Coeur d'Argent ( Sterek SF Fanfiction ) [ FR ]

Boulversement

     Je remontais les escaliers de ma prison pour la première fois depuis quatre ans. Le Capitaine Boyd était en tête de file, et Derek fermait la marche. Les murs tremblaient autour de nous et plus nous foncions vers la surface et plus l'odeur de feu et le son des bombes devenaient forts. J'étais inquiet, j'avais peur de me confronter à nouveau au monde le sachant dans cet état misérable. 
     La porte de sortie était devant nous. Alors que le Capitaine la tracta vers lui, une explosion l'arracha de ses gonds et nous projeta tous dans les marches, retombant sous le coup du choc. Derek m'aida à me relever, me tenant contre son armature qui elle avait tenu face à la puissante secousse. Il attrapa le col du jeune Capitaine pour le remettre sur ses pieds et nous sortir de ce tunnel sombre dans lequel nous risquions de finir nos jours si personne ne se décidait à bouger.
     Les couloirs étaient en feu et les quelques soldats encore debout et défendant notre fort étaient couverts de sang et de brûlures. Nous venions d'arriver en enfer. Il ne fallait pas s'attarder, c'est pourquoi le Capitaine nous fît emprunter les chemins de secours qui eux n'étaient pas encore trop touchés. Il y avait des effondrements, la structure n'allait pas rester debout encore longtemps. Le fort était perdu. Nous devions fuir le plus vite possible.
     Le Général Hale nous attendait dans la salle des machines, prêt à lancer l'ordre de décoller. Tout vrillait autour de nous et nous avions terriblement peur d'emprunter les derniers mètres nous séparant de la structure métallique ailée qui permettrait notre escapade. Les bombes continuaient de tomber et le ciel que je revoyais pour la première fois depuis si longtemps était teinté de rouge et d'orange, reflétant les flammes qui avaient engloutis le fort derrière nous. 
     Une bombe tomba près de nous, nous couchant au sol et brûlant une partie de notre corps. Et cette fois-ci, impossible de me relever. Ma jambe droite ne pouvait plus bouger et des sifflements aigus dans les oreilles me faisaient tendre vers le sommeil qui m'appelait.
     Nous attrapant chacun sur une épaule avec le Capitaine, Derek se mit à courir autant qu'il put pour rejoindre l'ouverture dans le véhicule. La porte se referma derrière nous et le Général ordonna la fuite immédiate, n'attendant plus que d'autres nous rejoignent et les condamnant à une fin tragique. L'engin décolla, évitant les derniers assauts de justesse, nous éloignant rapidement de la base qui nous avait servi de maison durant des années. Les mains contre les vitres et mon corps encore retenu dans les bas de mon androïde, je regardai à travers le hublot les ruines de notre vie s'effondrer sur elles mêmes, souhaitant un dernier adieu à mon cher laboratoire. Je me retournai vers Derek qui fixait le même point que moi, probablement moins concerné par la situation que nous tous. Ce que j'aurais aimé être un robot moi aussi à ce moment là.
     Nous savions sans nous parler ce que tout le monde pensait à bord de la structure. Nous avions été trop lents et par la faute de notre paresse et de notre incompétence beaucoup de morts avaient été à déplorer ce soir. Le deuil faisait légion dans l'appareil. Un sentiment d'impuissance se dégageait de chaque survivant présent dans la cabine. Et à ma grande surprise, même le Général Hale d'habitude froid et sans compassion s'était vêtu d'une expression de tristesse. Tout le monde avait été touché. 
     De longues, très longues minutes passèrent. Le silence était Roi. Nous étions tous entrain de regretter nos morts. Je n'aimais pas ces gens, ni leur cause, ni même ce en quoi ils croyaient. Mais les humains méritaient bien mieux qu'un tel sort pour moi, quels qu'ils soient. Je m'adonnai donc moi aussi à la prière, joignant les mains en récitant les chants religieux auxquels je n'avais pourtant jamais cru. L'important était le geste. Nous étions tous pareils finalement. Petits face à la mort. Seul Derek n'était pas concerné. Ni le deuil ni la mort ne lui étaient fardeau. C'est pourtant lui, et lui seul, qui posa sa main sur mon épaule pour me soutenir. Il ne comprenait pas, mais il savait.