la légèreté des soirs d'été

37 8 0
                                    

Je suis vraiment contente d'être venue ce soir, la soirée est vraiment cool. L'altercation de toute à l'heure semble presque oubliée, la nuit est finalement tombée. Tout le monde est dehors, nous somme une bonne vingtaine dans la cour même si le nombre de verres abandonnés au contenus inconnus approche plus la cinquantaine.

Mathilde discute avec plusieurs personnes de l'école d'Oli, tandis que ce dernier, Roman, Logan et moi-même faisons un concours d'empilage de gobelets, histoire d'utiliser les verres orphelins à bon escient. Pour l'instant Logan perd : c'est celui qui a la tour la moins haute. Il ne cesse de râler à l'injustice et de nous répéter que s'il n'y arrive pas, c'est parce que ses gobelets sont mouillés.

L'ambiance est comme je l'aime : tout le monde parle à tout le monde c'est tout simplement cool. C'est calme et en même temps dément, les gens dansent, rigolent, discutent, éclairés par les guirlandes lumineuses de toutes les couleurs, qui ressemblent à des petites planètes au milieu de la nuit étoilée.

Nous nous battons contre les moustiques, qui même en septembre sont encore bien voraces. Alors nous faisons tourner dans tout le jardin une bombe d'anti moustique qui sent terriblement fort le produit chimique, mais cela ne les arrête pas plus que ça. Les garçons rigolent, en racontant à qui veut bien l'entendre que si l'on boit beaucoup les moustiques ne nous piqueront plus à cause de la dose d'alcool dans notre sang.

Ce soir rien n'a plus d'importance : ni le stress du début d'année scolaire, ni les accrochages avec les uns, ni les problèmes des autres. Ce soir on danse juste, on rigole. Je respire.

Comme dans chaque soirée, c'est la guerre de la musique : chacun veut y mettre son grain de sel, balancer sa musique en espérant mettre d'accord l'assemblée, ce qui n'est pas gagné d'avance.

Pourtant une fille arrive à trouver une playlist qui convient à peu près à tous : elle lance un son de David Guetta, ce qui agite les foules.

J'aime bien cette chanson et l'envie de danser me prend, alors je me dirige en sautillant vers Oliver, concentré sur sa tour de gobelets qui prend de la hauteur. Je l'attrape par les épaules, et l'entraine dans ma danse, ce qui le fait râler :

-Arrête tu vas péter mon château !

-Tu le feras plus tard ton château, danse avec moi ! Je lui dis en continuant d'essayer de l'emmener avec moi.

Alors comme souvent face à mes caprices, Oli cède et abandonne sa construction de gobelets.

Nous rejoignons les autres sur la terrasse un peu plus loin, sautons comme d'heureux abrutis que nous sommes, en rythme sur la musique.

Oliver est heureux, je le vois. Je vois qu'il est libre, heureux d'être là. Il saute, léger comme si le poids qui reposait sur nos petites épaules d'étudiants un peu perdus, celui qu'on s'efforce d'oublier, s'était envolé. Ce soir, plus aucun de nous n'est l'étudiant en galère, celui qui déteste son école, celui qui dors certaines nuits dans sa voiture ou celui qui n'arrive pas à trouver sa place dans le vaste monde. Nous somme juste des gamins de vingt et un an, créant des souvenirs, ceux dont nos parents nous parlent quand ils nous disent que nous vivons la meilleure partie de notre vie. Et à cet instant, je sais que cette fois-ci ils ont raison.

Mathilde nous rejoint pour danser sur la deuxième chanson qui commence, puis nous enchainons une troisième. A la fin de celle-ci, Oliver et Math à bout de souffle et d'énergie décident de faire une pause.

Oliver rejoint Roman, Bastien et d'autres sur la terrasse du haut, qui s'est transformée en coin fumeur et coin discussion. Mathilde s'amuse à appeler cet endroit le coin alcool triste, mais elle n'est pas très bien placée pour se moquer, elle qui finit assez régulièrement au-dessus des toilettes en larmes pour des raisons inconnues de tous, autant pour elle que pour nous.

Elle me propose d'aller chercher à boire avec elle, ce que j'accepte volontiers.

-Attends Mathilde ! Je vais juste chercher ma veste à l'intérieur avant. Lui dis-je.

-Ta veste c'est Oliver qui l'a. Me rappelle-t-elle.

Je lève les yeux vers la terrasse du haut et constate qu'en effet Oli, assis de dos sur le petit muret de sécurité, sa cigarette à la main, porte ma veste en jean lilas délavée.

Je me souviens qu'il y a une petite heure, il a été la chercher pour pouvoir faire un défilé de mode avec et faire rire ses copains, puis il l'a gardé.

Je décide donc d'aller chercher la veste d'Oliver, un blouson gris qui est un peu trop grand, mais que j'aime bien quand même.

Avec ma nouvelle veste je retourne dehors, prendre un verre avec ma meilleure amie.

Ceux qui viventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant