2-Interrogations

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Je m'étais assise au pied du grand cerisier, laissant mon esprit divaguer sans chercher à le contrôler. Mes pensées étaient toujours floues mais elles ne martelaient plus mon crâne avec la même intensité qu'une heure plus tôt.

J'orientai alors ma réflexion sur la suite des évènements : qu'allait-il advenir du Cristal, de nouveau grandement affaibli ? J'avais senti sa détresse comme si c'était la mienne, ce qui était sûrement le cas au vu de notre lien. Malgré son apparente fragilité, je voulais croire à sa résurrection, je voulais croire que nous pouvions le réparer ou au moins le consolider, le revigorer, lui insuffler une énergie nouvelle qui lui rendrait sa force. Je savais au fond de moi qu'il existait un moyen, mais les risques étaient grands, l'idée pouvait être catastrophique et je ne me sentais pas encore prête à l'aborder, même par la pensée.

De plus, nous avions une question plus « brûlante » à traiter : qu'allions-nous faire du traître qui croupissait dans nos geôles ? L'idée de le tuer au cours d'une bataille ne me semblait pas insurmontable mais de là à l'exécuter de sang-froid ... Je ne voulais pas vraiment l'admettre mais cela me rebutait.

Cependant, nous ne pouvions décidément pas le laisser sans un châtiment digne de ce nom, et à mes yeux, rester dans une cellule pour le restant de ses jours me paraissait être bien doux au vu des crimes qu'il a pu commettre. Je réalisais alors que cette décision n'était pas la mienne mais j'espérais avoir voix au chapitre.

Tout en ruminant de telles idées, je faisais les cent pas, à la recherche d'une solution que je ne pouvais vraisemblablement pas trouver seule, et percutai Valkyon qui arrivait en sens contraire. Aussitôt, mes pensées d'avenir s'envolèrent pour revenir au présent.

« Oh, Valkyon, excuse-moi, je ne t'avais pas vu arriver.

- Ce n'est rien. »

Il s'était exprimé sur un ton qu'il avait voulu léger, mais je n'étais pas dupe, je voyais les efforts qu'il faisait pour garder son calme. Son début de sourire se transforma en grimace face à ma mine compatissante.

« Il faudra qu'on en parle tu sais ...

- Il n'y a pas grand-chose à dire ... Sur le moment j'ai été choqué, bien sûr, mais maintenant ... je crois juste que je suis content de mettre un nom sur le visage de notre ennemi, même si évidemment j'aurais préféré que ça ne soit pas ... lui. »

Il marqua une pause. Je ne savais pas lequel de nous deux il tentait de convaincre ...

« Je vais bien, ne t'en fais pas. Tu m'excuseras, je dois te laisser.

- Oui, bien sûr. Tu peux compter sur moi si tu as besoin de soutien. »

Il me sourit faiblement et tourna les talons;

Je me retrouvai seule face à l'idée qu'il ne mentait pas aussi bien qu'il le prétendait.

Aversion (Lance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant