Chapitre 4 | Larmes salées

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" L'activité que j'aime le moins mais que je suis obligée de pratiquer c'est la chimio. En plus là-bas, les murs sont moches. J'espère qu'on se reverra, Jules."

Toujours cette petite vague.

Il ne cessait de relire le mot qu'elle lui avait glissé juste avant de partir. Il était assis sur un banc, trempé jusqu'aux os et ses larmes se mélangeaient à la pluie. Les gens penseront peut être qu'il réagit dramatiquement, qu'il ne connaissait pas cette fille. Pourtant il avait l'impression de la connaître mieux qu'il ne se connaissait lui même. Cette fille faisait maintenant partie de sa vie et partie de lui même.

- Pourquoi ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? J'aurai évité de te revoir, de m'attacher à toi, se répétait-il en boucle.

Il lui en voulait d'être malade. Il était persuadé qu'elle allait le quitter. Comme l'avait fait son père. Et ça lui était insupportable.

Il relut une dernière fois le morceau de papier maintenant abîmé par la pluie avant de se lever et de rentrer chez lui. Il n'adressa la parole a personne de toute la soirée et ne prit même pas la peine de venir manger.

                                      ***

Au dos du mot donné par Jane était inscrit un petit 10. Jules se rendit donc le lendemain à dix heures précises à l'hôpital. Le cœur battant, il pénétra dans son pire cauchemar. L'odeur lui donna la nausée, lui rappela l'enfer qu'avaient été les derniers mois de la vie de son père. Pourtant, il prit son courage à deux mains et rejoignit Jane. Mais elle n'était pas dans la salle de chimio. Peut être avait-il mal compris le 10 inscrit au dos du mot. Il s'informa tout de même à l'accueil et apprit que Jane était entrée à l'hôpital la nuit dernière. Paniqué, il courut jusqu'à la chambre de la jeune fille.

Il la trouva allongée dans un lit aux draps blancs. Elle lui sourit de toutes ses dents mais son sourire paraissait plus fade et moins heureux que celui de la veille.
Jules s'approcha lentement sans un mot. Il restèrent ainsi, à se contempler encore et encore. Il n'avait pas la force de lui demander ce qu'elle avait. Il n'avait pas la force de lui en vouloir. Il n'avait pas la force d'ouvrir la bouche pour prononcer quelques mots réconfortants. Il voulait simplement être la, auprès d'elle.

Il y avait bien longtemps qu'ils n'avaient plus besoin de mots pour communiquer. Depuis leur toute première rencontre en réalité. Tout se jouait dans leur regard. Ils se transmettaient mille émotions et mille sentiments. Ils n'étaient plus de simples inconnus, ni de simples amis. Ils étaient bien plus que ça. Ils le savaient au fond d'eux mais avaient tous deux peur que ce ne soit pas réciproque. Alors ils s'aimaient au travers du regard de l'autre.

Une larme roula le long de la joue de Jane.

- Je suis désolée.

- Tu n'as rien fait et pourtant tu t'excuses.

- Tu m'oublieras, quand je serai morte, n'est-ce pas ?

- Jamais je ne t'oublierai. Jamais. Tu as marqué ma vie.

Jane lui tendit son petit doigt. Jules enroula le sien autour.

- Promis ?

-Promis.

" Et si on allait voir la mer ? " Où les histoires vivent. Découvrez maintenant