Flashback

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     - Stiles, pendant que tu es debout, sors me chercher un sceau d'eau dans le puits.
     - Franchement papa, j'allais juste me couper un bout de pain. Et maintenant tu m'envoies à l'autre bout de la plaine?
     - Maintenant que tu es levé, fais ce que je te dis. Allez au boulot fiston.

     Dans un râle agacé, je pris le bout de pain présent sur la table en bois de la cuisine et allai enfiler mes bottes pour couvrir les membres métalliques qui me servaient de pieds. Je sentais son regard amusé sur moi, il profitait toujours de ce genre d'instants pour exploiter son fils.
     Mais que pouvais-je dire, j'étais un jeune homme fringuant de seize ans alors que lui commençait à s'user du dur labeur qu'il avait à subir chaque jour. Notre modeste ferme appartenait à lui et ma mère avant qu'elle ne décède de la grippe quand j'étais plus petit, et pendant longtemps mon père a été contraint de la faire marcher seul. Après la perte de mes jambes, il ne s'était pas arrêté de travailler et devait même prendre sur lui toute la charge qui m'était en temps normal destinée. En quelques années il avait prit nombre de rides sur son visage fatigué et ses yeux autrefois bleu comme le ciels s'étaient délavés pour devenir plus gris et ternes. Alors aujourd'hui je ne cherchais pas à lui tenir tête lorsqu'il me demandait d'effectuer un travail pour lui.
     Je me levai du perron et sortis de notre maison de pierre et de bois, jetant un dernier regard à la façade avant de m'engager sur le sentier, ramassant un sceau près du petit banc bordant l'allée.

     L'air était frais ici, nous vivions dans une vallée au creux des montagnes dans un coin tranquille où ne venait jamais personne. Les chèvres domestiques nous fournissaient le lait. J'adorais le jour de la traite, elles me tenaient bonne compagnie et rendaient toujours le travail moins pénible. Je m'étais même permis de leur donner un petit nom à toutes. Le marché du village au pied de la montagne, environ à deux heures de marche, était notre source de nourriture principale et nous nous y rendions une fois par semaine. C'était l'occasion d'échanger avec d'autres personnes et de s'informer des dernières nouvelles en ville. Le sujet revenant sans arrêt était celui de la guerre qui se rapprochait de plus en plus de nos contrées, nous poussant toujours plus à nous isoler loin dans les montagnes pour y échapper. Notre monde avait beaucoup avancé technologiquement mais ici nous préférions nous contenter du plus simple car les machines avaient été l'origine de nombreux maux de la société. Nous préférions donc nous en passer tant que possible. 
     Longeant le chemin de terre, je fixai mes bottes qui le foulaient, me disant que la sensation des cailloux pointus piquant la plante de mes pieds me manquait beaucoup. Je ne connaissais plus la sensation des orteils remuant dans l'herbe ou de la première sensation de l'eau froide lorsqu'on y entrait. Profiter de mon petit coin paisible n'était plus pareil sans mes véritables jambes et le passage des années ne calmait pas cette impression. Mais au moins maintenant je pouvais facilement tenir de longues distances et éviter de faire subir à mon père les longs kilomètres de marche que je pouvais maintenant parcourir sans peine.

     Arrivé au niveau du puits, j'attachai le sceau au crochet et descendis la chaîne jusqu'au fond. Je me penchai légèrement pour m'assurer que le récipient était bien immergé, apercevant mon visage dans le reflet de l'eau. Je souris, me disant que j'avais quand même l'air de quelqu'un de bien bête au premier abord. Je portais en permanence sur le visage un air ahuri, et cette dent qui n'avait jamais poussé sans qu'il n'y ait jamais eu d'explication à ça. 
     Je ris, me redressant légèrement pour commencer à tirer la chaîne et remonter le sceau. Mais quelque chose attira mon attention, me faisant stopper mon mouvement. Je n'en étais pas sûr, mais au loin semblaient se distinguer quatre silhouettes provenant de l'arrière de la vallée. C'est en apercevant une camionnette derrière elles que je réalisai qu'il s'agissait bel et bien d'hommes arrivant sur notre maison. Je fronçai les sourcils, tout ça n'avait rien d'habituel. Je m'avançai vers eux, abandonnant mon sceau au puits.

     - Eh ! Vous n'avez rien à faire par ici rebroussez chemin !

     Le groupe s'arrêta, me désignant d'un air intéressé. Puis tout à coup ils fondirent sur moi, me faisant perdre mes moyens en m'étranglant de peur. Mon premier réflexe fût de me mettre à courir vers la montagne, me sentant subitement en grand danger. Je ne savais pas pourquoi ces hommes étaient ici mais je n'avais pas envie de le découvrir.
     Je connaissais par cœur la montagne et il n'allait pas être trop difficile pour moi de les y semer. Mes jambes mécaniques s'activèrent davantage pour étendre la distance qui nous séparait avec mes poursuivants. Mais alors que l'espoir de m'en sortir gagnait ma poitrine, une balle de revolver transperça mon épaule de part et d'autre, me faisant tomber au sol en hurlant de douleur.
     Je roulai sur le dos, tenant ma plaie avec panique, regardant impuissant le sang s'échapper de là, pressant sur l'ouverture pour essayer de diminuer l'hémorragie. En quelques secondes, les types m'avaient encerclé et sans tenir compte de ma blessure, l'un d'eux me releva par le bras.

     - AAAH !! Aïe ! Vous me faites mal !
     - Bonjour jeune homme. Tu dois êtres Stiles.
     - Vous êtes bien impoli de me demander mon nom après m'avoir tiré dans l'épaule.. Vous êtes qui d'abord..
     - Je suis le Général Peter Hale. Et voici mon Capitaine, Boyd. Nous sommes venus ici pour toi Stiles. Ou plutôt pour tes jambes.
     Je serrai les dents, les menaçant du regard. J'étais sans défenses face à eux, mais je leur faisais bien comprendre que je les détestais déjà.
     - Prenez-les si vous voulez.. J'en referai d'autres..
     - Attends, tu veux dire que c'est toi qui les as faites?
     - Non, ce sont mes chèvres. Très intelligentes ces bêtes là vous savez.
     N'appréciant pas ma pointe de sarcasme, le Général fît un signe de tête au Capitaine qui me frappa d'un grand coup de poing dans l'estomac, me faisant retomber à quatre pattes en vomissant le pauvre morceau de pain qui m'avait servit de repas. Hale s'accroupit face à moi, me regardant de haut alors que je tentais de reprendre mon souffle, tremblant.
     - Tu es l'ingénieur de tes jambes. Ce qui veut dire que le plan de te les arracher et de partir avec n'est plus en vigueur. Nous n'allons pas avoir à les étudier finalement, c'est toi qui va faire le travail pour nous.
     - Quoi !?
     - On l'emmène messieurs.

     Ils m'attrapèrent pour ne ps me laisser filer, m'attachant avec de la corde pour me bloquer les membres. Inutile de me débattre, les quatre hommes me tenaient entre leurs griffes. Ils me traînèrent contre ma volonté jusqu'au puits, ne me laissant aucun autre choix que de les suivre. C'est alors que la panique me gagna. Ma maison était en feu. Le paillis du toit était dévoré par les flammes et la fumée s'échappait des fenêtres. L'enfer avait envahi mon paradis.

     - PAPA !!

          Mais je n'eu aucune chance d'aller lui porter secours. Alors que je tirais sur mes liens en essayant de m'échapper, je fus sans douceur tiré à la camionnette et balancé dans une caisse qui me plongea subitement dans le noir complet.

     - Papa !! Papa !! Papa !!
     - Eh Stiles ! Stiles ! Eh ! Shhht.. Calmez-vous..
     - Laissez-moi aller le sortir d'ici je vous en supplie ! Mon père va mourir ! 
     - Stiles tout va bien vous êtes avec moi.. Calmez-vous..
     Je rouvris les yeux, réalisant que j'étais dans les bras de Derek. Il me tenait tendrement contre lui, me berçant de droite à gauche en me frottant le dos. Mes larmes piquaient toujours mes joues et c'est d'un geste grossier que je vins les essuyer. Sans réfléchir, je me blottis davantage contre la structure froide pourtant chaleureuse de mon androïde, me calmant en reprenant mes esprits. Je venais de faire un cauchemar et je ne me trouvais pas dans une caisse mais bien dans le lit de ma cellule dans le nouveau fort de guerre où j'étais retenu prisonnier.
     - Derek.. 
     - Tout va bien maintenant Stiles. Vous n'avez plus besoin d'avoir peur. Je suis là avec vous.
     - S'il te plais Derek.. Ne m'abandonne jamais..
     - Jamais Stiles. Jamais.

Coeur d'Argent ( Sterek SF Fanfiction ) [ FR ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant