Chapitre 3 | Cappuccino et averse d'été

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- Tu es décidément loin d'être une fille comme les autres, s'exclama-t-il en s'asseyant en face d'elle.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? s'étonna la jeune fille.

Jules ne répondit pas, trop occupé à contempler son visage aux traits fins.

- M'as-tu suivi ? Est-ce une coïncidence si tu m'as trouvée ici ? Ou alors tu as l'habitude de venir ici toi aussi ? demanda Jane.

- J'avais l'habitude de venir ici avec mon père, quand j'étais petit. Mais si je t'ai trouvée c'est simplement parce que j'ai compris le sens de ton mot.

Elle esquissa un sourire devant sa réponse et recommença à siroter son cappuccino.

- T'aimes les cappuccinos ? questionna-t-elle ensuite.

- Non pas vraiment.

- Aah ! Enfin quelque chose qui nous oppose ! T'aimes les fraises et le saumon ?

Jane s'étonnait elle-même. Jamais elle n'avait été à l'aise à ce point avec un inconnu. Le feeling passait tout seul et elle n'avait pas peur de lui poser des questions idiotes.

- Mmh. Je préfère nettement les pommes et le poulet, répondit-il.

- Ton auteur préféré ?

- J'hésite entre Jane Austin et Shakespeare.

- Ton roman préféré ?

- Orgueil et Préjugés.

- Ton chanteur préféré ?

- Jacques Brel ou Shawn Mendes. J'adore aussi les Beatles.

- Ta chanson préférée ?

- Aucune idée même si j'avoue que Perfectly Wrong me fait quelque chose.

Jules répondait du tac au tac. Tout le venait naturellement. Il se sentait bien avec cette fille qu'il connaissait à peine mais avec qui il avait l'impression d'avoir fait les quatre cents coups.

Elle lui parla de la mer. Et de son désir d'aller la voir.

Un serveur aux cheveux bleus arriva quelques secondes plus tard pour régler le cappuccino de Jane. Une fois parti, elle inscrivit quelques mots sur le ticket de caisse avant de se lever et de disparaître au coin de la rue.

" Marcher au bord de l'eau est une autre de mes activités préférées. Surtout lorsqu'il pleut. J'espère qu'on se reverra, Jules. "

Toujours cette petite vague à la fin du mot.

Décidément, cette fille ne finirait donc pas de l'étonner. Il était sur qu'elle parlait de la Seine. Quel autre endroit sinon ? Certainement pas la mer.
Lui aussi adorait se promener sur les rives de la Seine. Il décida donc de prendre la direction de la Seine avant de s'arrêter brusquement. Elle avait mentionné le fait qu'elle adorait marcher au bord de l'eau quand il pleuvait. Or il ne pleuvait pas. Il n'y avait donc aucune chance qu'elle s'y trouve. Déçu, Jules commença à se diriger vers chez lui.

Une, deux, trois gouttes lui dégringolèrent soudain sur le visage. Son cœur fit un bon dans sa poitrine.
Alors que tous les parisiens et les touristes regagnaient leurs logements en râlant, Jules s'élança à travers Paris en riant à gorge déployée. Il allait revoir Jane. Elle lui avait terriblement manquée alors que ça ne faisait qu'une petite heure qu'ils s'étaient quittés.

Il la trouva marchant au bord de la seine en chantant. Ses cheveux d'un blond doré, trempés à cause de la pluie retombaient en cascade sur son visage. Elle était magnifique.

Elle se tourna vers lui et lui offrit un merveilleux sourire. Le plus éclatant et le plus beau que Jules avait eu l'occasion de voir. Il aurait pu chasser la pluie tellement il était rayonnant.

- C'est étrange de dire ça à un inconnu, dit-elle.

- Quoi donc ?

- J'ai l'impression de te connaître depuis des années alors qu'on ne se connaît que depuis hier.

- C'est la même chose pour moi.

- Crois-tu qu'on pourrait être amis ?

- Evidemment.

- Contente d'être ton amie, Jules.

Et elle lui planta un baiser au coin des lèvres avant de se remettre à chanter. Jules la rejoignit peu de temps après, et tous deux passèrent le reste de l'après-midi à se casser la voix sous la pluie.

" Et si on allait voir la mer ? " Où les histoires vivent. Découvrez maintenant