- Alors ?
- Alors il y est bien.
- Youhouuu ! On est trop badasses ! Good job, cher Atlante ! Au fait tu t'appelles comment ? Demande-t-elle, totalement excitée.
- Ao, je réponds, à présent amusé par son énergie mais ne comprenant toujours pas son langage. Je... peux rester avec toi aujourd'hui ? Les Guides ne repartent que ce soir, et je ne peux pas rester avec Oamh sinon je vais me faire repérer et...
- Évidemment ! Me coupe-t-elle. Un jour, c'est déjà trop peu pour te présenter le monde humain. Je vais te montrer le village, et toi tu me raconteras ta vie, puis on ira à la plage et on observera les poissons, et...
J'éclate de rire, et elle me suit. Notre programme va être chargé !
On retourne sur la plage où elle m'a ramené après m'avoir sauvé. Aellai part vers les terres, m'affirmant qu'elle va revenir avec une surprise.
Allongé contre le sable, de l'eau jusque sous les yeux, je regarde le ciel bleu. La lumière continue à m'éblouir, mais je passe outre, les yeux plissés. L'eau est chaude, mais commence à être agréable. Finalement, ce monde n'est peut-être pas si mauvais...
Aellai apparaît au dessus de mon visage, à l'envers. Je me retourne : elle porte un énorme sac qu'elle lâche dans l'eau, satisfaite.
- Tu aimerais venir sur terre ? demande-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres.
- Eh bien... Je ne peux pas marcher, et j'ai besoin d'eau...
- Tada ! Voici le porteur d'Atlante, modeste engin de mon invention, présente-t-elle en montrant le sac, fière de son idée.
- Euh...
- Attends, je t'explique ! C'est un sac qu'on utilise pour faire de la plongée, il est totalement imperméable. En plus, on peut porter des choses lourdes avec parce qu'il est sur roulettes, pour ramener par exemple des pierres intéressantes ou des poissons coincés dans nos pièges - bref, le parfait transport !
- Alors maintenant je suis un vulgaire poisson, merci ! râle-je, boudant de façon caricaturale.
- Oui, mais quel poisson ! répond Aellai du même air. Vous y serait parfaitement à vos aises, très cher. Et je serai votre modeste conductrice, si vous le voulez bien.
Aellai s'incline d'un air faussement poli et sort du sac deux objets identiques, sombres et étranges, dont l'un enveloppé d'un sac d'une matière tout aussi bizarre. Elle m'explique que ce sont des talkies-walkies, des appareils permettant de parler à distance l'un de l'autre, et m'en tend un, affirmant que la pratique vaut mieux que la théorie. Elle s'éloigne avec l'autre, et je la vois parler ; sa voix sort de l'appareil que je tiens entre mes mains, me faisant tomber à la renverse. Elle me montre comment répondre et au bout de plusieurs tentatives plutôt maladroites, je finis par réussir. Elle rit parce que je ne peux m'empêcher de crier dans l'appareil, et me conseille au contraire de parler à voix basse pour ne pas me faire remarquer.
Elle plonge le sac dans l'eau, le remplissant de moitié, puis m'indique deux petits trous percés en haut de celui-ci, là où il n'y a pas d'eau : ils me permettront de voir l'extérieur.
Tout est prêt : je peux m'introduire dans cet inédit moyen de locomotion. Je me glisse à l'intérieur, un peu anxieux ; j'arrive à entrer complètement, même si je suis un peu à l'étroit. L'eau m'arrive au cou, et mes yeux sont en face des ouvertures prévues à cet effet : notre installation est parfaite !
Je sens le sac s'ébranler. De surprise, je m'agrippe au talkie-walkie enveloppé de plastique, comme dit Aellai – pour ne pas qu'il craigne l'humidité de mon antre, d'après elle -, seule chose à laquelle je peux m'accrocher.
Le sac tout entier tremble ; je suis secoué comme dans un courant d'eau. Je sens le passage de chaque bosse de sable sous mon corps, puis le sol devient lisse et le trajet moins agité. Aellai m'indique grâce au talkie-walkie que nous sommes sur la route du village ; cette invention est géniale, c'en est presque magique !
Je peux voir la plage s'éloigner derrière nous alors que nous avançons sur un chemin gris bordé de grande herbes vertes bien différentes de nos algues. Apparaissent alors des bâtiments cubiques et blancs, et d'autres humains marchant dans les rues, ou regardant un petit objet rectangulaire et plat. Ils sont très différents les uns des autres : cela m'étonne d'abord, avant de penser que nous aussi Atlantes ne nous ressemblons pas entre nous.
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Nouvelle - Jour Eclipse
Short StoryEt si un peuple se cachait dans les fonds marins ? Et si une ville se dissimulait dans les profondeurs de la mer ? Et si tous les quatre ans une rencontre se produisait entre eux et des humains ? ~ Les Guides partent bientôt ! S'il te plait, j'aimer...