Chapitre 32 : la suite ?

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Le moral était au plus bas au Cocon. La vidéo de la mort de Raya avait tourné parmi tous les membres. Les cœurs s'étaient brisés en apprenant la trahison d'Éléno ainsi que la mort de deux membres de leur Conseil. Ils étaient au tapis. Les Papillons avaient l'impression qu'ils avaient perdu la guerre, que tout était fini.

Le Conseil en plein deuil avait décidé de ne pas se réunir immédiatement. Quire et Careil pleuraient la mort de leurs femmes. Lidonna avait refusé de quitter une seule seconde Rordian qui était perturbé par la mort de sa mère.

« Tu es sûr que ça va ? demanda la rouquine pour la énième fois.

— Oui, tu le sais, je ne lui portais aucun amour. C'est étrange, évidemment, mais ça va. »

Lidonna hocha la tête et se blottit contre lui. Ils étaient dans la chambre de Rordian, allongés sur son lit depuis des heures. La jeune femme cherchait à entendre et sentir le moindre battement de son cœur. Elle avait tellement peur que sa résurrection ne soit que temporaire et qu'à tout moment, elle le perde à nouveau.

Rordian caressait ses cheveux tendrement. Maintenant qu'il avait conscience qu'elle était sa Protamentée, tout faisait sens dans sa tête. Pourquoi il entendait toutes ses pensées sans qu'il ne cherche à utiliser son pouvoir. Pourquoi il lui arrivait de ressentir sa présence et son mal-être. Pourquoi ses sentiments étaient aussi forts. Pourquoi il avait si peur de la perdre... Et il trouvait ça effrayant. Tenir à ce point à une personne c'était prendre le risque que sa perte soit encore plus douloureuse.

« Je sais que tu m'as dit que ça ne te fait rien... commença Lidonna en se tournant vers lui.

— Ok. Peut-être que si je te raconte mon histoire avec mes parents tu comprendras mieux pourquoi la mort de ma mère ne m'affecte pas.

— Tu es sûr ? Tu te sens prêt ? »

Rordian hocha la tête.

« Tu vas bientôt partir pour une expédition qui sera peut-être très longue...

— Si on décide de faire la potion. Puis qui te dit que ce sera moi qui irais ? Et pourquoi tu ne viendrais pas ?

— Pour tout un tas de raisons je suis persuadé que l'on décidera de faire cette potion. Pour tout un tas de raisons il y a de grande chance pour que ce soit toi qui partes. Et je ne viendrais pas pour la simple et bonne raison que je veux me battre directement contre les Ombres. »

Le cœur de Lidonna se serra. Elle avait tellement peur... Qu'allait devenir leur monde ? Des Papillons avaient été envoyés au château de la Reine. Ils n'étaient jamais revenus. Elle ne voulait pas qu'il meurt...

Rordian se redressa pour se mettre en tailleur sur le lit alors la rouquine se positionna de la même façon, face à lui.

« L'histoire est pas très longue. Ma mère a longtemps trompé mon père, avant la naissance d'Isis. Mon père lui en a voulu beaucoup, puis a fini par lui pardonner. Ils ont eu une enfant bien que ma mère n'en voulait pas. Mais c'est la seule raison pour laquelle mon père lui a pardonné : Isis. Quelques mois après sa naissance, ma mère est retombée enceinte. Mon père était sceptique de sa paternité parce qu'ils n'avaient pas prévu d'avoir un deuxième enfant puisque ma mère n'en voulait même pas un. Il a commencé à croire qu'elle s'était remise à le tromper. Mon père ne m'a jamais offert son amour. Jamais. Dans son cœur je n'ai jamais été son enfant. Et ça a empiré quand je n'ai pas développé mon pouvoir de Luminaire. Pour lui c'était une conséquence de la tromperie de sa femme, une punition pour avoir été infidèle. Et ma mère... Pour elle, c'était ma faute si mon père s'est remis à douter d'elle. Mes parents n'ont jamais été mes parents. L'amour que j'ai reçu, je le recevais des autres adultes des Papillons et de mes amis. Mes parents ont toujours été froids avec moi, durs et violents. Pas physiquement, mais psychologiquement. Ils ont toujours attendu plus de moi, comme si je devais faire mes preuves pour avoir le droit d'entrer dans la famille. Personne ne sait à quel point ils ont été loin avec moi, à part Firân. Je n'ai jamais osé en parler, encore plus quand ils ont rejoint le Conseil. Au début, ils se cachaient, ils étaient des gens radieux avec les autres, qui m'aurait cru ? Moi j'étais un enfant, je voulais juste que mes parents m'aiment comme ils aimaient ma sœur et mon frère... J'ai essayé tant bien que mal de gagner leurs faveurs, de faire tout ce qu'ils me disaient. Aujourd'hui je sais que ce qu'ils réclamaient était impossible à atteindre. Ils voulaient juste me briser. Et ils ont réussi... L'enfant que j'étais n'avait pas conscience que la manière dont il me traitait n'était pas normale... Alors, à Maguicaé, quand j'étais loin d'eux, je m'effondrais en pleurs parce que j'étais épuisé d'avoir l'impression constante de ne pas mériter de vivre, et Firân me ramassait à la petite cuillère. Il est entré aux Papillons parce qu'il voulait pouvoir me soutenir au quotidien. Et c'est grâce à lui que j'ai appris à m'aimer petit à petit. Jusqu'à la mort de Bénile... ça a été l'excuse parfaite pour laisser exploser leur haine... Je menais la mission, c'était ma faute s'il était mort... Tous mes traumatismes d'enfants sont ressortis à ce moment et ils ont réussi à me faire croire que j'étais celui qui l'avait tué, comme si c'était moi qui avait enfoncé le couteau dans son cœur. J'y crois encore un peu d'ailleurs... »

Kilidohanas Tome 2 : Les Papillons [FIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant