Kakashi x Ano

Un moment pour guérir

- Comment tu te sens ? Dit-il en posant son café sur la table de nuit.
- Faible...
- C'est normal, les médecins on étaient obligés de te transfuser, tu as perdu beaucoup de sang. Dit-il en caressant ma joue.
- Je l'ai perdu c'est ça...? Tu peux me le dire.
- Je suis vraiment désolée Ano... Je n'ai pas été assez rapide. Dit-il en s'écroulant sur la lit en pleurs. C'est de ma faute !
- Rien n'est de ta faute Iruka, c'est n'est la faute de personne pour dire vrai. Dis-je en lui caressant les cheveux. Tu peux appeler Kakashi, s'il te plait ?
- Tu préfères pas lui dire toi ?
- Non, s'il te plaît, fais le pour moi. Dis-je en tournant le dos a mon meilleur ami, je me mets en boule dans mon lit.
- Je... Je vais l'appeler alors, je reviens vite. Dit-il dérouté par mon comportement très froid.
- Merci.

PDV d'Iruka.

Il est totalement décontenancé par la situation mais plus encore par mon attitude. Je suis froide, distante et aucune larme ne semble vouloir sortir. Ce qui rend Iruka encore plus inquiet. Il réfléchit pendant un bon moment, avant de trouver les mots à utiliser pour le lui annoncer.

- Allo ? Dit Kakashi.
- Oui, Kakashi, c'est moi.
- Iruka ? Alors ?!
- Tu devrais rentrer. Rapidement.
- On a déjà fait demi-tour. J'arrive, je suis au village dans 1h.
- Je t'attends.

Iruka se dirige lentement vers l'entrée du village pour l'intercepter. Il traîne des pieds. Il se demande comment il va lui annoncer. Était-il la bonne personne pour lui dire. Même pas 30 minutes après, Kakashi arrive en courant de la forêt, suivi des trois jeunes ninjas. Il voit Iruka, décomposé, il se stoppe net dans sa course. Iruka baisse la tête en fermant les yeux. Puis fait non de la tête. L'homme en face de lui, reste fort en apparence. A l'intérieur de lui, tout est dévasté. Il sent un poid insupportable bloqué sa gorge. Les deux hommes restent un long moment à se regarder dans le blanc des yeux, sans rien dire. Cela est inutile, chacun connaît et comprend la souffrance de l'autre. Les têtes basses, ils commencent à marcher vers l'hôpital. Toujours sans dire un mot.
Devant le bâtiment, Kakashi coupe la marche d'Iruka en lui attrapant le bras.

- Comment elle va ? Dit-il doucement.
- Quand je l'ai trouvé, elle n'a fait que répéter qu'elle "avait perdu le bébé". Elle a perdu beaucoup de sang, les médecins l'ont transfusé. Néanmoins depuis le début et encore jusqu'à toute a l'heure... Elle est comme vide. Elle ne dit rien, ne pleure pas, ne semble rien ressentir. Ça fait peur a voir. C'est elle qui m'a demandé de t'appeler, surement pour ne pas dire a voix haute la triste réalitée.
- Je vois...
- Tu devrais y aller seul, elle a besoin de toi. Elle est dans la chambre 154.
- Tu as sûrement raison. Dit-il en voyant Iruka s'éloigner. Et Iruka ?
- Mmh ? Dit-il en se retournant.
- Merci d'avoir été là pour elle. Je ne sais pas comment j'aurais fait sans toi ce soir... Je l'ai aurait peut-être perdu tous les deux. Alors merci.
- C'est normal, et tu sais Kakashi, malgré tout ce qui a pu se passer. Je tiens énormément à elle et je t'apprécie, alors... prends soin d'elle pour moi d'accord ?
- Iruka, tu l'aimes ? Dit-il en détournant son regard du sien
- Bien sûr, et ce depuis toujours. Et c'est pour cette raison que je te la confie, elle t'aime et est heureuse avec toi. Ça me suffit amplement pour être heureux. Même si je ne suis que son ami. Ne te fais aucun souci par rapport à moi, elle n'est pas au courant de mes sentiments et ne le sera jamais. Je ne te demande qu'une petite chose.
- Laquelle ?
- Ne m'empêche pas de la voir. J'ai besoin d'elle, autant que tu en a besoin.
- Je te fais confiance, malgré tout, et elle t'aime à sa façon. Même si je le voulais, il me serait impossible de t'effacer de sa vie.
- Merci.

Après ce moment, soulagant malgré les mots prononcés par Iruka, Kakashi continue de monter les marches afin de voir la femme qu'il aime. Une fois devant la porte 154, il reste immobile pendant un moment. La dernière fois qu'il l'a vu dans un lit d'hôpital avait été si dure.
Pourtant, il pousse la porte de cette chambre. Il la voit allongée en boule le regard contre le mur opposé à lui.

PDV d'Ano.

Physiquement, mon corps a l'air d'aller bien, pourtant. Je me retourne doucement en entendant du bruit. Je vois alors, l'homme que j'aime au seuil de la porte. Son regard est tellement perçant. Il est debout, bloqué à l'entrée, à me regarder comme si tout son monde s'écroulait. Il s'approche doucement de mon lit comme pour ne pas m'effrayer. Il glisse ses doigts tendres sur ma joue avant de remettre délicatement une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. J'ai énormément de mal à le regarder dans les yeux. J'ai envie d'hurler, de pleurer, de taper et de tout casser, pourtant mon corps est comme paralysée de toutes émotions. Je ne ressens rien, ni bonheur, ni tristesse, ni colère. Je me tente enfin a le regarder dans les yeux. Ses yeux sont remplis d'amour et de larmes. Il s'assoie au bord du lit et m'enlace doucement.

- Je... Dis-je.
- Ne dis rien, je suis content que tu ailles bien.

Mon coeur se mit à accélérer. Il se détache de moi et me prends les mains. La chaleur des ces paumes me font l'effet d'un électrochoc. Sans prévenir, la peine emplit mon cœur et mon âme. N'ayant plus aucun contrôle, je m'effondre en larmes. Kakashi me resserre contre lui et caresse mes cheveux.

- J'ai perdu notre bébé... Dis-je avec une voix remplie de tristesse.
- Chut, je suis là... tout va bien se passer maintenant d'accord ? Tu es en bonne santé et c'est le plus important. Ce petit être restera à jamais dans nos coeurs, il restera à jamais notre premier enfant. On parlera de lui à ses frères et sœurs et on lui rendra visite ensemble. Il veillera sur nous. Tu m'entends ? Tu dois être forte pour lui. Et surtout pour moi.

Nos deux corps serrés l'un contre l'autre. J'attrape sa main et la sert aussi fort que ma peine est grande. Je le sens peu à peu s'effondrer sur moi. Ses larmes coulées contre ma joue. Notre peine ne fait plus qu'une. La souffrance est tellement importante qu'il nous est impossible de faire autrement. Nos deux corps serrés l'un contre l'autre, comme ayant besoin de se moment pour guérir.
Nous nous endormons, toujours ensemble. Le lit trop petit ne nous dérange pas ce soir. Il y a même la place pour une troisième personne, un dernier être qui ne connaîtra jamais la joie de naître.

Cela fait plusieurs jours que nous sommes rentrés. La peine est toujours présente, même bien plus qu'avant. Je ne trouve plus le courage de continuer, je reste dans notre lit. Pensant, imaginant, ce petit être plein de vie. Nous passons nos nuits à pleurer.
Les seuls mots que je suis capable de prononcer depuis maintenant 4 jours, se résume à "oui" et "non". Je vois l'inquiétude dans les yeux de Kakashi, pourtant rien de plus ne semble vouloir sortir.