J'ai froid. Ma peau est sèche. Un vent gelé frappe mon visage. J'ouvre soudainement les yeux : au-dessus de moi, tout est bleu vif et clair. Trop clair : je ne vois plus rien, des taches sombres apparaissent devant mes yeux. Pourtant, je l'ai reconnu : c'est le ciel. Il ne ressemble à rien d'imaginable.
Sous moi, c'est dur. Étrange sensation. Le reste de mon corps est dans de l'eau, mais celle-ci est peu profonde.
Je tousse. L'air envahit trop vite mes poumons. Normalement, nous prenons l'air respiration par respiration, mais là tout est violent. Je ferme ma bouche. Me calme. Une respiration. Une deuxième.Tout va bien.
Je regarde autour de moi. Je suis dans un petit bassin creusé dans le sable, et l'eau m'arrive à la taille quand je me redresse. La mer n'est pas loin : les vagues lèchent la plage, à quelques mètres de moi.
- Tues réveillé ?
Je me retourne. Derrière moi se trouve une jeune humaine de mon âge. Ses cheveux sont noirs et tressés sur le côté, sa peau est sombre - surtout par rapport à la mienne translucide - et ses yeux sont étranges, couleur de la mer. Elle est vêtue d'un haut rouge coupé aux épaules en fibres que je n'ai jamais vues et d'un vêtement évasé blanc pour le bas, lui aussi fait dans une étrange matière.
J'ai déjà vu des humains en dessin, mais jamais en réalité. Ils ont les mains non palmées, les doigts cours et boudinés, une peau sans reflets. Leurs cheveux sont sec et rugueux et ils n'ont pas d'écailles dans le cou. Leur dos est lisse et sans nageoire, et leurs jambes sont tout à fait étonnantes : elles sont courtes, solides et rondes comme leurs bras et se terminent par ce qu'ils appellent pieds, des mains aux doigts collés et minuscules, formant un angle droit avec la jambe. C'est laid, si vous voulez mon avis.
Elle avance vers moi, avec une démarche droite et saccadée.
- Salut !Tu me comprends ?
- Oui.
Elle a un très fort accent. Elle appuie sur les lettres, les martèle et les sépare. En plus, elle parle vite, ce qui ne rend pas la compréhension si simple que ça.
- C'estvrai ? C'est génial ! Tu es quoi au fait ? Enfin sice n'est pas trop indiscret !
- Un Atlante ! je réponds, un peu de mépris dans la voix.Tu n'apprends donc rien à l'école ?
- Ahsi, m'en parle pas ! Entre le théorème de Pythagore, lesconjonctions de coordinations et la Grèce Antique, ça n'arrêtepas ! Mais rien sur les Atlantes. C'est pas un vieux conte pourenfant ?
- Unconte... pour enfants ? M'offusque-je. Nous sommes le grandpeuple de l'Océan !
- Alorsc'est vrai ? Tu vis sous l'eau ? Trop cool ! Racontemoi tout ! Vous mangez quoi ? Vous respirez comment ?
- Ehbien... Oui, je vis sous l'eau, réponds-je en ignorant le mot « cool » queje ne comprends pas. Nous mangeons des algues, mais aussi despoissons pêchés par les Requins et... Attends, tu n'aurais pas vuun autre Atlante avec moi ?
- Absolument pas. Tu coulais, alors j't'ai repêché, mais t'étais seul. Voustuez les requins et leurs volez leur nourriture ?
- Oamhn'était pas là ? Mais où est-il ? J'espère qu'il ne s'est pas perdu...
- Explique-moipour les requins ! Pourquoi vous ne chassez pas vous-même ?
- Biensûr que si, nous chassons nous-même ! Les Requins s'enoccupent, ce sont des personnes - nos chasseurs justement !
- Heinok ! C'est le nom que vous leur donnez ! C'est marrant. Vous donnez d'autres noms de poissons, comme ça, aux gens ?
- Ehbien, il y a les Truites, qui nous préparent les repas ; lesPoissons-lions, qui nous soignent; les Poulpes ; qui recherchent denouvelles technologies ; les Baleines, qui s'occupent des enfants,donc de nous, les Dauphins, mais aussi des Bélugas et desNarvals... Il faut que je retrouve Oamh !
- C'estquoi la différence entre les Dauphins, les Bélugas et lesNarvals ?
- Tum'énerve, à la fin ! Il faut absolument que je retrouve Oamh,et tu m'emmêle les idées avec tes questions !
- C'estvrai... Désolée ! Je peux t'aider, je connais la région !Je peux te montrer où je t'ai trouvé !
- Bon... D'accord, accepte-je à contrecœur, n'ayant aucune envie de mepayer une insupportable humaine trop curieuse.
Elle va vers l'eau, enlève son haut et son bas et se retrouve en sous-vêtements, puis se tourne vers moi.
- C'estvrai, tu ne peux pas marcher ! Attends, j'vais t'aider.
Elle me soulève et me traîne jusqu'à l'eau, où je m'échappe de son emprise, honteux d'avoir été traité comme un stupide sac de poissons.
- Au fait, je m'appelle Aellai, dit-elle en souriant avant de plonger la tête sous l'eau.
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Nouvelle - Jour Eclipse
Короткий рассказEt si un peuple se cachait dans les fonds marins ? Et si une ville se dissimulait dans les profondeurs de la mer ? Et si tous les quatre ans une rencontre se produisait entre eux et des humains ? ~ Les Guides partent bientôt ! S'il te plait, j'aimer...