Chapitre 10

1 0 0
                                    

« Pour être honnête, j'ai toujours voulu avoir une peinture de moi, mais je n'ai jamais trouvé de peintre assez talentueux pour bien reprendre mes traits. » Déclara Nino tandis que Nathanael sortait ses clés, déverrouillant la porte avant de l'ouvrir avant de laisser Nino entrer.

« Tu sais, le meilleur moyen de trouver un artiste qui correspond à tes attentes, c'est de le devenir toi-même. » Répondit-il, allumant la lumière tout en refermant la porte derrière lui. Lorsqu'il enleva ses chaussures pour les poser près de ses manteaux, Nino s'empressa de faire de même, profitant de ce déplacement pour observer de plus près cette toile blanche, presque aussi grande que la fenêtre, et sur laquelle apparaissaient un paysage ainsi qu'une silhouette masculine, très légèrement dessinés au crayon.

« C'est beau, ce que tu viens de dire. » Dit-il en retournant s'asseoir sur le lit. « Peut-être apprendrais-je la peinture un jour, quand j'aurai le temps, la motivation, l'argent et le talent. » Ajouta-t-il, fier de voir sa réflexion provoquer un léger sourire chez le garçon qui sortait son matériel. Lorsqu'il réfléchit à la pose qu'il pourrait bien prendre pour avoir l'air beau sans trop d'efforts, le jeune garçon se troubla, se remuant dans tous les sens dans l'espoir de trouver une solution satisfaisante.

« Détends-toi, on n'est pas à un shooting photo. Ton portrait ne sera pas affiché sur la première page d'un magazine tu sais ? » Remarqua Nathanael en riant, ouvrant ses tubes de peinture un à un avant de sortir sa palette.

« Une palette ? Comme les clichés des peintres dans les films ! Est-ce que tu vas aussi sortir un chevalet ? »

« Je pense que beaucoup de peintre ont une palette. Et je ne vais pas sortir mon chevalet, puisque je le laisse toujours dans une petite salle à l'université. » Riposta Nathanael, qui ouvrit un de ses nombreux tiroirs pour en sortir une toile da la taille d'une feuille A4. Après avoir retourné la chaise de son bureau pour s'assoir en face de Nino, Nathanael observa avec attention le visage de celui qu'il ne connaissait que depuis moins d'une heure.

« Ça ne te fait pas bizarre d'avoir suivi un inconnu jusqu'à chez lui ? » Demanda Nathanael tout en commençant, avec un crayon clair, à reporter sur la toile les contours du visage de son modèle. Quand il avait vu le profil de Nino, dissimulé par les ombres de la nuit, un émoi artistique s'était emparé de Nathanael. Maintenant, en pouvant contempler ses traits sous la lumière de la lampe accrochée au plafond, le jeune homme se retrouvait dans un état mélangeant l'admiration et la frustration. S'il avait présenté le portrait de Nino plutôt que celui de cette vieille femme lors de l'examen final, il aurait attisé la curiosité de sa professeure, il en était certain.

« Et toi ? N'as-tu pas eu peur en invitant un inconnu chez toi ? Ce n'est pas parce que nous sommes dans un environnement que je ne connais pas que je ne pourrais pas me montrer agressif. » Répondit Nino, tentant de rester concentrer pour ne pas bouger malgré la mèche de cheveux qui lui démangeait l'oreille droite. Remarquant la gêne du garçon, Nathanael déposa son pinceau pour repositionner ce petit amas de cheveux derrière le lobe de Nino, qui l'en remercia dans un chuchotement presqu'imperceptible.

« Pour être honnête, tu n'as pas l'air très costaud. » Déclara Nat qui, ayant bientôt terminé le visage, décida de passer quelque temps sur les cheveux bouclés du garçon.

« Je vais faire comme si je n'avais rien entendu. »

Durant la quinzaine de minutes qui suivirent cet échange, aucun d'eux n'émit de son. Nathanael, trop occupé à reproduire correctement les détails de la tête de Nino, n'avait tout simplement pas réalisé la présence de ce silence. Nino, lui, malgré l'obligation de ne pas trop bouger, profitait de cet instant pour observer la chambre de ce peintre, qui semblait avoir fait de sa passion sa vie entière.

La couleur des regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant