Chapitre 11.

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Flémeth avait une façon de regarder Valea qui le mettait mal à l’aise. Moins toutefois que les regards qu’elle lui adressait parfois.

Avoir côtoyé de près les mages du Cercle ne préparait visiblement pas au voisinage des apostats.

Sa camarade, occupée à distraire le mabari qui courait dans tous les sens devant la chaumière, ignorait superbement la sorcière. Fréquemment pourtant, il notait ses regards intrigués pour le paquetage que quelqu’un avait laissé contre l’un des pilotis.

Comme elle, Alistair commençait à se faire une petite idée des raisons de sa présence, mais n’osait rien dire à Flémeth. Cette dernière se remit à cet instant à le fixer, l’obligeant presque malgré lui à se trouver une autre occupation que bailler aux corneilles.

«-Et bien ! S’écria soudain la sorcière. Te voilà enfin. »

Morrigan venait de sortir, l’air d’avoir envie de réduire en cendres tout être vivant aux alentours. Valea abandonna le chien quelques instants pour venir à la hauteur d’Alistair qu’elle gratifia d’une tape sur le bras.

Il reconnaissait cette habitude qu’il avait observée chez bon nombre de commandants dans le passé. Cailan avait fait la même chose au tiern Loghain le soir de la bataille d’Ostagar.

«-Il y a une dernière chose que je puis faire pour vous, déclara Flémeth. Morrigan vous accompagnera. »

Quelque chose le retint de sortir ce qu’il avait sur le bout des lèvres, à savoir que leur adjoindre l’Archidémon eut été un gain supérieur en matière de bonne compagnie.

«-Si elle est librement disposée à nous suivre… Fit Valea, plus diplomatiquement.

-Bien sûr ! S’écria Flémeth avec humeur.

-Oui… Confirma Morrigan, les yeux dans le vague.

-Allons ma fille, tu sais les enjeux pour la Garde des Ombres. Tu peux bien faire ta part dans la bataille qui s’annonce. A moins que tu ne veuilles plus retrouver que les cendres de cette cabane à ton retour, lorsque l’Engeance aura tout dévasté.

-Mère, je…

-Trêve de bavardages. Que la Fortune vous sourit, Gardes des Ombres.

-Merci pour tout, Flémeth », firent-ils.

Elle coupa net les adieux en rentrant dans la chaumière dont la porte claqua une dernière fois sur la sorcière des Terres Sauvages.

Bernatzal aboya joyeusement, un peu plus loin sur le chemin qui longeait l’étang, appelant Valea qui se retourna vers lui, s’engageant à son tour sur le sentier.

Ils suivirent la piste que Morrigan leur avait indiquée quelques jours plus tôt. Cela aurait aussi bien pu être il y a un siècle. En ce temps là, il avait une famille, Férelden un roi, et la Garde des Ombres trois recrues potentielles.

La jeune recrue, justement, le surprenait par la froideur qu’elle déployait depuis son réveil après la bataille. Une bonne chose, considérant qu’il n’était guère apte à prendre lui-même une décision raisonnée ces jours-ci. Cela ne servait à rien de se voiler la face, le désastre d’Ostagar l’avait détruit. Valea portait une blessure similaire depuis plus longtemps. La disparition de Duncan et de la Garde des Ombres ne l’avait pas laissée orpheline. Sans doute était-elle plus touchée par la mort du roi. Il ne connaissait guère sa famille, mais savait que les Cousland étaient des alliés loyaux des Theirin depuis de nombreuses générations. Une réputation de loyauté dans le sang que Bryce Cousland avait portée haut pendant la guerre.

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