Intrusion

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Après avoir enlevé ses chaussures, Eva s'était installée sur le petit canapé de son salon. Enroulée dans un plaid, les pieds ramenés sous elle, elle était plongée dans la lecture d'un livre à la reliure bleu roi. Aussi, elle sursauta quand la sonnerie de son téléphone brisa le silence tranquille qui s'était installé dans la pièce chaleureuse. En soupirant, elle se redressa et saisit le petit objet vibrant et jeta un coup d'œil à l'écran alors qu'une lumière bleutée éclairait son visage. Un numéro non enregistré s'afficha à l'écran, et elle décrocha.

« -Allô ?

-Allô docteur Bergford ? 

La jeune femme reconnut la voix aux accents rauques d'un de ses nouveaux patients. Eva travaillait depuis maintenant trois ans dans un cabinet médical de psychologie, et elle excellait dans sa profession. Alors que plus jeune, elle souhaitait travailler avec les animaux, elle avait décidé d'aider les autres quand en grandissant, elle s'était retrouvée confrontée aux difficultés de la vie. Bizarrement, aider les plus démunis la faisait se sentir forte et utile, sentiment qu'elle n'éprouvait que dans l'exercice de son métier.

-Monsieur Ferguson, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

-Pourrions-nous annuler le rendez-vous de demain ? J'ai un empêchement, annonça l'homme avec sa brusquerie accoutumée.

Fronçant les sourcils, Eva poursuivit,

-Encore ? Ça fait plus d'un mois que vous reculez le rendez-vous... Je peux vous proposez un autre horaire si vous...

- Je vous dis que je ne peux pas. Il faut que j'vous le dise en quelle langue...

Habituée à la patience pour le moins légendaire de son patient, c'est avec calme que la jeune femme poursuivit,

-Je ne voulais pas vous fâcher, monsieur Ferguson, mais il est nécessaire de se voir tous les mois, vous savez, nous en avions parlé et...

-C'est bon je passerai dans la semaine, céda l'homme bougon à l'autre bout du fil.

-Il me faut une date précise s'il vous plaît, l'encouragea Eva

Elle s'était levée et traversait son salon en vue d'atteindre la cuisine, où se trouvait son agenda. Alors que son interlocuteur bougonnait, la jeune femme ouvrit la porte et s'arrêta net sur le seuil, interdite. Alors que sa respiration commençait à se faire difficile, la voix rauque de son patient résonnant dans ses tympans la ramena à la réalité.

-Vendredi 23 à 13 heures c'est bon pour vous ou ça ne va encore pas ?

-C'est... parfait, bredouilla Eva, vendredi 23 à 13 heures.

-Je voulais également vous faire part d...

-A vendredi monsieur Ferguson. Au revoir »

Eva coupa la communication, les mains tremblantes. Sa cuisine était sens-dessus-dessous. La vaisselle du matin qu'elle avait laissé dans l'évier gisait au sol, fracassée alors que le contenu des tiroirs grands ouverts était répandu sur le marbre. Son agenda, la pile d'assiettes propres entassée sur le plan de travail, la plante qui décorait le rebord de sa fenêtre... Tout était éparpillé par terre, et la cuisine offrait un spectacle désolant, remplie de débris de vaisselles épars. Mais ce qui avait choqué Eva n'était pas tant l'état de sa cuisine. Non. Ce à quoi ses yeux s'étaient accrochés en premier, c'était la petite boîte de pilules orange posée en évidence sur son plan de travail. Sans avoir besoin de lire l'étiquette, elle savait ce que contenait cette boîte. Des amphétamines. Et s'ils ne lui appartenaient pas, ils la ramenaient cinq ans en arrière, lui rappelant cette dispute qu'elle s'était efforcée d'oublier, celle qui l'avait laissée entrevoir pour le première fois ce cauchemar dans lequel elle s'apprêtait à replonger.

Livaï x Reader: La Fureur Du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant