Chapitre 31

883 57 2
                                    

AJA

Les vibrations incessantes de mon téléphone me tirent difficilement de mon sommeil

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Les vibrations incessantes de mon téléphone me tirent difficilement de mon sommeil. Normal, le dernier appel que j'ai reçu m'a tellement perturbé qu'il m'a gardé éveillée jusque vers quatre heures du matin où j'ai enfin réussi à trouver le sommeil. Merci Hugo. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est mais mon corps m'indique qu'il n'a pas eu le temps de sommeil dont il avait besoin pour se reposer comme il faut. Après plusieurs tentatives échouées, je réussis enfin à décoller mes paupières en face de l'objet vibrant. L'écran de ce dernier affiche « Maman ». Putain. Il est huit heures trois. Putain. Je décroche sans pouvoir formuler le moindre son.

_ 'Tu t'es calmée depuis hier ?' demande-t-elle à l'autre bout du fil. Sa voix est froide et monocorde.

Je garde le silence et referme les yeux de fatigue.

'J'ai laissé passer vingt-quatre heures pour qu'on ait toutes les deux le temps de digérer l'échange de la veille et de se calmer afin d'avoir une discussion mature et sensée une bonne fois pour toutes. Alors je répète ma question : t'es-tu calmée ?'

Oh non ! Ce n'est vraiment pas le moment maman. Je n'ai ni l'envie, ni l'énergie.

_ 'Je...Je suis...fatiguée' Balbutie-je encore à moitié endormie. Je ne suis même pas sûre de parler correctement français.

Je l'entends soupirer. Elle n'a pas dû comprendre que ma fatigue est littéralement physique car je l'entends marmonner 'moi aussi'. Reprenant une grande inspiration, elle souffle et continue.

_ 'Ok. Alors, je veux que tu m'écoutes, et que tu m'écoutes attentivement.'

J'appréhende la suite.

'Je ne suis pas ton père. Je ne suis pas ta copine. Je ne suis pas ton animal de compagnie. Je suis ta mère. Que tu m'en veuilles ou non. Que tu le veuilles ou non. Que tu aies lu mon journal intime ou non. Que tu aies l'impression de me connaitre ou non. Aucune de ces raisons ne m'empêche d'être ta mère. Ce n'est pas une lubie de ma part ni le fruit d'une réflexion subjective. C'est un fait.'

Je suis entièrement réveillée maintenant et toute ouïe. Curieuse de savoir où elle veut en venir, je la laisse poursuivre sans l'interrompre.

'Et je ne vais pas m'excuser pour mes choix de vie. Ma propre mère était une femme au foyer qui s'était battue pour que ses enfants aient une vie meilleure, avait mis sa vie de côté pour apporter du bonheur à tout le monde, enfants et mari compris sauf à elle-même...jusqu'à son suicide.'

Elle fait une pause pour souffler. Elle déteste parler de sa mère.

'Alors à mon tour je me suis battue pour avoir la vie que je mène actuellement et dont je te fais profiter. Je me bats toujours. Et je suis fière de mon travail. Je suis fière de sauver des vies. C'est mon dessein de vie. Je le croyais quand j'étais adolescente. Puis quand j'ai dû enterrer ma mère. Et je le crois toujours maintenant. Alors non ! Je refuse de m'excuser pour ça. En tant que femme, il m'a fallu beaucoup de temps et de sacrifices pour en arriver où je suis. Tu as fait partie de ces sacrifices. Je te l'accorde. Et, j'ai fait ce que je pouvais pour me rattraper. Que cela ne te suffise pas. Soit. J'avais tout de même la décence d'être à l'écoute les rares fois où j'étais présente. Et j'essaie toujours de l'être même si ce n'est pas chose facile pour moi.

Les Clichés du PlayerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant