Meurtre parfait

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11h

- Lieutenant Tarn ?

Je regardai la jeune recrue de la police qui attendait patiemment une réaction de ma part. Même si je savais déjà ce qu'elle allait me dire, la procédure voulait qu'elle me fasse son rapport. Je lui fis un signe de tête pour lui signaler que je l'écoutai.

- C'est hallucinant, nous n'avons retrouvé aucune trace d'un quelconque meurtrier sur le lieu du crime, me dit-elle sans cacher une certaine fascination. On dirait que le meurtrier est une sorte de fantôme, qu'il passe à travers les murs ou qu'il ne possède tout bonnement ni peau, ni poils, ni empreintes...

Même si c'était interdit sur les lieux d'un crime, j'allumai une cigarette pour faire passer ma lassitude. C'était le troisième meurtre identique, en six mois, pour lequel nous ne parvenions à trouver la moindre piste. Impossible de trouver un quelconque lien entre les victimes. Le meurtrier était méthodique, précis, intelligent... un véritable génie du crime. De toute ma carrière, je n'avais jamais vu ça.

Je tirai sur ma cigarette tout en réfléchissant. Il devait bien y avoir un détail, même insignifiant, qui pourrait nous aider à arrêter cet assassin...

- Merci pour ce rapport, je prends la relève, vous pouvez disposer.

Je mis mes gants blancs et commençai à investiguer moi-même les lieux. Les quelques autres policiers sur les lieux s'écartèrent naturellement, c'était la première fois qu'ils me voyaient agir ainsi. A dire vrai, cela faisait un moment que je n'avais pas mis ces gants, j'espérais ne pas être trop rouillé.

Je fouillai et regardai les moindres recoins du petit appartement. Nous étions au dixième étage d'un immeuble. Le meurtre s'était déroulé durant la nuit, les voisins n'avaient rien entendu, rien vu... Si la victime, une jeune trentenaire, n'avait pas attendu de la visite ce Dimanche, nous n'aurions découvert le corps que bien plus tard.

Selon toute vraisemblance, le meurtrier avait dû passer par la porte d'entrée. A moins qu'il ne soit un équilibriste sur-entrainé, il n'y avait aucun accès facile aux fenêtres de l'appartement depuis l'extérieur. La porte n'était pas verrouillée lorsque l'amie de la victime est arrivée. Cette dernière avait retrouvé son amie allongée sur le sol du salon, baignant dans une mare de sang. Un trou parfaitement rond perforait sa poitrine de part en part comme si elle avait été transpercée par un pique-feu.

Nous n'avons jamais réussi à trouver la moindre arme de crime. C'était d'ailleurs une constante dans les meurtres : ce trou rond en pleine poitrine. Le meurtrier utilisait sûrement toujours la même arme. Nos experts avaient fait un moule à partir des blessures des précédentes victimes, mais impossible de savoir ce que c'était.

Revenant de mes pensées, j'essayai de visualiser mentalement ce qui s'était passé. Selon les dires de l'amie de la victime, cette dernière verrouillait toujours sa porte dès qu'elle rentrait, par pure méfiance. Autrement dit, elle avait sciemment fait rentrer le meurtrier. Je me mis à la place de la victime. Je fermai la porte, la verrouillai et enclenchai la chainette de sécurité. Je rouvris la porte sans retirer la chainette.

Le meurtrier devait se tenir juste derrière la porte. Il a dû lui dire quelques paroles convaincantes afin qu'elle le laisse entrer. Je retirai la chainette et ouvris. Je me déplaçai tout en regardant derrière moi, mimant une scène où moi, la victime, conversai avec le nouveau venu. Je continuai de m'avancer jusqu'au salon.

Pourquoi avais-je dû me rendre au salon? Et pourquoi ouvrir la porte à un total inconnu? Un livreur peut-être? Hmm... Je regardai autour de moi et vis le sac de la victime posé sur le canapé. Je pris ce dernier et renversai son contenu à même le sol. Rien de bien inhabituel... si ce n'est qu'il semblait manquer le porte-feuille comme pour les autres victimes. Le meurtrier les collectionnait-il comme trophée ?

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