Noir [[TERMINÉE]]

11] Talia

- AHHHHH ! 

Mon hurlement résonne dans la voiture.

- Courage, chérie !

- Accélère... je le supplie en pleurant.

- Je ne peux pas, Talia, je suis au maximum je te le jure !

Je crie de douleur.

- Talia, amour, tiens bon, nous y sommes presque.

Je touche mon ventre rond d'une main, tandis que l'autre est fermement agrippée sur la poignée fixée sur le côté du toit.

Paul me jette un rapide regard, tout sourire.

Il tient son volant d'une main, et de l'autre caresse mon ventre rond.

- On va être parents, Talia... s'extasie t-il.

Je réprime un cri de douleur.

Mais malgré ces contractions, tout est magnifique.

Malgré ces douleurs physiques, je suis heureuse.

Tout est trop beau pour être vrai, mais ça l'est.

Paul, moi, notre futur enfant...

Je baisse les yeux vers mon ventre.

Ce bébé dont on ne connait pas le sexe, par choix.

Je lève la tête.

Nous arrivons à l'hôpital.

Mais soudain, un camion débarque de nulle part, d'une vitesse inexpliquable.

- Putainnn ! s'exclame Paul d'une voix remplie de terreur.

Tout va trop vite : nous faisons fait un virage soudain pour l'éviter, nous percutons une autre voiture, le camion nous rentre dedans...

Mon corps tourne ... je me sens m'enfoncer dans un trou noir...

Bip. Bip. Bip.

J'ai le cerveau tout embrumé.

J'essaie d'ouvrir mes yeux, ceux-ci sont tout collés.

Mes paupières s'ouvrent enfin, lentement.

La lumière me brûle les rétines, mais je garde les yeux ouverts pour autant.

Je me souviens de tout.

Je me redresse difficilement.

Une infirmière accourt vers moi.

- Essayez de rester allongée madame...

Je ne l'écoute pas, submergée par la panique.

- Où est Paul ? Où est il ?! Comment va t-il ?!!

Un médecin s'approche de moi.

- Votre compagnon est encore dans le coma...Mais Madame nous... 

Il se gratte la gorge, avant de reprendre :

- Nous avons une mauvaise nouvelle.

Je prie intérieurement. Mon Paul... Il est fort. Il va s'en sortir.

Mes pensées ne sont pas claires, je suis encore sous le choc.

-  Madame... Vous avez... Comment dire...

Il se frotte nerveusement la tête.

- Vous avez perdu votre bébé dans l'accident.

Une seconde.

Deux.

Trois.

Il m'en a fallu quatre pour réaliser.

Je pleure en touchant désespérément mon ventre.

- Non.... Non !

Le corps médical se regardent entre eux, confus et gênés. Certains essaient me consoler, mais je n'en veut pas ! C'est de leur faute ils... Ils auraient dû...

Mes pensées sont troubles.

Je pleure à chaudes larmes, mais celles-ci ne réchauffent pas mon cœur pour autant.

***

Cela fait dix jours que je suis au chevet de Paul. Après avoir perdu mon enfant, il est tout ce qu'il me reste. Il a toujours été tout ce que j'avais.

Une infirmière arrive.

- Madame vous devriez aller vous reposer. Ne vous inquiétez pas nous sommes là pour...

- Non. Je reste.

- Madame nous...

- N'insistez pas.

Elle regarde la machine de mon amant. Celui-ci est branché à une respiration artificielle.

Elle repart.

Quelques heures passent.

Je sens ma tête tomber mais je résiste.

Je dors tout de même un peu la nuit, mais toujours à son chevet.

Soudain la machine émet des "bip" angoissants, plus rapides qu'à l'accoutumée.

Des médecins arrivent affolés dans la pièce, un brouhaha sans nom se forme autour de moi.

Puis d'un coup, plus rien.

Plus de "bip", plus de brouhaha.

Le silence.

Un médecin se tourne lentement vers moi, mais je sais ce qu'il va me dire.

Je fonds en larmes.

- Nous sommes vraiment désolés...

- Paul... je sanglote.

Ce n'est pas possible.

Ça ne peux pas se terminer comme ça.

Non !

On m'amène dehors.

J'ai tout perdu.

Peu à peu, le groupe de médecins et d'infirmiers se dissipent, me laissant seule.

Je sèche mes larmes, bien que celles-ci ne demandent qu'à couler.

Mon Paul est mort.

Je serre entre mes doigts le pendentif accroché à mon cou.

Tout ce qui me reste de mon homme.

Ma tristesse se transforme en colère.

Je me vengerais.

Un jour, je me vengerais de la vie, qui m'en a tant fait subir...