L'évasion

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Je me tournais et retournais dans mes draps, incapable de trouver le sommeil. Il n'était pas si tard, mais après ce qui s'était passé, je n'avais qu'une seule envie : sombrer dans un sommeil profond, comme si cela pourrait m'effacer, me faire disparaître, ne plus exister.

Et pourtant, malgré cette fatigue qui me tirait les yeux, elle hantait chaque pensée. Pourquoi l'avais-je embrassée ? Quel idiot j'avais été. "Je suis un imbécile, voilà tout." Mais il y avait ce sentiment, que je n'avais jamais ressenti auparavant... Un vide d'abord, puis cette douleur sourde au fond du cœur.

Mon cœur battait plus fort à chaque pensée d'elle. À chaque souvenir. Elle était là, puis elle n'était plus là, et tout devenait soudainement terne, étrange. Cette solitude, cette absence me rongeait. Mais quand elle était là, tout semblait plus simple, plus vivant. "Je ne peux pas vivre sans elle."

J'avais besoin de la voir, de savoir si elle allait bien, si elle pensait encore à moi. Mais comment lui dire tout ça ? Comment lui dire que je l'aimais, sans vraiment savoir ce que c'était ? Je me levai brusquement, comme poussé par une force invisible. Mes mains tremblaient quand je jetai quelques provisions dans mon sac à dos. Puis je pris un morceau de papier et griffonnai un message pour ma mère, sans vraiment réfléchir à ce que je faisais, à ce que je laissais derrière moi.

"Maman,

Je m'en vais, je ne sais pas combien de temps. Ne cherche pas à me retrouver, cela ne servirait à rien. Saches que je sais ce que je fais. Je suis en colère, mais ce départ n'a rien à voir avec ce qui s'est passé entre nous. Prends soin de toi.

Je t'embrasse,

Eliott."

Je laissai le mot sur la table, et avant de pouvoir en réfléchir davantage, je quittai la maison. Ma destination était floue. Il fallait que je la trouve.

Après quelques minutes de marche, j'atteignis la vieille bâtisse où elle vivait. Cette maison avec sa façade décrépite, mais pleine de mystères. "Je suis vraiment un idiot." Je n'avais aucune idée de ce que je faisais, mais il fallait que je la voie.

Je me rappelais que sa chambre donnait sur l'arrière de la maison, où une petite fenêtre était à peine visible. La maison n'était pas très haute, alors je n'eus pas de mal à atteindre le bon endroit.

Je frappai contre les carreaux, d'abord avec hésitation, puis de plus en plus fort, comme si chaque coup me rapprochait d'elle, de ce moment que j'avais retardé trop longtemps. Après ce qui me parut une éternité, elle finit par apparaître. Elle me regarda sans surprise, comme si ma présence était une évidence. Pas un mot, pas une question. Elle m'aida à entrer sans protester et ferma la fenêtre avec douceur.

Je me précipitai, presque sans souffle, vers la raison de ma visite :

-"Je suis venu te chercher."

Elle éclata de rire, un rire léger mais fatigué, comme si elle en avait vu bien d'autres dans sa vie. Mais au fond, je voyais bien que son regard restait inquiet. 

-"En pleine nuit ? Et tu comptes nous emmener où, exactement ?"

Je baissai les yeux, gêné, mais il n'y avait plus de retour en arrière. C'était une décision irrévocable. Je devais la convaincre.

-"Je ne sais pas, mais je ne pouvais pas rester là sans rien faire."

Elle fronça les sourcils, son regard se durcissant, mais je pouvais aussi lire dans ses yeux une lueur de tristesse. Comme si, au fond d'elle, elle savait que cette nuit allait changer quelque chose.

La Révolte Des Flammes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant