Chapitre 9.

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Elle prit une profonde inspiration, s’étonnant d’en être encore capable. Plus étonnante encore fut l’absence de douleur dans sa poitrine, et ailleurs. Elle crispa instinctivement sa main gauche.

La pointe de souffrance familière y était toujours.

Plus tard, elle n’aurait su dire si c’était dans son sommeil, elle vit une grande créature aux yeux gris qui dormait sur un à-pic. La bête respirait doucement, apaisée.

Une autre fois, elle marchait dans les couloirs du château. Elle ne le voyait pas, mais elle savait que Gilmore était quelque part près d’elle. Elle posa sa main à plat sur la pierre du mur et la laissa glisser à mesure qu’elle marchait. Elle était chaude et douce comme du coton.

Lentement, la lumière se fraya un chemin à travers ses paupières. Elle ne pouvait l’ignorer plus longtemps. Elle ouvrit les yeux pour découvrir un plafond de bois sombre, noirci par de trop nombreuses années de fumée. Une odeur de plantes flottait dans l’air, vaguement familière. Valea se redressa avec effort, incapable de se repérer.

«-Ah ! Vos yeux sont enfin ouverts. »

Une silhouette sortit de l’ombre, qu’elle mit un certain temps à reconnaître. Morrigan s’approcha du lit, les bras croisés.

«-Mère sera ravie.

-Où suis-je ?

-Dans les Terres Sauvages. On s’est occupé de vos blessures. De rien, au fait.

-Vous ne m’avez même pas laissé le temps de remercier… Alors, merci. Et maintenant, comment suis-je arrivée ici ?

-Vous ne vous souvenez pas que mère vous a sauvés ? »

Valea la dévisagea un moment, avant d’éclater de rire, ce qui lui arracha une toux.

«-C’est ça… Votre vieille mère m’a descendue de la tour d’Ishal avec ses petits bras musclés…

-Ou peut être s’est elle changée en aigle et vous a emportés en vous tenant dans ses serres… Ce qui importe, c’est que vous soyez tous les trois en vie.

-Trois ?

-Le mabari est bien à un de vous deux ?

-Alistair ?

-Le chien s’appelle comme votre compagnon ? »

Valea se prit la tête entre les mains. Elle n’était pas d’humeur à jouer à ce petit jeu.

«-Non. Je demandais, de façon peut-être trop abrupte, si Alistair était compris dans le lot des rescapés. Vous savez, le grand blond…

-J’avais compris, nota Morrigan. Oui, confirma-t-elle avec une grimace.

-La bataille… La bataille est terminée ?

-Cela fait quelques jours. L’homme qui devait répondre à votre signal s’est enfui. L’Engeance a gagné.

-Evitez l’humour noir avec moi pendant un moment, s’il vous plait.

-Je ne plaisante pas. »

Il fallut quelques temps à l’idée pour faire son chemin.

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