Eliott ! Eliott ! hurla ma mère en ouvrant brutalement les rideaux de ma chambre.
Je m'enroulai dans ma couette, tel un saucisson, maudissant la lumière du matin.
— Maman, ferme ces rideaux, tu veux me brûler la rétine ?
Elle s'approcha de mon lit et répondit, un ton un peu plus ferme :
— Lève-toi ! Tu ne vas tout de même pas passer ta vie au lit.
À quoi bon se lever ? Dehors, c'est le néant. Chaque matin, je me dis qu'il n'y a aucune raison d'ouvrir les yeux.
Parfois, j'aimerais simplement rester endormi pour toujours.
À contrecœur, je m'extirpai du lit. Lorsque je voulus sortir de la chambre, elle me lança, comme si elle venait juste d'y penser :
— D'ailleurs, où étais-tu cette nuit ?
Je répondis machinalement, sans réfléchir :
— Prendre un peu l'air. J'étouffe ici, ma chambre est trop petite.
C'est vrai. Il n'y a même pas assez de place pour mon lit, quelques affaires éparpillées un peu partout, et encore moins de place pour un bureau. Cette pièce, je la connais par cœur, je l'ai occupée depuis mes 3 ans. Quand j'étais petit, c'était un coin de paradis, mais aujourd'hui, elle est trop exiguë. Trop d'ombres et pas assez de lumière.
Mais à quoi bon se plaindre ? Nous n'avons jamais eu assez d'argent pour déménager depuis la mort de mon père.
Ma mère a beaucoup maigri ces derniers temps. Ses cheveux, jadis d'un châtain éclatant, comme les miens, sont maintenant courts et ternes, et son regard est vide de l'étincelle qu'il avait autrefois.
Elle n'est plus la même femme qu'avant. La faim y est pour beaucoup, mais la disparition de mon père en est tout autant responsable.
Je m'engouffrai dans la cuisine, cherchant désespérément quelque chose à manger. Ma mère me répondit, les yeux fatigués :
— Ce matin, il n'y a pas grand-chose... des pommes ou du pain.
Je pris une pomme. Elle ouvrit le frigo et soupira :
— Nous devrons nous contenter d'une boîte de petits pois à midi.
Je me dirigeai vers le salon, prêt à m'effondrer sur le canapé, comme à mon habitude, quand je vis le spectacle qui m'attendait : des bouteilles et canettes de bière gisaient sur le canapé, sur la table basse, et même sur le tapis, qui, jadis, avait été si joli.
Fou de rage, j'appelai ma mère. Elle arriva en courant pour voir ce qui me mettait dans cet état.
Je pris une canette sur le canapé, la lui montrant avec dégoût.
Elle ouvrit grand les yeux, semblant surprise.
— Mais Eliott, chéri, ce n'est rien...
Je jetai la canette au sol avec un cri de frustration :
— Bien sûr, c'est rien ! répondis-je sur un ton mordant. Tout va bien, n'est-ce pas ?
Sans attendre sa réponse, je quittai la maison, tel un orage furieux.
Ma mère tenta de me rattraper, mais je courus pour lui échapper, le cœur lourd de colère et de déception.
Je m'en voulais pour elle, pour nous. Elle se faisait du mal, mais moi aussi, je me faisais du mal à la laisser m'abîmer ainsi.
Je pris refuge au skatepark, mon petit coin de solitude, là où je pouvais oublier, ne serait-ce qu'un instant, ce monde pourri qui nous entourait.
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La Révolte Des Flammes
Ficção AdolescenteDans un monde dévasté par la guerre entre les Rebellatis et les Sapientes, Eliott mène une vie tranquille, loin du chaos. Jusqu'au jour où il croise le chemin d'une inconnue et décide de l'aider. Un simple geste de bonté qui va bouleverser sa vie et...