Chapitre 49 : le début de la fin

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            Lidonna se leva tôt. Elle ne savait pas combien de temps était passé depuis la mort de Rordian. Elle ne savait pas si elle voulait savoir. Elle avait mangé l'assiette froide que lui avait laissée Sam la veille. Elle se dirigeait désormais vers la salle d'entraînement. Une rage bouillonnait en elle, et elle avait besoin de l'extérioriser. Malgré tout, même si elle était sortie de sa chambre, elle espérait ne croiser personne. Elle n'était pas sûre d'être prête pour les regards de pitiés, les condoléances ou tout simplement pour adresser la parole à qui que ce soit.

Elle se fondit droit sur les sacs de frappes. Elle voulait se défouler. Elle se donna alors à fond. Elle enchaînait coup de poings, coups de pieds à une cadence redoutable. Par rapport aux débuts de ses entraînements, ses mouvements étaient plus vifs, plus précis et plus forts. Elle était devenue meilleure. Elle était même devenue la meilleure. Elle était prête à en découdre.

Je le tuerais de mes propres mains. Je le ferais payer. Il ne fera plus jamais faire souffrir les gens que j'aime.

Sans même s'en rendre compte, un hurlement de rage et de douleur s'échappa de ses lèvres dans un ultime coup. Au même moment, une voix familière prononça son prénom dans son dos. Lidonna se tourna vivement vers Sam. Il affichait un air abasourdi. Quand il était venu la vieille, elle était toujours dans son état léthargique. Que faisait-elle là debout ? Il se frotta les yeux pour être sûr qu'il ne rêvait. Mais il avait beau cligner des yeux encore et encore, Lidonna se tenait toujours là debout devant lui. Ses cheveux roux étaient mal coiffés. De sa queue de cheval attachée rapidement s'échappaient de nombreuses mèches rebelles qu'elle n'avait pas pris le temps d'attraper correctement. Ses yeux émeraude étaient encore rouges et soulignés par de gros cernes qui prouvaient qu'elle dormait très peu.

Ils ne bougèrent pas pendant de longues minutes se toisant comme si l'un et l'autre pouvaient disparaître. Puis quand la douleur qui trouait sa poitrine devint vraiment trop insupportable, Lidonna se précipita vers Sam et se mit à pleurer dans ses bras. Son frère ne réussit pas à retenir ses propres larmes bien longtemps. Pleurer seule et pleurer dans les bras de quelqu'un était radicalement différent. Elle avait l'impression de se sentir bien plus soulagée. C'était comme si ces pleurs-ci étaient des pleurs de décharges à la manière d'un nourrisson. Ses doigts se crispèrent et serrèrent sur le t-shirt de Sam et les bras de son frère accentuèrent leur prise sur le corps de la rouquine.

Soudainement, Lidonna se rendit compte à quel point elle avait besoin de ce câlin, de cette pression contre son corps. En se levant elle était sortie de sa bulle de tristesse et de solitude et elle voulait à présent être entourée de ceux qu'elle aimait. Et elle voulait se battre.

« Où en est la potion ? demanda-t-elle quand ses pleurs cessèrent.

— Dans les prochains jours, elle sera terminée.

— Qui s'en occupe ?

— Des gens chez les Pieds-nus. »

Le nom de l'organisation des Kayoliens ayant perdus leur pouvoir surprit Lidonna. Elle n'avait pas pensé à eux depuis si longtemps. Comment vivaient-ils cette guerre ? Pour la première fois, elle s'inquiétait pour eux alors qu'elle les connaissait et qu'elle avait combattu à leur côté. Mais certainement que le Conseil avait une cellule dédiée à leur collaboration. Elle avait beau en faire partie, avec la mission de la potion, elle n'y avait presque jamais prit part. Après quelques secondes de bug, elle continua son interrogatoire pour se mettre à jour :

« Ils savent à quoi elle sert ? »

Sam secoua la tête.

« Il faut que l'on organise un plan pour la rencontre avec Harrgos. » déclara-t-elle déterminée.

Kilidohanas Tome 2 : Les Papillons [FIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant