Chapitre 8

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Stiles avait peur. Pire que lorsque Théo l'avait enlevé. Pire que lorsque le nogitsune avait envahi sa tête. Il était blessé, il en était certain, même s'il ne pouvait pas le voir. Ses bras étaient marqués par des griffures. Il ne se souvenait pas de grand-chose. Il était dans sa chambre, et il hésitait à appeler la meute pour s'excuser. Parce qu'ils lui manquaient. Son père était parti travailler, alors, il s'étonna d'entendre du bruit en bas. Il était descendu, et au lieu de trouver son père, il s'était retrouvé face à des hommes cagoulés.

Il avait d'abord pensé à de simples voleurs, avant de remarquer les longues épées, les arbalètes et les revolvers. Décidément, pas des voleurs du commun. La suite était un peu flou, il était sûrement remonté à l'étage, pour leur échapper, et avait pris son téléphone pour appeler à l'aide. Il avait hurlé, était tombé dans les escaliers. Ou alors, il s'était cogné la tête contre le rebord de la table. Peu importe, il était dans les vapes. Il avait senti qu'on le trainait sur le sol. Mais il n'en était pas certain. On l'avait attiré jusque dans un endroit sombre et reculé, peut-être au fond de la forêt puisque des branches lui avaient salement écorché les pieds. Il fallait dire qu'il était toujours en pyjama, et n'avait donc pas de chaussures.

Il se sentait vaguement nauséeux, et il avait froid. Peut-être que c'était les effets secondaires de la drogue qu'on lui faisait ingurgiter. Il ne voyait rien, ne sentait même plus ses mains. Parfois, quand il avait un éclair de lucidité, il avait l'impression que quelqu'un lui caressait les cheveux, ou nettoyait sa bouche de tout vomi. Mais il devait rêver, des kidnappeurs étaient rarement tendres. De la buée sortait entre ses lèvres bleuies, mais son souffle était très faible. S'il avait si froid, c'était parce qu'on lui avait retiré son haut.

Il avait perdu la notion du temps. Mais ils avaient arrêté de lui faire ingurgiter de la drogue, ou un calmant, puisqu'il prenait peu à peu conscience de l'endroit où il se trouvait. C'était une sorte de cave avec une seule sortie, et complètement vide. Les murs étaient salis, détériorés. Stiles avait les mains attachées au dessus de sa tête, au mur, et une corde était nouée autour de ses chevilles. Il était trop faible pour se permettre de bouger, et des courbatures le firent grimacer. Il se rendit compte qu'il grelottait, et que ses dents claquaient.

La porte s'ouvrit sur une femme blonde. Elle portait un habit près du corps noir, pratique et pas très répandu. Son visage était souriant, mais Stiles se doutait qu'elle n'était pas gentille, et probablement armée. Elle était accompagnée de plusieurs hommes qui portaient tout un tas de trucs, à commencer par une bassine d'eau. S'il devait le torturer, autant que l'eau soit chaude, pour le réveiller totalement. Mais la femme prit une éponge, et la trempa dans la bassine. Doucement, elle commença à laver le torse du brun, comme s'il était une marchandise précieuse. A son grand malheur, elle était glacée.

Maintenant qu'elle l'avait purifié, la jeune femme ordonna qu'on le détache. Il ne pouvait pas protester, et sa verve habituelle était partie. On le porta à l'extérieur, mais il ne put voir grand-chose qu'un long couloir humide. Ils entrèrent dans une deuxième salle, plus grande. Il y avait une table avec de nombreuses sangles et chaines. Le regard du brun s'affola, il avait terriblement peur. Ce n'est qu'en se débattant qu'il remarqua qu'il y avait là une dizaine de personnes, tous dans la même tenue que la femme. Chacun était posté dans un coin de la pièce, à égal distance des autres. C'était une secte.

Stiles, dont le corps n'avait pas totalement assimilé les drogues, ne pouvait pas bouger. Alors avec des sangles, c'était impossible. Il regardait le groupe enfilait de longs manteaux noirs, avec des capuches. Pourquoi chacun prenait-il dans sa main une... faucheuse ? Ces gens étaient sûrement des adeptes de satan ou autre, et voulaient le sacrifier. Ils ressemblaient à la Mort, et ce n'était pas pour calmer Stiles, qui tira violemment sur ses sangles, sans succès. La peau de ses poignets et de ses chevilles étaient presque violette, et il saignait un peu. Maintenant, les sangles en cuir qui entouraient son torse lui coupaient la respiration. Une larme roula sur sa joue, suivie d'une autre. Peu importait sa dignité, il était comme un enfant impuissant et terrifié.

L'horreur s'empara de lui quand il leva les yeux vers le plafond. Un pentagramme était dessiné, juste au-dessus de lui. C'était du sang. Il devait être encore frais, car il goutait sur son visage. Sa gorge était tellement sèche qu'au moindre mot, il risquait de perdre la voix. Il n'avait pas bu depuis trop longtemps. Sa seule chance était encore de hurler à la mort pour que l'ouïe des loups-garous puisse l'entendre. Mieux valait perdre la voix que mourir. Alors, il essaya, se disant qu'il n'avait rien à perdre. Mais seul un faible son brisé se fit entendre, pas plus fort qu'un chuchotement.

Les personnes formèrent une sorte de pentacle, et se regroupèrent autour de lui. La jeune femme blonde, si c'était bien elle, s'approcha et lui remit quelques mèches de cheveux en place. Son visage était entièrement caché, mais ce qui l'état moins, c'était le poignard dans sa main. Il était long, et ancien. La lame était émoussée, signe qu'elle avait déjà causé des ravages. Le manche était noir, et finement sculpté. En se concentrant, Stiles aperçut un symbole, le même que celui dessiné au plafond. Il vit avec horreur le poignard se poser sur sa cheville, et s'enfoncer de quelques millimètres. Puis, la femme commença lentement à remonter vers le haut de son corps en murmurant dans une langue qu'il ne connaissait pas, bien vite repris par ses camarades. Et Stiles, attaché sur la table, ouvrait la bouche dans un cri muet.

Une faë (Stiles et la meute)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant