Chapitre 11 : Alanna

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Quand j'ai entendu l'aboiement derrière moi, j'ai tout de suite su que je n'aurai jamais dût l'attendre pour lui montrer le chemin à suivre.

- Waouh !

Zut il est rapide le Loup ! Pensais-je en rigolant. J'accélérais le mouvement pour ne pas me faire doubler. Ce serait bête et il ne va pas arrêter de m'embêter avec ça ! Je grognais donc suffisamment fort à son adresse pour qu'il puisse bien comprendre le message. Si un sourire faisait du bruit, j'aurai pu l'entendre mais là je n'ai pas eu de mal à l'imaginer, avec ses jolies fossettes et ses yeux qui brillent quand je fais une bêtise. Bon sang mais qu'est-ce qu'il se passe dans ma tête ?! Je n'avais jamais couru aussi vite, comme si ma vie dépendais de cette course. Mon instinct de louve pris le dessus sur ma raison : la présence d'un prédateur qui me courais après me donnais des ailes. Je puisais dans mes dernières ressources alors que la maison n'étais plus qu'à une vingtaine de mètres.

J'arrivais finalement la première à la maison suivie de Alban quelques secondes plus tard. Un grognement sourd se fit entendre et une énorme louve beige sortie de la maison pour se jeter sur Alban. Elle le plaqua au sol et referma sa mâchoire sur sa gorge. Alban réussit à éviter les longs crocs de ma mère, au même moment, je me jetais sur elle et la fit rouler loin d'Alban.

- Stop maman !

Elle se débâtie puis une vague de pouvoir nous fouetta : l'alpha avait parlé. Alban s'avança en montrant les dents puis fit claquer sa mâchoire devant le nez de ma mère. Jamais, au grand jamais un jeune loup n'avait manqué de respect à ce point à ma mère (même si Alban n'était plus si jeune que ça). Je me rebellais contre le pouvoir puis je m'avançais en grognant, gardant ma mère dans mon dos pour la protéger. Saura arriva à ce moment et remarquant la tension qui régnait, elle accouru sous forme humaine :

- STOP !! ON SE CALME, PERSONNE NE VA SE BATTRE ! TOUT LE MONDE SE CALME !

Une vague incroyable d'autorité me fouetta en plein visage et je reculais.

Après s'être un peu calmée, ma mère ordonna aux deux intrus de renter chez eux. Ils partirent donc la queue basse et démoralisés.

- Alban ! Attends moi ! Criais-je peu de temps après leur départ.

Il se retourna, étonné.

- Je suis désolée pour ma mère, elle a cru que tu m'attaquais et elle n'a pas remarqué que c'était un jeu.

Voyant qu'il ne répondait pas, je commençais à m'éloigner, blessée. Il me tenais responsable de cette situation et j'en avais le cœur brisé.

- Alanna, chuchota-il soudain.

J'essayais de me retourner mais deux bras puissants me maintenaient en place. Il attrapa mes deux poignets d'une seule main et de sa main libre il me maintenait la nuque pour que je ne puisse pas tourner la tête. Tu ne veux pas que je te vois ? Pensais-je, ahurie.

- Il est assez vexant de savoir que je me suis fais surprendre. J'ai manqué de vigilance et j'ai failli en mourir. Murmura-t-il à mon oreille.

Il souffla en continua :

- Dans mon ancienne meute, j'étais un des meilleurs combattants, je ne me laissais jamais surprendre. Aujourd'hui je me suis laissé surprendre et c'est seulement grâce à mes réflexes que j'ai réussi à m'en sortir vivant.

C'était donc ça, tu t'en veux de t'être laissé surprendre... et tu as honte de ça...

- Tu t'en veux de t'être laissé surprendre ?

Il grogna, preuve que j'avais touché un point sensible. Il hocha néanmoins la tête. Incroyable ! Pensais-je. Peu de loups aussi dominants avouaient leurs faiblesses et leur honte. Puis quelque chose s'insinua dans mon esprit : Et si tu n'étais pas partis de ton plein gré de ta meute ? Laisser un loup aussi puissant et dangereux pouvait se révéler dangereux pour l'alpha d'une meute. Ils t'ont fait exiler ? Alban m'interrompis dans mes réflexions :

- Je vais y aller sinon ta mère risque de vouloir me faire cuire avec les lapins qui mijotent...

Tentative dérisoire d'humour pour cacher son trouble.

- Et il risque de ne plus y avoir à manger si tu ne dépêches pas ! Embraya-t-il malicieusement

- Oh bon sang ! C'est vrai ça ! Tandis que mon estomac gargouillait.

Il me lâcha donc en rigolant puis il partit. Je le regardais s'éloigner quand il lança une dernière bombe :

- La prochaine fois je te battrais, petite Louve !

- Cours toujours ! Criais-je

Il ricana puis transmuta et s'évapora dans la nature.

Maman nous a passé un sacré savon, même Saura baissa la tête en signe de soumission. Je savais qu'elle ne nous en voulais pas : elle avait eu la peur de sa vie en croyant que j'étais attaquée, elle avait donc attaqué pour me défendre et elle aurai pu y laisser sa vie. Je m'en voulais pour ça. Je vais apprendre à me battre pour pouvoir me défendre seule ! Pensais-je. Et je savais exactement à qui j'allais demander de m'entraîner.

Le souffle du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant