𝙅𝙤𝙪𝙧 𝙓

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— Catherine ! Réveille-toi !

La vie ne tient qu'à un fil.

— S'il te plaît... S'il te plaît !

Je m'appelle Catherine Miller, j'ai 16 ans.

— Appelez une ambulance ! Vite !

Je suis élève au lycée Elizabeth II de Londres, en Angleterre .

— Catherine !

J'ai eu 14 de moyenne cette année...

— Tiens bon !

Je n'ai pas d'amis.

— Ne nous laisse pas...

J'entends des voix lointaines, comme jetée dans un puits sans fond, je sombre dans l'obscurité abyssale de la mort.

Je sens des mains me secouer, des voix me supplier, des regards scrutant mon visage... Arrêtez de me regarder !

Je les sens me juger, de loin, je suis faible, je suis lâche.

— Mon bébé ! sanglote la voix de ma mère.

Tu es faible, tu es lâche.

Je lutte contre moi-même pour garder les yeux clos, je ne veux pas me lever, je ne veux pas me réveiller, plus maintenant. Je me sens soulevée par quelqu'un, à travers mes paupières, j'imagine la scène, et je vois même le néon du gyrophare de l'ambulance...

— Restez avec nous mademoiselle !

Les hurlements de la sirène me tordent les oreilles, je respire encore. Tout devient soudainement flou, puis une lumière céleste s'en va dans un faisceau lumineux que je distingue au bout d'un tunnel noir.

Alors c'est ça, la fameuse lumière au bout du tunnel ?

Mon corps devient soudainement plus léger, je me sens transportée par une vague de peur et de secousses, mais je suis tellement bien ici...

J'halète et respire une dernière fois, quelque chose s'appuie sur ma poitrine, Un massage cardiaque, vous essayez de réanimer mon cœur fendu ?

Une bouffée d'air pénètre mes narines, elle est froide, glaciale.

J'ai mal.

Je sens mon cœur tambouriner au rythme de l'électrocardioscope. Un rythme irrégulier, ponctué par ma voix étranglée qui suffoque, et par des cris d'appels à mon nom, vociférés par des personnes que j'ai sûrement connu dans mon ancienne vie.

Je respire contre ma volonté, mon cœur se brise en miettes, mon âme se défait de ma peau qui la retient par des filaments infects et douloureux. Je hurle en silence, mon âme me scrute et se détache enfin de mon corps pour s'échapper au loin. Tout s'arrête, mon cœur ne tambourine plus, la machine s'est arrêtée. Un hurlement déchire le calme paisible de la nuit.

Je n'ai plus mal.

Je m'appelle Catherine, Catherine Miller.

La nuit du 3 Juin 2017, je suis morte.

𝐏𝐎𝐈𝐍𝐓 𝐕𝐈𝐑𝐆𝐔𝐋𝐄 [ 𝙴𝙽 𝙲𝙾𝚄𝚁𝚂 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant