87. Crêperie

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Shoto passa son doigt sur l'étagère poussiéreuse au-dessus du sofa. Plusieurs trophées, des photos d'Akemi et la photo d'une jeune femme étaient posés dessus. Il tendit le bras pour prendre la photographie de la femme entre ses mains. Elle avait des yeux d'un bleu très foncé, presque violacé, et des cheveux mauve foncé. Ses traits étaient très doux, elle avait l'air très jeune. Il crut presque reconnaître quelqu'un dans son visage, mais il n'aurait su dire qui. Il reposa délicatement le portrait à sa place sur l'étagère. 

Plus loin, dans l'entrée, les voix de Katsuki et Matsuo résonnaient entre les murs.

"Tu peux enlever tes chaussures, si tu veux."

"Pas besoin, je sais marcher avec !" râla le blond. 

"En fait elles sont sales, je préfèrerais que tu les enlèves."

"Puisque je te dis que c'est bon !"

"Et moi je te dis que tu dois les enlever sinon tu vas tout salir !"

"MAIS-"

"BON KATSUKI TU FERMES TA GUEULE ET TU ENLEVES TES GODASSES SINON TU RESTES DEHORS !" hurla Akemi dans la cuisine.

Cette fois-ci, Katsuki grogna quelque chose d'incompréhensible et se décida enfin à enlever ses chaussures. Matsuo le suivit dans le salon avec un "Ah ben voilà !" satisfait. 

Katsuki retourna s'asseoir sur le pouf qu'il s'était attribué. Shoto s'écarta de l'étagère pour retourner s'asseoir sur sa chaise. Ils faisaient un peu coincés, tous les deux, mais ils n'était pas très à l'aise. Ces retrouvailles étaient plutôt... inattendues. 

Après quelques instants, Akemi revint avec un verre de menthe dans les mains. Elle s'assit doucement sur le canapé, imitée par Matsuo. Puis elle leva les yeux vers Katsuki et Shoto. 

"Vous allez bien ?" demanda-t-elle.

Shoto hocha la tête. Avant qu'elle puisse demander autre chose, il la précéda : "Comment se fait-il que tu sois vivante ? Les morts ne reviennent pas à la vie."

Akemi s'appuya contre le dossier du sofa. "C'est une très longue histoire."

"On n'est pas pressé."

Elle soupira. "Si tu insistes." Avalant une gorgée de menthe, elle commença, "Je suis restée à l'hôpital pendant longtemps. J'ai aussi eu des problèmes encore plus graves après m'être échappée pour aider Katsuki à sortir des griffes des vilains." Katsuki renfila à la mention de cet événement. "Après il s'est passé tous ces trucs, comme vous le savez, jusqu'au jour où mon corps a été retrouvé. Shota m'a raconté qu'il était persuadé qu'il restait un souffle de vie en moi. Alors il m'a amenée aux urgences et ils se sont occupés de moi. Mon état est resté très fragile pendant de nombreux mois. Le corps que vous avez vu à mon enterrement, et celui qu'il y avait dans la tombe, c'était pas le mien. Shota avait décrété que mon existence resterait un secret jusqu'à mon rétablissement complet. Pour éviter que les vilains s'en prennent de nouveau à moi."

"Ce qui veut dire que Katsuki et moi avons été dévastés pour la mort d'une personne que nous ne connaissions pas ?" demanda Shoto. 

"J'ai pas été dévasté !" grogna Katsuki. 

"Pas vraiment," répliqua Akemi. "Vous étiez tristes pour moi, pas pour le corps." Elle ajouta, "T'as vraiment pas changé, Shoto. Tu es toujours aussi..."

"Idiot ?" proposa Katsuki. 

Elle sourit en secouant la tête, mais ne répondit pas. Shoto les regarda tour à tour sans aucune réaction.

"C'était pas si long que ça," remarqua Matsuo.

"On t'a pas sonné !" rétorqua Akemi. 

Katsuki lança un regard noir au jeune homme. Ou peut-être était-ce un regard normal, Shoto n'arrivait toujours pas à faire la différence. 

"C'est qui lui, alors ?"

"Je suis sortie avec lui l'année dernière," expliqua Akemi. "Comme ça marchait pas trop entre nous, on est devenus meilleurs amis."

Katsuki plissa les yeux à la fin de sa phrase. Il croisa les bras et poussa un "hmf" de mécontentement. Shoto n'avait aucun mal à deviner la cause de son agacement. Akemi dut le deviner aussi, étant donné qu'elle était très intelligente, mais son visage resta neutre. 

"Si on allait rejoindre les autres à la crêperie ?" proposa Matsuo. 

"Allez-y, toi et Katsuki," répliqua Akemi. "Je te rappelle que j'ai mon rencard avec Shoto."

"On n'est plus obligés de le faire," affirma le lycéen aux cheveux bicolores. "Maintenant que nous savons qui il y avait de l'autre côté de l'écran."

"C'est quand même une drôle de coïncidence que vous vous soyez retrouvés sur ce site de rencontre," remarqua Matsuo d'un ton empreint d'innocence en coulant un regard appuyé à Akemi.

Cette dernière le contempla de son habituel visage impassible. "Drôle de coïncidence, en effet."

"Nous aussi, on a plein de choses à raconter," intervint Shoto. "Katsuki est papa."

"Quoi ?!" s'exclama Akemi. "J'y crois pas. Comment elle s'appelle ? Vous me la ferez rencontrer ?"

"Elle s'appelle Yoake," répliqua Shoto tandis que Katsuki se levait. Le blond rejoignit l'entrée, enfila ses chaussures et quitta la maison en claquant la porte. "Et il y a de grandes chances pour que tu la rencontres un jour, c'est la copine de Katsuki et ma meilleure amie."

Akemi cligna des yeux à la mention des mots "meilleure amie" mais ne réagit pas. A la place, elle regarda l'endroit où avait disparu Katsuki. "Pourquoi il s'est barré ?"

"En ce moment, Yoake est un sujet assez sensible à aborder," expliqua Shoto. "Il y a eu beaucoup d'histoires entre eux, ils se sont réconciliés il y a pas longtemps. Et ils ne peuvent plus se parler parce que Katsuki a cassé son téléphone et sa mère ne veut pas lui en acheter un autre. Je pense qu'elle lui manque mais qu'il ne veut pas l'avouer."

"Elle est gentille, Yoake ?" demanda Matsuo, captivé.

Shoto hocha la tête. "C'est probablement la fille la plus gentille et sensible qui ait jamais existé. Elle fait beaucoup d'erreurs, mais elle s'en rend souvent compte."

Matsuo glissa un regard à Akemi, mais cette dernière s'était levée. "Bon, je suppose qu'on va aller le chercher. Et après, on ira à la crêperie. OK ?"

"D'accord," acquiesça Shoto. Il se leva de sa chaise et laissa Akemi passer devant lui dans l'entrée. Elle ouvrit la porte et se dépêcha de rejoindre le trottoir. Shoto s'apprêtait à la suivre, mais le souffle de Matsuo près de son oreille l'arrêta.

"Fais attention à ce que tu dis, Shoto Todoroki. Akemi n'est pas le genre de fille qui aime servir de joujou aux garçons."

Shoto le regarda sans comprendre. "Je ne joue pas avec elle. Si ?"

Matsuo secoua la tête. "T'es aveugle ? Ou peut-être juste un cas désespéré."

The game || My Hero AcademiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant