Chapitre 5: Sportive de haut niveau

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Mardi 24 novembre:

Non! Il n'a pas le droit! Il ne peut pas redébarquer comme ça dans nos vies à l'improviste et tout foutre en l'air! Pourquoi est-ce que le proviseur a décidé de le mettre dans notre classe?! C'est pas comme s'il y en avait que deux ou trois, non il y en a une dizaine! La mienne... il a fallu que ça tombe sur ma classe et je ne peux rien y faire. Je suis quand même soulagée qu'il  ne soit pas dans la classe d'Alison. Rien que d'imaginer cette possibilité j'en ai des frissons. C'est un ancien détenu; il a tout de même fait un an de prison ferme, merde à la fin! Je déteste cette sensation de ne rien pouvoir contrôler, ça me rend folle!

Je ne peux pas détourner mon regard du sien. Ses yeux d'un bleu turquoise tel que je n'en ai jamais vu auparavant me mettent au défi de ne pas baisser le regard. Des larmes commencent à perler aux coins de mes yeux verts en pensant à ce qu'il peut faire. A Alison d'abord mais aussi à Ina, à moi et aux autre filles. La partie de volley à recommencé depuis quelques minutes déjà mais je n'arrive pas à me concentrer, je suis totalement absente, comme si une bulle m'enveloppait et m'entraînait là-haut dans le ciel avant de franchir l'espace... J'entends des bruits... Des bruits de sifflet, des hourras, des ballons qui rebondissent, le vent qui siffle lorsque le ballon est renvoyé en face... Et puis plus rien. Je n'entends plus rien. Quelques secondes s'écoulent avant que je ressente une vive douleur au niveau de mon front et que je m'aperçoivent que je suis allongée par terre. Je comprends vite qu'on m'a envoyé un ballon alors que j'étais perdue dans mes pensées ainsi que dans les yeux de mon nouveau camarade de classe, et qu'au lieu de réceptionner le ballon de volley, je me le suis pris en pleine figure, tombant alors à la renverse. Ma vue est brouillée et floue mais c'est bien le cadet de mes soucis aujourd'hui. Je commence à entendre des bruits de pas, de l'agitement au dessus de moi se fait sentir et enfin, je perçois la grosse voix de Madame Avyel. Mes yeux daignent enfin s'ouvrir  et j'aperçois la classe, rassemblée en cercle autour de moi et notre professeure en train de se frayer un passage parmi tout ces élèves. Elle m'aide à me relever sans aucune délicatesse et fait signe à un élève de m'accompagner à l'infirmerie. Je comprends trop tard que cet élève n'est autre que Jayson et je dis (ou plutôt murmure) à Madame Avyel d'une voix hésitante et apeurée:

_Non c'est bon Madame, je vais bien. Je vous assure que je n'ai pas besoin d'aller à l'infirmerie!

Mais comme à son habitude, elle ne relève pas mes propos et m'ignore complètement.

Les pensées m'assaillent, mes jambes flageoles et je retombe au sol, complètement paniquée et paralysée. Qu'ai-je pu faire pour mériter ça? Étais-je une personne horrible dans une autre vie et c'est maintenant qu'on me le fait payer? Je n'en ai aucune idée mais cela me déplaît fortement. Un long frisson se fait ressentir tout au long de mon corps quand de larges mains couleur caramel se posent sur moi pour me soulever. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je me retrouve dans les bras de mon plus grand démon; Jayson. Dès que la porte du gymnase se referme après nous, je commence à me débattre. Il ressert son emprise sur moi tandis que je continue à le repousser mais rien n'y fait, il reste impassible. N'en pouvant plus, je lui hurle dessus:

_Mais merde à la fin! Repose moi!

Surpris par mes paroles soudaines, ses yeux s'ouvrent tels des balles de ping-pong. Reprenant ses esprits en un quart de seconde, il me regarde d'un air hautin -chose que je déteste- puis me laisse tomber sans aucun tact, comme un vulgaire sac à pommes de terre. La chute est rude, je me suis mal réceptionnée -ne m'attendant pas à ça du tout- et je me suis faite mal au dos mais je n'en montre rien, voulant lui enlever son regard supérieur de sa figure. Il me regarde avec dédain avant de partir vers la sortie du lycée comme si de rien n'était. 

_Et ne t'avises plus de me toucher! Jamais!, je lui crie après pour avoir le dernier mot.

Il ne prend même pas le temps de se retourner et lève simplement son majeur vers moi jusqu'à ce qu'il disparaisse complètement de mon champ de vue, s'enfonçant dans les profondeurs de la ville.

Des étoiles dans les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant