Sa voix

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Trois coups furent frappés à la porte. Livaï consulta sa montre. Cela faisait pile vingt minutes qu'Eva était partie.

-Ponctuelle, la gamine, marmonna-t-il avant de l'inviter à entrer.

La jeune femme pénétra dans la pièce avec assurance. Elle ne ressemblait plus du tout à la fillette apeurée qui s'était présentée à son bureau deux jours plus tôt. Savoir que l'enquête reprenait lui faisait du bien, presque autant qu'à lui-même.

-Alors ?

Pour toute réponse, Eva extirpa de son sac une petite clé USB violette, qu'elle lui tendit.

-C'était la clé de travail de Kayle. Enfin, la deuxième. Il en avait une autre avec tous ses dossiers, mais je ne l'ai jamais retrouvée. Il n'y avait qu'elle dans son bureau le soir de sa mort, et il n'y a qu'un enregistrement dessus.

Livaï hocha la tête avant d'enfoncer la petite clé dans son ordinateur. Il cliqua sur le dossier et l'ouvrit. Tout d'abord, rien ne se produisit. Puis, l'audio démarra et une voix masculine se mit à parler. Le son de cette voix fit l'effet d'un électrochoc à Livaï. Ces notes aux inflexions graves et rieuses, il les connaissait bien, trop bien. Il ferma les yeux et tenta de ravaler sa colère, de retenir la foule de propos injurieux qui lui venaient aux lèvres. Serrant les poings, il se concentra sur l'échange,

-Tu sais ce que je t'ai dit, Kayle. Et malgré mes préventions, malgré tout ce que j'ai fait pour toi, regarde la merde dans laquelle tu me mets aujourd'hui. Qu'est-ce que tu en dis, hein ?

Si le discours de l'homme était menaçant, sa voix, elle, resta neutre, presque amicale. Une deuxième voix s'exprima, une voix qui semblait terrifiée, et qui devait appartenir à Kayle.

-Je... Je suis désolé Kenny, je sais pas ce qu'il m'a pris, je...

-J'en ai rien à foutre de tes excuse Kayle. C'est trop tard maintenant, c'est avant qu'il fallait réfléchir. Ca t'amuses de me foutre la police au cul ?

-Je suis désolé... Ils... Ils n'ont rien trouvé, alors... Je vais te verser...

- Me verser quoi, hein ? Tu es fauché, ricana la première voix.

Des bruits de pas résonnèrent dans l'enregistrement, mêlés à la respiration saccadée de Kayle.

-Tu sais, Kayle, je t'aime bien, mais si tu ne sais pas tenir ta langue...

-Je... Je recommencerais pas ! C'est promis, je suis vraiment désolé Kenny !

La voix hésita. Son propriétaire semblait terrifié.

-Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

-Que tu fermes ta gueule, Kayle.

-Je... Je peux aussi... pour me racheter...

-Non. Tu paieras bien assez tôt.

-Kenny je... Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Je veux dire que tu vas rentrer chez toi et rien dire du tout, et que demain tu vas revenir bosser comme d'habitude. Pour le moment, tu restes à l'internat, tu es écarté du reste. Je veux que tu sois ici demain 8 heures, et nulle part ailleurs, tu m'as bien compris ?

-Kenny, tu peux me faire confiance tu...

Cassante, la voix de Kenny coupa le jeune homme d'un ton froid,

-Arrête de me contredire. J'ai l'emprise sur toute ta misérable petite vie, Kayle. Sans moi tu n'es rien. J'ai sauvé ta sœur et je t'ai sauvé toi, alors tu devrais pas être un peu plus reconnaissant ? Je peux détruire ta vie en un claquement de doigt, tu sais, alors ce serait malin de ta part de faire profil bas.

Livaï x Reader: La Fureur Du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant