Chapitre 3: Un début de semaine mouvementé

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Lundi 23 novembre: 

Driiiiing.. Boum!! Je pense que je peux devenir basketteuse professionnelle: Un oreiller, un tir, un panier! C'est qu'il fait moins le malin ce stupide réveil avec un oreiller dans la face, hein!Ça lui apprendra à faire son job correctement et à me réveiller à 6h47 (pas 6h45 ou 6h50, non! 6h47) pour me conduire en enfer.  Pfft, j'ai vraiment la flemme d'aller en cours... Je pense qu'on pourrait me nommer "la plus grande flemmarde de l'univers". C'est tout aussi bien que leur concours à la noix de "Miss France" et compagnie. 

Objectif du jour: tuer la personne qui a dit que le lycée c'est génial, qu'on est libre et qu'on peut dire adieu à la nourriture infecte du collège! Cette phrase ne regorge en elle  que des mensonges, tout est totalement faux! Primo, le lycée est tout aussi nul que le collège; secundo, on est encore moins libre qu'au collège avec la tonne de devoirs que nous donnent les professeurs (je ne sais pas ce qu'on leur a fait pour qu'ils aiment autant nous faire souffrir); et tertio, la nourriture est encore moins bonne qu'au collège! Je croyais qu'on ne pouvait pas trouver pire mais si! C'est bien pour ça que je me suis mise à emporter mon déjeuner au lycée.

Je me lève enfin de mon lit, les pieds ballants et les jambes lourdes. Je me rince le visage à l'eau froide dans la salle de bain pour me réveiller. Mes cernes traduisent mon manque de sommeil et mes cheveux roux bouclés sont comme toujours, très emmêlés. J'ai l'air d'avoir fait la teuf toute la nuit. En réalité, je suis restée en appel téléphonique avec Alison assez tardivement dans la soirée. Le retour de Jayson l'a perturbée mais à mes yeux, c'était juste une énorme coïncidence de le croiser. C'était la dernière fois que le voyons, j'en suis persuadée.  Je me dirige vers mon armoire et j'attrape une petite robe blanche ornées de fleurs rouges, un collant noir ainsi qu'une veste en jean. Une fois douchée et habillée, je m'occupe de ma crinière. Aujourd'hui je décide de lisser mes cheveux et d'en faire un chignon. Pour finir, je me passe un petit peu d'anti-cernes et d'eye-liner. Fin prête, je prend mon sac et une pomme avant de me diriger vers mon arrêt de bus. 

J'ai 5 petites minutes d'avance et je ne peux rien faire d'autre qu'attendre seule car personne ne prend le bus au même arrêt que moi. Je glande sur mon téléphone, allant de Youtube à Instagram en passant par Pinterest. Je commence sérieusement à m'ennuyer et je commence à ressentir la fraîcheur de ce mois de novembre quand la chair de poule pointe le bout de son nez. Je regarde l'heure et je me rends compte que le bus a déjà vingt minutes de retard; ce qui est anormal. Je décide de patienter tout en essayant de me convaincre qu'il n'y a aucune raison de m'inquiéter et que mon bus va bientôt arriver. Malheureusement, comme si ça ne suffisait pas, la pluie se met à tomber, d'abord doucement en farinant, puis de plus en plus jusqu'à ce qu'il pleuve des cordes. Je me mets à courir vers chez moi, ne voyant toujours pas de bus arriver. J'accélère mon pas tandis qu'il continue de pleuvoir en esquivant les passants et les voitures puis j'arrive enfin en bas de mon immeuble. Pressée, je cherche vite mes clés dans mon sac  puis, ne les trouvant pas, je le vide carrément sur l'allée salle et trempée avant de me rendre à l'évidence. J'ai oublié mes clés dans l'appartement ce matin. Je commence réellement à en avoir marre; la journée ne peux pas plus mal débuter. Je n'ai d'autres choix que de me rendre au lycée à pieds. Si je pars maintenant et que je marche vite, je peux entrer au lycée pour la première heure de cours, mais en ayant un gros retard. Je ne me prend pas la tête plus longtemps et  fais demi-tour en direction de mon établissement scolaire. Je suis entièrement trempée, ma robe se colle à ma peau et je meurs de froid. Je continue de marcher tout en prenant soin d'éviter les flaques d'eau qui deviennent de plus en plus importante à mesure que le temps s'écoule. Le ciel se fait gris, le vent menace de se déchaîner et les nuages gris n'ont pas l'intention de partir. Je continue d'avancer, mes bottes en cuir sont remplies d'eau et mes lèvres gercées quand une moto s'arrête à côté de moi. Une voix grave et rauque m'interpelle en disant: 

_Veux-tu que je te dépose?, me propose le conducteur tout en relevant son visage sans casque vers moi. Je remonte mes yeux vers lui et son regard croise le mien. Je pousse un cri, horrifiée et affolée. Jayson se tient devant moi. Ni une, ni deux, je prend mes jambes à mon cou et je m'enfuis en courant. Je suis fatiguée mais l'adrénaline me pousse à courir sans me retourner, toujours plus loin. Je n'en reviens pas, j'ai l'impression d'être dans un rêve, ce n'est pas possible autrement. Mais le bruit d'une moto -de sa moto- me sors de mes pensées tandis qu'elle me dépasse en crachotant et en m'éclaboussant de la tête au pieds. Je suis sûre qu'il l'a fait exprès. Maintenant qu'il n'est plus là, je m'arrête, apeurée et aux bouts de mes forces. Je me réfugie sous un arbre, sur le côté de la route et je m'affale lourdement. Je sais que je suis en train de salir ma robe de boue mais je suis trop exténuée pour penser à cela. Je me prends la tête entre mes mains et quand je ne peux plus retenir mes larmes, je commence à sangloter. J'ai eu tellement peur... Me retrouver là, devant un ex-taulard... 

Je ne sais pas combien de temps je suis restée assise contre cet arbre. Mes sanglots m'ont bercée et je me suis endormie sans m'en être rendue compte, comblant mes heures de sommeil manquantes. Le soleil me caresse la peau et me réchauffe avant de me réveiller. Il ne pleut plus et le soleil est à présent haut dans le ciel. Je m'étire puis cherche mon téléphone pour savoir l'heure qu'il est. Quand je vois que la première heure de cours et déjà terminée, je me lève d'un bond et, tout en me dirigeant vers le lycée, j'appelle Alison. Je ne peux pas rentrer dans le lycée affublée d'une telle tenue. Je suis sale, trempée et pleine de boue, mon chignon n'est plus qu'un tas de cheveux trempés et parsemés de feuilles, mes yeux rouges d'avoir trop pleuré, de l'eye-liner a coulé sur mes joues tandis ma robe est plaquée contre mon corps et transparente. Mon amie répond dès la première sonnerie:

_Allô Alex, où étais-tu?, me demande t-elle paniquée.

_Je te raconterai tout ça au lycée, Ali. Je t'en prie, peux tu venir devant le collège avec des habits s'il te plaît? J'arrive bientôt.

Elle n'hésite pas une seconde et fait ce que je lui demande.

***

Quand j'arrive devant le lycée un quart d'heure plus tard, j'aperçois Alison et cours à sa rencontre. Elle me prend dans ses bras malgré mon état et me conduit vers les toilettes. Par chance, le cours suivant à déjà commencé donc aucun élève ne me voit telle que je suis aujourd'hui. Nous entrons dans les toilettes des filles qui, heureusement, sont vides. Nous nous enfermons dans la première cabine venue et Alison me passe un sac de vêtements.

_Tu as de la chance, me dit-elle, j'avais apporté des habits de rechange pour me changer après mon cours de sport. De toute façon, le cours de sport est déjà entamé et je ne compte pas te laisser là. 

_Merci beaucoup Ali, tu me sauves la vie, je la remercie, tout en sortant du sac qu'elle m'a donnée, un legging noir et un débardeur bleu.

_Vas-tu enfin me dire ce qu'il s'est passé ? , me demande t-elle, une lueur d'inquiétude traversant son regard. 

Je n'ai pas envie de l'inquiéter avec cette mésaventure mais je sais qu'Alison ne lâchera pas le morceau avant de connaître toute l'histoire. Donc je prend une grande inspiration et je lui raconte tout dans les moindres détails alors qu'elle m'écoute attentivement. Le bus qui ne vient pas, la pluie, mes clés oubliées, Jayson ,mon arrêt aux côtés d'un arbre et enfin la fatigue qui a pris le dessus. Après lui avoir tout raconté, j'ouvre mes yeux et me tourne vers elle. Son visage parsemé de petites tâches de rousseurs, me faisant penser à de petits éclats d'étoiles traduit un sentiment de désolation, d'incompréhension et de désarroi. 

_Je suis tellement désolée Alex, me dit-elle calmement en me prenant la main. Tu as bien fait de ne pas monter derrière lui sur sa moto, je ne sais pas ce que j'aurai fait s'il s'en était pris à toi...

_Ne t'inquiète pas, je vais bien et ce qu'il m'est arrivé n'est en aucun cas ta faute, lui-dis pour tenter de la rassurer tout autant que moi.

_A partir de ce jour, Rafaël et moi viendrons te récupérer pour t'emmener au lycée tous les jours, me déclare t-elle d'une voix ferme ne laissant aucune place à la négociation.

Nous restons assises dans la cabine des toilettes jusqu'à la pause méridienne, n'ayant toute les deux aucune envie de retourner en cours, préférant parler, rire et prendre des photos.



Des étoiles dans les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant