81. Se débrouiller

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"C'est pas de chance quand même," soupira Denki. "On arrive au moment où elle est pas là."

"Ca fait combien de temps qu'elle t'a pas envoyé de message ?" s'enquit Sero en regardant Shoto.

Ce dernier consulta son téléphone. "Elle m'a envoyé un message jeudi matin et depuis, plus rien."

"Et elle t'en envoyait tous les jours ?" demanda Denki. 

"Oui."

"Ce que je trouve drôle," confia Eijiro à Katsuki, "c'est que Shoto dit que ce n'est pas sa copine et qu'il est pas intéressé mais il aide quand même Denki et Sero dans leurs recherches."

"Ca m'étonne pas de lui," marmonna Katsuki sans même desserrer les dents.  

Shoto rangea son téléphone dans sa poche. "J'ai promis à Izuku et Iida que je m'entraînerais avec eux cet après-midi. Il faut que j'y aille."

"Sérieux ?" soupira Denki. "Tu veux pas plutôt passer plus de temps avec nous ?"

"Une promesse est une promesse," répondit simplement Shoto. Il enfila sa veste et murmura des salutations avant de quitter la chambre. On entendit ses pas résonner dans la maison, les mots qu'il adressa aux Bakugo, puis la porte d'entrée se referma et on n'entendit plus rien. 

Soudainement, Denki se tapa le front. "Mince ! J'ai pas retenu le nom de sa copine."

"Moi non plus !" réalisa Sero. 

"MOI NON PLUS !" hurla Sasaki. 

"Ah, zut !" s'exclama Eijiro en prenant une mine affligée. Il se tourna vers Katsuki et lui adressa un clin d'oeil en murmurant, "Ce qu'ils savent pas, c'est que je l'ai retenu, moi."


Yoake passa la soirée enfermée dans la salle de bains. Elle avait beau tout essayer, crème, fond de teint, maquillage, elle ne parvenait pas à cacher le bleu de sa pommette. Ren Kae lui avait infligé des bleus sur les bras et les jambes, aussi, et il n'avait pas épargné son nez, qui avait saigné pendant un petit moment avant qu'elle rentre. Son ventre était constellé de tâches sombres. 

En s'appuyant un peu trop sur le rebord du lavabo, Yoake raviva la douleur provoquée par la plaie qu'elle avait à la main droite. En tombant au sol, sous les coups de Kae, sa paume avait été entaillée par un caillou un peu trop pointu. Elle avait désinfecté, malheureusement il serait nécessaire de mettre un pansement ou un bandage pour protéger de toute réouverture. Elle n'aurait qu'à dire à son père qu'elle avait mis la main sur un caillou pointu ; après tout, ce n'était pas entièrement faux. 

Son téléphone, posé à côté du robinet, sonna. Yoake hésita un moment en voyant le nom de Kase s'afficher à l'écran. Finalement, elle prit l'appel ; Kase ne pourrait pas voir qu'elle était blessée à travers un appel téléphonique. 

"Allô ?"

"Yo !" s'exclama Kase, visiblement de bonne humeur. "Bien rentrée ?"

"Oui." Elle jeta un oeil au visage que lui renvoyait le miroir. Elle était rentrée en un seul morceau, c'était déjà ça.

"Cool. Eh devine quoi, j'ai une nouvelle copine ! Elle s'appelle Asuka, elle est sublime. Elle est en troisième. A la base elle sortait avec un quatrième mais il paraît qu'il a tabassé quelqu'un, alors..."

Yoake cessa d'écouter. En se regardant dans le miroir, elle avait juste envie de fondre en larmes. Elle avait appris, au fil du temps, que pleurer ne servait à rien, alors elle arrivait à se retenir. Mais entendre la voix de Kase, parler de cette fille, c'était de trop. Elle raccrocha et se laissa tomber sur le tapis qui gisait devant le lavabo. Son postérieur la fit brièvement souffrir à l'impact. 

Si seulement elle n'avait pas frappée Narita. Si seulement elle n'avait pas répondu à ses provocations. Si seulement elle n'avait jamais été dans ce lycée, si seulement elle n'avait jamais déménagé. Si seulement Shinobu était toujours là...

C'est de ma faute, ce qui m'arrive. Je le méritais, je méritais cette correction. Peut-être qu'un redressement un peu moins brutal aurait été mieux, mais on n'a pas toujours le choix. 

Elle enfouit son visage dans ses bras. 

Pourquoi est-ce que ça fait si mal ?

Redressant brusquement le menton, elle se promit de rester forte. Et aussi de s'excuser auprès de Kase dès qu'elle le reverrait. 


En se levant le lendemain, Yoake fut comme à son habitude saluée par son père qui préparait à manger. En voyant l'hématome sur sa pommette, qui avait pris une teinte encore plus foncée dans la nuit, il ouvrit la bouche et lâcha les ustensiles qu'il tenait dans les mains.

"Q-qui t'a fait ça ?" bafouilla-t-il en approchant d'un pas tremblant. 

Yoake effleura l'hématome sur son visage du bout du doigt. "Ca ? Je suis tombée du lit cette nuit et je me suis cognée contre le bord de ma table de nuit."

"Tu t'es fait ça en tombant du lit ?" demanda Hashibira en reprenant des couleurs. "Tu... tu m'as fait peur. J'ai cru que quelqu'un t'avais agressé."

"Ne t'inquiètes pas," le rassura Yoake, esquissant un sourire. "Si une telle chose arrivait, je te le dirais."

Le regard de son père se posa sur sa main droite, enroulée dans un bandage qui recouvrait l'intégralité de sa paume. "Et ça ? C'est aussi en tombant de ton lit ?"

"En rentrant à la maison, hier soir, j'ai trébuché et j'ai mis la main sur un caillou pointu," expliqua Yoake sans se démonter. "Mais ça va, t'inquiètes pas, j'ai désinfecté."

Peu convaincu, Hashibira la contempla encore quelques instants avant de se tourner vers la casserole posée sur l'une des plaques chauffantes de la cuisine. Yoake cligna des yeux pour finalement se laisser tomber sur la chaise devant elle. Elle dut lutter pour garder son sourire, comme si de rien n'était. Elle ne voulait surtout pas causer d'inquiétude à son père. Elle allait se débrouiller comme une grande, et se sortir de cette situation comme le ferait n'importe quel adulte. 

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