Pendant ce temps, chez les moldus

Chapitre 48

Malissa se réveilla en sursaut. Elle avait encore fait ce cauchemar. Cela faisait une semaine qu'elle avait reçu le patronus, et elle entendait encore en rêve l'intonation terrifiée de Ginny.

Ginny qui lui disait que ses parents étaient morts.

Ginny qui lui racontait à quel point la vie était horrible depuis cette terrible nuit.

Ginny qui l'informait que l'Ordre du Phénix avait été dissous et tous ses membres traqués.

Ginny qui lui expliquait qu'elle avait trouvé refuge dans une maison abandonnée avec quelques amis.

Et surtout, surtout, Ginny qui la suppliait de revenir, de faire quelque chose. Les larmes transparaissant dans sa voix, l'angoisse qui pesaient sur chacun de ses mots comme une chape de plomb...

Malissa ne comprenait même pas comment la jeune fille avait pu réussir à envoyer un patronus dans cet état. Elle ne comprenait pas comment Ginny pouvait avoir le courage de tenir, jour après jour, alors qu'elle, n'arrivait même pas à se résoudre à aller aider ses amis.

Et chaque jour, elle se détestait un peu plus pour cela. Elle détestait cette horrible lâcheté qui ne lui ressemblait pas, elle détestait cette angoisse qui lui étreignait la gorge à chaque fois qu'elle songeait à revenir, et elle détestait plus encore les pensées vicieuses qui lui soufflaient nuit et jour que tout était de sa faute.

Abelforth était mort un mois à peine après leur départ de Pré-au-lard. Ils étaient tombés sur un petit groupe de Mangemorts, et le vieux sorcier, faisant diversion pour que Malissa puisse s'enfuir, y avait perdu la vie.

Depuis ce jour, la jeune femme n'avait eu de cesse de trouver les horcruxes. Mais comment trouver de tels objets avec si peu d'informations ? Comment avait-elle pu un jour penser qu'elle n'avait ne serait-ce qu'un espoir de réussite ?

Et après... et après, la terrible nouvelle était tombée. Harry Potter et ses compagnons étaient morts. Voldemort avait pris le pouvoir. Et Malissa n'avait pas osé faire autre chose que fuir.

Fuir, se cacher. Cela faisait bientôt six mois qu'elle ne faisait que ça, ne restant jamais plus d'une semaine au même endroit, mangeant en volant ce qu'elle trouvait, dissimulant son visage où qu'elle aille et feignant de ne rien voir de l'horreur que la vie était devenue.

Comment Ginny l'avait-elle retrouvé, elle n'en savait rien. Mais en revanche, elle savait que jamais elle n'oserait se présenter devant elle après ce qu'elle avait fait, ce qu'elle continuait chaque jour à faire en ignorant la détresse du monde. A vrai dire, jamais elle n'oserait plus se présenter devant qui que ce soit.

Ainsi, Malissa continuait à fuir, encore et toujours, invariablement et chaque jour. Et aujourd'hui ne ferait pas exception.

La jeune femme se leva et s'approcha de l'ouverture béante qui se trouvait devant elle. Elle avait trouvé refuge dans cette vieille grange à moitié en ruine, ce qui restait de toit lui fournissant un abri qu'elle ne pouvait pas refuser. Elle soupira en voyant la lune briller, encore haute dans le ciel. Elle n'avait même pas dû dormir deux heures. Or, elle avait pu constater, pour son plus grand malheur, qu'elle ne pouvait pas utiliser son pouvoir lorsqu'elle était dans un état de fatigue trop avancé. Son pouvoir qui lui permettait à lui seul de survivre.

Malissa se passa la main sur le visage. Elle savait que ses heures de sommeil se comptaient sur les doigts d'une main, et qu'aggraver encore cela ne lui serait certainement pas bénéfique. Il fallait qu'elle dorme. Elle ne voulait pas faire une fois de plus des cauchemars, mais elle savait que ces derniers la suivraient de toute façon toute sa vie durant. Autant s'y habituer tout de suite, pensa-t-elle en retournant s'allonger sur la cape lui servant de couverture.