Chapitre 1

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Stiles Stilinski ne voulait pas devenir loup-garou. Il avait toujours refusé la morsure, et la meute avait respecté sa décision. Etre un humain était important pour lui, car c'était ce qui le différenciait des autres. C'était peut-être stupide, mais le jeune garçon avait toujours grandi dans l'ombre de son meilleur ami. En effet, c'était Scott qui s'était fait mordre le premier, c'était lui qui attirait le regard des filles. Stiles n'avait rien. Alors bien sûr, même si être plus faible que son meilleur ami, et être encore plus en danger que les autres ne l'enchantait guère, il était fier de ce qu'il était. De se dire qu'à tout moment, il pouvait tout quitter pour vivre une vie normale.

Le jeune homme avait par ailleurs quelque chose que même Scott McCall ne possédait pas : une intelligence hors du commun, qui bien souvent, les avait sortis d'un mauvais pas. Stiles s'était mis à bosser, pour remonter sa moyenne, et il était devenu excellent. Même ses professeurs étaient surpris. Son père était si fier de lui, Noah voyait bien qu'il faisait d'énormes efforts pour ne pas laisser son avenir tomber en ruine. Il fallait être honnête, si les loups-garous avaient encore le choix de ne pas poursuivre leurs études pour se retirer dans une forêt éloignée de tous, ils pouvaient très bien. Lui, il devait travailler, penser au futur. Car il ne se voyait pas combattre les monstres toutes sa vie. Il voulait une famille, pourquoi pas des enfants.

Oui, Stiles s'imaginait souvent avec une famille à lui. Une belle femme, gentille, douce, amoureuse. Au début, ils vivraient leur meilleur vie de couple, faisant des sorties romantiques, et pourquoi pas voyager à travers tout le continent. Comme ce devait être merveilleux de vivre dans une voiture avec sa bien-aimée, de s'endormir en contemplant le coucher de soleil au bord de l'océan, et de n'avoir aucune attache, aucune obligation. Puis, après quelques années, ils pourraient se poser quelque part, pourquoi pas à la campagne. Ils auraient une jolie petite maison aux volets bleus, un jardin avec une balançoire et un toboggan. Et un trampoline, dans lequel leurs enfants pourraient sauter tard le soir. Des enfants inépuisables, car ils auraient hérité de l'hyperactivité de leur père. Oui, ce serait une vie parfaite.

Mais tout ne se passe pas toujours comme prévu. Pas quand on est entre la vie et la mort. Car à trop jouer avec le feu, on finit par se brûler. Stiles était paisible, allongé dans ce lit d'hôpital, des dizaines de tuyaux le maintenant en vie. S'il n'y avait personne dans la pièce, c'était parce que l'heure des visites était terminée. Mais nul doute qu'à la première heure le lendemain, la chambre serait remplie de ses amis.

Scott était le plus inquiet : la culpabilité lui tordait le ventre. Il savait que jamais Stiles n'aurait voulu devenir un être surnaturel, et qu'à son réveil, il lui en voudrait. Comment lui faire face, quand son regard serait empli de colère et de haine ? Tout s'était passé si vite, il n'avait eu le temps de rien faire.

Scott et Derek les avait retrouvé. Les autres allaient arriver, mais il serait trop tard. Théo se tenait là, au bord de la falaise, avec Stiles contre son torse, comme un bouclier. Le brun était terrifié. Les deux hommes remarquèrent qu'il était blessé. De vieilles entailles, qui remontaient à quelques jours, et d'autres coupures plus fraiches. Le sang recouvrait presque la totalité de son visage, ses joues étaient creuses, poussiéreuses.

- Théo, relâche-le ! demanda Scott en levant les deux mains en signe d'apaisement.

- Tu peux toujours rêver, ricana Théo. Pendant des semaines, j'ai cherché une faille dans votre meute. Lequel d'entre vous devais-je attaquer pour tous vous mettre en rogne ?

- Ah parce que tu trouves qu'ils sont en rogne là ? ne put s'empêcher d'ironiser Stiles. Ils font pas leur truc d'alphas, avec les yeux rouges et...

Il hoqueta avant de cracher du sang. Une dague dépassait de son ventre. Tant qu'on ne l'enlevait pas, il avait encore une chance de survivre. Théo le tenait fermement, et respira son odeur. Oh, parce que le petit humain était délicieux. Deux grognements le firent sourire. Il remonta de la nuque jusqu'à l'oreille, et la mordilla légèrement.

- Oh détrompe-toi, ils sont furieux.

Et il avait raison. Leurs yeux étaient rouges, leurs griffes sorties. Stiles sourit en se rendant compte qu'il comptait même aux yeux de Derek. Avant qu'ils n'aient le temps de bouger, un coup de feu retentit, et Théo bascula en arrière, dans le vide. Mais le brun ne tenait plus sur ses jambes, il était trop faible, et bascula lui aussi en arrière. Il serait mort si Derek ne l'avait pas rattrapé au dernier moment par le poignet. L'adolescent était suspendu au dessus du vide, une dague planté dans le ventre.

- Accroche-toi !

- C'est bon Derek, chuchota Stiles. C'est trop tard. Quelle belle mort : chuter d'une falaise, au coucher du soleil. C'est poétique.

- Non, je ne te laisse pas mourir !

Mais Stiles ferma les yeux, tombant dans les pommes. Derek le souleva à la force de ses bras, dans un dernier regain d'énergie. Ils tombèrent sur le sol, et Scott vint l'entourer. La meute était enfin là. Ils se regardaient, se demandant ce qu'ils devaient faire. Scott pleurait. Son meilleur ami allait le détester, mais il ne pouvait pas le laisser mourir.

- Je...

Derek l'observa, puis souffla, et planta ses crocs dans le bras du brun. Il avait agi si rapidement que personne ne put l'arrêter. Le mal était fait.

- Ne t'inquiète pas, il ne t'en voudra pas.

Et là, depuis près de deux semaines, Stiles était dans le coma. Entre la vie et la mort. Toutes ses blessures avaient guéri, ce qui supposait qu'il était devenu nu loup-garou, mais il ne se réveillait pas. Il était en sursis. Lydia avait proposé l'idée qu'il ne soit pas devenu un loup-garou, mais une autre créature surnaturelle, un peu comme elle. En tout cas, ils ne savaient pas quoi en penser.

Comme prévu, le lendemain, la pièce fut remplie de ses amis, qui espéraient tous qu'il allait ouvrir les yeux. Mélissa les fit sortir le temps de laver et changer son patient. Elle considérait Stiles comme son deuxième fils. Quand elle le regardait, elle revoyait ce petit garçon excitée qui courait partout dans les couloirs de l'hôpital, avec sa petite voiture rouge. Il était toujours là quand son père ne pouvait pas le garder, et parfois, Mélissa lui montrait comment soigner certaines blessures. C'était en partie grâce à lui que la bonne humeur régnait, il parlait avec les patients, leur racontait ses merveilleuses aventures et leur remontait le moral.

Stiles était important pour tant de monde, de personnes. S'il venait à mourir... Mélissa n'était pas sûre d'y survivre. Et Noah... il serait détruit. Perdre sa femme avait été difficile, mais son fils, c'était encore pire. Malgré la présence de loups-garous de l'autre côté de la porte qui avaient une ouïe surdéveloppée, la femme ne put retenir ses pleurs. Un sanglot la secoua, et des larmes coulèrent sur son visage. Se produisit alors une chose inattendue : Stiles ouvrit les yeux.

Une faë (Stiles et la meute)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant