La mort vous va si bien

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Hpmph, j'ai mal au cou... Je ne me souviens d'absolument rien, ce qui est embêtant car j'aimerais bien savoir comment j'ai fait pour atterrir ici dans cette pièce toute grise, sans portes ni fenêtres... Brrr, cette ambiance me fait froid dans le dos, on dirait un mélange macabre de cellule de prison, chambre d'hôpital et espace d'isolement d'asile. Pas de couleur, que du gris, les murs qui suintent d'humidité, une odeur digne des morgues les plus sales, et une atmosphère psychologiquement pesante.

Tiens ? Que fait ce corps sur ce lit ? C'est ça qui pue comme ça ? Elle me regarde ! C'est quoi ce délire ? Non ce n'est pas possible, c'est un cadavre... ça ne bouge pas les cadavres :

- Qui êtes-vous ?

Je n'ai pas pu m'empêcher de sursauter. La bouche de la femme sur le lit a remué et a prononcé ces mots en un soufflement à la fois faible mais parfaitement audible.

- Allons, ne soyez-pas timide, approchez-vous.

Je ne suis pas sûr d'en avoir envie.

- J'insiste, sinon c'est moi qui viens vous voir.

Je ne me souviens pas avoir parlé tout haut... Mais peut-être que si, mon esprit est tout embrouillé :

- Euh... Non, restez là où vous êtes, je... j'arrive...

Elle n'est peut-être pas morte et ne s'est juste pas lavée depuis... Au secours ! C'est quoi cet endroit ? Elle est lacérée de partout de coups de couteau. On peut même voir ses tripes à certains endroits... Non... elle est vraiment morte, j'ai la nausée... Je vais me réveiller ! Allez !

- Assieds-toi et parle-moi de toi... allez, assieds-toi ! Tu seras plus à l'aise.

Je ne suis pas certain d'avoir envie de la contrarier.

- D'accord.

Je m'assieds donc. Mais c'est étrange, j'ai l'impression qu'elle est désormais dans mon dos, je fais face à un mur gris. Ah, suis-je bête, il faut que je me retourne. Nouveau sursaut de terreur : elle s'est assise, son cou est à moitié tranché, sa tête pendouille avec un angle étrange ! Je peux voir clairement son visage totalement défiguré, et son corps lacéré. Sa tête est toute proche de la mienne. Qu'est-ce qu'elle va me faire ? Je ne veux pas mourir... je suis terrorisé, je me sens paralysé... et étrangement, je ressens de la pitié pour elle :

- Je vous plains, ma pauvre, vous n'avez pas eu une belle mort.

Tout à coup, je vois à travers ses yeux... Je ne comprends pas trop pourquoi, mais je me vois telle qu'elle me voit... Et... J'ai la tête tournée à 180°, dans un angle... humainement impossible. Non... Pire...

- Je vous plains aussi mon bon monsieur... La vôtre n'a pas dû être belle non plus.

Le mot de l'auteur : "'La mort vous va si bien' est une autre petite nouvelle tirée d'un autre de mes cauchemars que j'ai fait récemment, comme 'Sauvé ?'. Je ne fais d'habitude pas de cauchemars aussi tourmentés... Mais là, ceux-ci étaient particulièrement effroyables. Heureusement que lorsqu'on se réveille de ça, même si la terreur est toujours là, on se rend vite compte que ce n'était qu'un mauvais rêve."

Crédit image : Enrique Meseguer - Pixabay   

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