3. Mansard Roof - Vampire Weekend

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Ce que Rose s'était abstenue de dire en épluchant les trois emplois du temps, c'était qu'elle devrait également partager un cours seule avec Scorpius. Elle avait bien espéré qu'il abandonnerait l'option après les BUSES, mais visiblement, il estimait que cela lui serait utile au Ministère.

Lorsqu'elle l'avait vu assis dans la salle de classe du professeur Didwell en troisième année, elle avait cru à une erreur. Dans quelle dimension était-elle tombée pour que le fils Malefoy désire étudier les us et coutumes des moldus ? Qu'est-ce qui avait foiré pour qu'il se retrouve là ? À l'époque, elle lui avait jeté un regard noir avant de lui tourner résolument le dos pour aller s'asseoir au premier rang. Sans Albus comme médiateur, rien ne les obligeait à se fréquenter. Et c'est pourquoi elle fut surprise lorsque Scorpius posa d'autorité son sac sur la table à côté de la sienne. Elle épia le moindre de ses mouvements tandis qu'il sortait plume, parchemin et grimoire avant qu'il ne se laisse tomber sur sa chaise. Il porta enfin sur attention sur elle, qui le toisait toujours, les sourcils haussés et le regard peu amène.

    - Quel soulagement de voir que j'aurai aussi droit à un tête-à-tête avec toi tout au long de l'année !

Il porta la main à sa poitrine avec tout le drame d'un piètre acteur, puis sa bouche dessina un sourire angélique et dégoulinant de provocation. Elle eut envie de lui arracher les yeux.

    - Tu te crois malin ?

    - Construis un mur avec tes bouquins, lui suggéra-t-il sérieusement en désignant du menton l'espace entre eux.

Le professeur coupa toute possibilité de répliquer en faisant son entrée et une moue satisfaite anima les traits fins de Scorpius. Rose bouillonna intérieurement, mais s'efforça de se concentrer.

    - ...l'année dernière, nous avons parlé d'Internet et nous commencions tout juste à nous intéresser aux réseaux sociaux avant les vacances d'été. Allez, avant qu'on poursuive, un résumé rapide. Éblouissez-moi.

Neil Didwell, appuyé contre son bureau, écarta les mains pour les inviter à prendre la parole. Son style mêlait la modernité de la mode moldue et celle, plus austère, des sorciers. Trentenaire, bel homme avec sa barbe de trois jours, sa mâchoire carrée et ses cheveux bruns, il était vêtu d'une cape de sorcier par-dessus un pantalon droit, un veston et une chemise. Ses lobes d'oreilles arboraient des écarteurs suffisamment petits pour ne pas se faire évanouir d'indignation les plus guindés. Rose savait que des paris tournaient dans l'école pour déterminer si oui ou non il avait des tatouages, de quel type et où ils étaient situés. Depuis le départ en retraite du professeur Chourave, il était également le directeur de la maison Poufsouffle. Hugo ne tarissait pas d'éloges à son sujet.

    - Les réseaux sociaux sont des espaces de partage. Les moldus y créent des profils pour diffuser des informations, des photos, des vidéos... définit Aaron.

    - Mmh mmh, approuva le professeur, encourageant.

    - Les premiers servaient à créer de l'échange, garder le contact ou faire des rencontres entre personnes qui avaient les mêmes centres d'intérêt. C'était très communautaire. Ça l'est toujours, mais maintenant il y en a de toute sorte, avec différentes finalités. Les entreprises s'en sont emparés et c'est devenu un vrai outil de communication et une arme redoutable en matière de marketing. C'est politique, économique... enchaîna Scorpius.

Rose apprenait encore à ne plus s'étonner des interventions précises et pertinentes de ce dernier. Le professeur hocha la tête, appréciateur.

    - Exactement. On va reprendre à partir de là. À quel point les réseaux sociaux influencent-ils les moldus ? Quelle est la part d'ombre ?

L'enfer est pavé de pommesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant