5. Une surprenante rencontre.

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- Léonie?! Je suis rentrée! Viens ici tout de suite, j'ai deux mots à te dire!!

En entendant le trousseau de clés tinter pendant que ma mère fermait la porte je fus parcouru d'un frisson d'appréhension.
Je descendis la moitié des escaliers sur la pointe des pieds avant de pouvoir apercevoir ma mère dans l'embrasure de la cuisine.
Elle déposait son téléphone sur la table à manger.

- Maman? L'appelais je.

Elle se retourna pour me parler mais elle s'arrêtera net, stupéfaite.

- ...

- Oui?

- Léonie bon sang!!! C'est quoi cette idée que tu as eu? Regarde toi!!

- ...

Elle bouillonnait de colère, mais je ne me doutait pas de ce qui allait suivre.

- Léonie, arrête! Tu me déçois énormément!
Tu as séché les cours toute la journée et maintenant tu te retrouves avec une coupe absolument affreuse!! Tu te rends compte de tes bêtises?!

- ...

- Pourquoi n'es-tu pas allée en cours?! Gronda t'elle??

- Je ne me sentais pas bien, j'avais mal à la tête. Mentis je.

- Bien. Préviens moi la prochaine fois!

- Oui...

Elle me dévisagea de la tête aux pieds, fixa longuement mes cheveux, repris son souffle et dit:

- Tes cheveux...

- j'aime bien!

- Là n'est pas la question! Tu ressembles à un garçon Léonie!! Fais des efforts, toutes les filles de ton âge s'habillent avec des jeans moulants et des jupes! Toi tu es toujours en jogging, les cheveux attachés ou en pagaille!!
Voilà pourquoi tu n'as qu'une seule amie, tu n'es absolument pas avenante et les garçons veulent sortir avec des filles qui prennent soin d'elles!!!

Mortifiée par ce qu'elle venait de dire, je lui fis comprendre qu'elle était allée trop loin.
J'étais bien assez grande pour savoir ce que je faisais.

- Je fais ce que je veux!!! J'en ai marre que tu me dictes ce que je dois faire, j'ai 16 ans bordel!!!
Je n'ai absolument pas besoin d'un copain pour être heureuse, je me suffis à moi seule!!!
Mon apparence me convient!
Papa et toi m'interdisez d'aller aux fêtes, pas étonnant que je n'ai pas d'autres amis qu'Anita!!!
Sur ce, tu m'excuseras criais je, la bousculant.

J'ai ouvert la porte et je l'ai claquée si fort que je l'ai sentie trembler.

...................

Mon cœur battait la chamade, mes jambes tremblaient et mes yeux étaient remplis de larmes qui brouillaient ma vue. J'eus pourtant assez de courage pour marcher jusqu'au parc non loin de là.

J'étais partie sans manteau ni bonnet et j'avais terriblement froid.
J'avais juste un pull et des chaussures montantes que je n'avais pas retirées en revenant du supermarché.
Malgré tout, je ne voulais absolument pas rentrer chez-moi, il était 19 heures 30 et Anita devait être occupée alors j'ai poussé le petit portillon à l'aide de mes deux mains rougies par le froid pour entrer dans le parc.
Il était désert,
en même temps qui viendrait ici un soir d'hiver?
Les balançoires grinçaient au rythme du vent et le sol était trempé.
J'ai manqué de glisser plusieurs fois avant de réussir à atteindre le petit banc situé sous le grand arbre dénué de feuilles.

Après plusieurs minutes à apprécier le silence, les mots de ma mère me revinrent en tête.

On dirait un garçon...

On dirait un garçon...

On dirait un...

- Bonsoir.

Un jeune homme s'assit à côté de moi, je lui donnais 18 ans pas plus.
Il faisait noir mais je pouvais distinguer ses jolis yeux verts et ses lèvres fines grâce à la lumière des lampadaires.
Il souriait légèrement les yeux pleins d'inquiétude.

- Que fais tu ici à une heure pareille?

- J'avais besoin de prendre l'air...

- ...

- Je me suis disputée avec ma mère expliquais je en claquant des dents.

- Tu as froid?? Quelle idée as tu eu, tu aurais dû mieux t'habiller.

- ... 
Je ne sais pas pourquoi mais ce soir on ne me fait que des reproches tremblais je.

- Ce n'est pas un reproche, je m'inquiète, tu vas attraper froid et être malade.

J'ai ris:

- Mais on ne se connaît même pas!! Comment peux-tu t'inquiéter pour moi?

- Il faut toujours aider les jolies princesses rit-il à son tour.
Je ne souhaitent pas qu'elles tombent malades.

- Peut-être, mais malheureusement pour toi, je ne suis pas une princesse.

Après cela, un long silence s'est installé.
C'était un silence agréable qui bizarrement, réchauffait l'atmosphère.
Il fût interrompu par la sonnerie de mon téléphone.

- C'est mon père, il doit être rentré du travail et ma mère lui a sûrement expliqué la scène que j'ai piquée.

Il m'a fait signe de répondre et j'ai entendu mon père à l'autre bout du fil.

- Léonie où es-tu? Je m'inquiète.

- Au parc papa, je rentre tout de suite.

- D'accord, fais bien attention et ne parle à personne. Si il y a quoi que ce soit appelle moi. Reviens vite.

Bip.

Le garçon assis à côté de moi a proposé de me raccompagner, chose à laquelle je n'ai pu refuser.
Nous avons traversé quelques pâtés de maison avant d'arriver devant chez moi.

- Voilà, nous sommes arrivés.

- Bien, content de...

- Léonie, je m'appelle Léonie l'interrompis je sans aucune raison apparente.

- Content de t'avoir rencontré Léonie dit-il avec un sourire enjôleur. À bientôt peut-être.

Quand il fut parti, je me suis avancée, sourire aux lèvres jusqu'au palier de ma maison.
J'ai soufflé un bon coup après m'être retournée une dernière fois pour voir s'il était bien rentré chez lui.

Puis j'ai ouvert la porte avant d'entrer à l'intérieur...

.Léon|ie|.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant