Chapitre 3

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Chapitre 2

Phoenix, États Unis, 10h27

Alicia et Éliane, dix-sept ans

Cours de l’école

-       Ali ?

Je la regardais en lui souriant pour la rassurer.

-       Désolée, j’étais perdue dans mes pensées, m’excusais-je.

-       Ça t’arrive souvent, ces derniers temps, me fit-elle remarquer. Écoute, je sais que je ne devrais pas insister comme ça, mais quelque chose te ronge, je peux le voir. Il faut que tu m’en parles, ça sert à ça, les amies !

Voilà, c’était dit. Elle me considérait comme une amie. Et elle était en grand danger, désormais, parce que l’affirmer à voix haute, c’était comme signer son arrêt de mort. Je me relevais d’un bond sous son regard surpris, les larmes aux yeux. Si je partais immédiatement, elle aurait peut-être une chance de s’en sortir vivante. Je me mis à courir, ne faisant pas attention à ses cris et ses appels. Éliane était la seule vraie amie que j’avais eu depuis ce qui me semblait des siècles, maintenant, et malgré tout ce que je pourrais penser, je ne regrettais pas de m’être liée à elle. Sauf maintenant. Alors que j’allais sortir de l’enceinte du collège, pourtant, elle parvint à me rattraper. Elle me prit les épaules en se plaçant devant moi, m’obligeant à la regarder dans les yeux.

-       Alicia, il faut que tu me parles ! supplia-t-elle.

Bon, d’un côté, je lui dis tout et elle me rejette. De l’autre côté, je ne parle pas, et elle mourra. Peut importe la manière, je me retrouve seule. Sauf qu’elle est en droit de savoir. Et puis, je me sentais en confiance avec elle. Je savais d’instinct qu’elle ne me trahira pas. Alors, je séchais mes larmes et me lançais dans la plus longue histoire que je n’avais jamais raconté, celle de ma vie, celle que je vis depuis onze ans maintenant. Elle m’écouta jusqu’à la fin, sans jamais m’interrompre et, moi, je lui parlais des morts, de mes cauchemars dont je ne me souviens jamais et qui reviennent me hanter chaque nuit, de la malédiction qui pèse sur moi si je puis l’appeler ainsi… de l’ombre. Et, quand j’eu terminé, j’attendis son verdict. Qu’elle parte en courant, qu’elle me gifle, qu’elle se mette à hurler… je m’attendais à tout. Sauf ça. En fait, elle se contenta de me serrer dans ses bras.

-       Je serais toujours là pour toi, Ali, promit-elle.

-       Tu… tu ne me prends pas pour une folle ? m’interloquais-je. Ou une meurtrière ? Tu n’es pas complètement terrifiée ? Ou en colère que je t’ai caché ça ?

-       Tu n’es pas folle, affirma-t-elle.

Elle se mordit la lèvre inférieur, comme hésitante, puis me regard sérieusement dans les yeux.

-       Je la vois aussi.

J’écarquillais les yeux.

-       Moi aussi, je vois l’ombre, répéta-t-elle d’un ton bas. Pas très souvent mais, parfois, quand il fait nuit, je me réveille. Sans savoir pourquoi, je m’approche de la fenêtre et là, dehors, je vois une ombre aux yeux mauves et luminescents voler au dessus des maisons. Sauf que je n’ai jamais eu de contacts avec elle.

-       J’ai peur, Éli, avouais-je. J’ai peur. Elle rode autour, je ne sais jamais quand elle va frapper. J’ai peur de ce qu’elle pourrait te faire, j’ai peur de ce qu’elle pourrait me faire. Elle m’a suivit plus de la moitié de ma vie, et c’était toujours pour faire du mal à ceux que j’aimais !

Once Upon A Time, Two DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant