psychologue, tu t'y prends comme tu veux. Ou je ne sais pas mais je vais quitter ce cabinet et ne jamais y revenir. Compris ?

Elle hoche fébrilement la tête tandis que je sors de la salle, enfonçant la main tenant le stylo dans ma poche.

Noir [[TERMINÉE]]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant