Chapitre 17

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Point de vue de Zoé :

Qui aurait cru que le destin nous réunirait ici, juste toi et moi, à une distance aussi réduite l'un de l'autre...

Tu me laisses aborder les courbes de tes muscles avec finesse, mais ton esprit semble ailleurs... Ton regard et ton silence en disent beaucoup plus que tu ne le penses, j'aimerais pouvoir t'aider, accéder à ton cœur qui ne demande qu'à être aimé...

Mais je ne sais comment agir. J'ai bien trop peur de trahir mes sentiments, face à l'homme qui me fait tant rougir...

Tu n'auras pas d'autres occasions comme celle-là Zoé... Ne faiblis pas, surtout pas maintenant.

— Euh... Je passe à ton visage, l'avertis-je sans succès.

Son regard semblait toujours aussi éteint, morne, sans la moindre once de lumière.

D'une main, j'incline sa tête sur le côté et d'une autre j'effectue mon travail.


— Si tu continus à plonger ton regard dans l'abîme, l'abîme te regardera aussi. Dis-je spontanément.


Merde, pourquoi j'ai dis ça moi ?!

Voyant son air stupéfait, je décide de rectifier mes propos :

— Enfin, ce que je veux dire c'est que... Tu sembles si obnubilé par l'idée d'éradiquer une certaine menace dont tu ne réalises pas que les moyens mis en œuvre pour y parvenir, te rendent tout aussi mauvais. Tu es comme ce soleil caché par les nuages, tu ne souhaites que briller et pourtant, tu te plonge involontairement dans la pénombre...


Du côté du jeune guitariste :

Je crois qu'elle essaie de m'avertir sur le fait que combattre un mal peut conduire, si nous n'y prenons pas garde, à devenir et incarner le mal même que nous combattons.

Elle n'a pas tord là-dessus.

Toute cette haine, cette colère et même cette jalousie cachée, finira bien par me revenir en pleine face, j'en suis conscient... Et pourtant, je continu tête baissée à plonger dans le néant.

Zoé semble très sensible à ce que ressentent les autres, elle y prête même beaucoup d'attention. Et contrairement à moi qui ne sait que s'exprimer au travers d'une guitare, elle sait très bien placer des mots sur ses émotions. C'est une chose que j'aime beaucoup chez elle.


Point de vue de Zoé :

— Il y a des abîmes d'où personne ne peut sortir... Comme si notre place était là-bas en fin de compte... Répondit-il en plantant son regard dans le miens.

— Ne dis pas ça... Je ne veux pas paraître indiscrète, ni même t'offenser en te posant cette question mais... Commençai-je avec incertitude. Non, c'est sans importance... Repris-je en me concentrant à nouveau sur mon travail.

— Si tu te demandes si nous sommes aussi heureux que nous le prétendions, et bien c'est faux, dit-il d'une faible voix en baissant les yeux.

Identité masquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant