Aveu

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La nuit d'Eva avait été très courte. Après la découverte du doudou de sa fille sur son lit, la jeune femme s'était effondrée, serrant contre elle la peluche, s'y accrochant de toutes ses forces. Elle n'avait pas pris la peine d'appeler la police, et elle n'y avait honnêtement même pas pensé. Au fil du temps, elle s'était protégée derrière un rempart de solitude, elle s'était érigé un mur indestructible derrière lequel elle enfouissait sa douleur qui s'étendait insidieusement dans les gouffres obscurs de son esprit anesthésié par la souffrance, formant peu à peu un empire sur lequel menaçaient lentement de déferler ses sentiments depuis trop longtemps refoulés. Ce soir, son trop-plein d'émotions s'abattait sur elle, sur chaque recoin de son esprit, ne laissant plus la place pour autre chose que pour cette tristesse écrasante, ce désespoir si profond dans lequel elle se noyait peu à peu. Recroquevillée sur son lit, la peluche serrée contre sa poitrine, elle avait pleuré toutes les larmes que son corps était capable de contenir, puisant dans les ressources infinies de l'immense mer de sa détresse. Elle s'était finalement endormie dans la matinée, et s'était réveillée en sursaut de nombreuses fois, tirée de son sommeil par les cauchemars qui l'étreignaient depuis longtemps, revenus en force. Tel un fantôme, Eva s'était ensuite levée pour rejoindre le canapé, sans pouvoir se résoudre à lâcher la peluche de sa fille. Elle avait envoyé un texto rapide à Marie l'informant qu'elle était malade et resterait chez elle, puis elle avait essuyé de nouvelles crises de larmes. Une angoisse sans nom serrait ses tripes, et elle se trouvait dans un état de stress constant, renforcé par la terreur de voir entrer chez elle celui qui s'y était déjà introduit deux fois. C'est finalement dans l'après-midi qu'Eva prit une décision. En réalité, cette résolution avait déjà germé dans son esprit depuis quelques jours, mais elle la repoussait inconsciemment, encore et encore. Aujourd'hui, elle savait ce qu'il fallait qu'elle fasse. Bien que complètement perdue, elle était consciente que c'était la meilleure solution.

Eva sortit de la douche et se confronta à son reflet. Ses yeux étaient bouffis et ses cheveux emmêlés, son visage était plus pâle qu'à l'ordinaire et de grandes cernes soulignaient ses yeux. Elle soupira et s'arracha à cette contemplation désastreuse, avant d'essayer de se redonner apparence humaine à grand renfort de maquillage. Au bout de la troisième couche de fond de teint qu'elle tentait d'appliquer correctement, et comme elle n'était toujours pas satisfaite du résultat, elle lâcha l'affaire et s'habilla rapidement, avant de quitter l'appartement et de rejoindre la voiture d'un pas vif. Elle commença à rouler et ne s'arrêta qu'une fois arrivée à destination. Sur le parking, elle s'accorda quelques minutes pour faire le point. Était-elle sûre de ce qu'elle s'apprêtait à faire ou agissait-elle uniquement par désespoir ? Elle tourna la tête pour inspecter la bâtisse devant laquelle elle était garée. Le commissariat était un grand bâtiment blanc et imposant, dont les volets bleu électrique rappelaient les couleurs de la police. Pour s'empêcher de changer d'avis, elle prit finalement une grande inspiration et sortit de sa voiture, avant de s'engouffrer dans le poste de police. Elle se dirigea aussitôt à l'accueil, où une femme brune avec des lunettes l'accueillit avec un grand sourire.

« -Bonjour, vous désirez ?

-Bonjour, je, heu... Je voudrais faire une déposition, heu... Au sujet d'une affaire assez complexe...

-Oui bien sûr, quelle affaire ?

-Je... heu c'est compliqué en fait, je ...

Eva se sentait misérable de bafouiller devant cette policière. Se donnant une gifle mentale, elle reprit avec un peu plus d'assurance,

-C'est au sujet d'une intrusion...

- Je vois, hum, écoutez, je vais prendre votre nom et je vais vous donner rendez-vous pour demain d'accord ? Nous avons beaucoup d'affaires urgentes à traiter et mon collègue qui s'occupe des intrusions est déjà pris... Nous pouvons seulement vous envoyer une équipe pour constater les faits.

Livaï x Reader: La Fureur Du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant