Chapitre 4 - C'est qui lui ?

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─ Hey, Andy, un autre café ? lui propose le jeune maître d’hôtel en lui offrant une tape dans le dos, amicalement.
─ Va pour un deuxième, répond l’homme extrêmement beau d’un timbre légèrement rauque.

Même sa voix est charmante, pensé-je. Je déguste mon petit-déjeuner maladroitement depuis cinq bonnes minutes, car j’ai eu la mauvaise idée de m’attabler à cette place qui me positionne directement dans sa ligne de mire. Et cet homme est ce que l’on peut qualifier d’indiscret.
Je prends soin d’éviter son regard sondeur, mais ça ne m’empêche pas de sentir ce dernier posé sur moi. Une drôle d’énergie vibre en moi en m’hérissant les duvets sur ma nuque jusqu’au milieu de mon dos. Pourquoi cet individu me met autant mal à l’aise en me provocant ce genre de choses ? C’est insensé. Du grand n’importe quoi.
Je profite que le maître d’hôtel tape la discute avec lui pour me goinfrer aussi vite que je le peux en terminant par avaler mon jus d’orange version XXL. Une fois chose faite, je me lève en enfilant mon sac sur le dos et crochetant celui contenant mes affaires mouillées à mon bras.
L’homme gérant l’hôtel voyant mon mouvement, se lève et s’empresse de venir me rejoindre tandis que je traverse la salle afin de quitter ce lieu charmant.

─ Ça a été pour vous, Miss Evans ? s’enquit-il dans un large sourire.
─ C’était parfait. Je recommanderai, ça c’est certain.
─ C’est très gentil à vous. Un dernier café, ça vous dit ? me propose-t-il avec une note d’espoir tandis que je le contourne avec en vue la sortie.
─ Oh, euh non merci, désolée, mais je dois vraiment y aller, m’excusé-je en lui offrant une moue navrée.
─ Dommage, dit-il déçu, mais en souriant tout de même.

Je comprends que le maître d’hôtel avait peut-être des vues sur moi depuis ma venue, la veille. Oups, j’étais tellement vannée que je n’y ai prêté aucune attention. Je le salue poliment et sors de l’établissement tandis que la voix du bel homme me parvient dans un rire par l’embrasure de la fenêtre où il se trouve.

─ Tu sembles rouillé, vieux, se marre-t-il.
─ La ferme, And’, râle l’autre.

Je secoue la tête en me retenant de sourire et jette un dernier coup d’œil à l’engin toujours garé à la même place. Je laisse glisser l’extrémité de mon index dessus tandis que je passe à côté en évaluant le revêtement mat noir extrême qu’offre ce genre de peinture en ajoutant une certaine sophistication à la moto.
On peut dire que de jour elle en jette beaucoup plus que la veille. C’est une merveille que je prends la peine de photographier tout comme j’ai pu le faire pour l’hôtel et d’autres lieux que j’ai été amenée à voir.
Je continue ma route en direction de la laverie que je ne tarde pas à apercevoir avec un commerce à proximité.

Je lance la programmation et j’ai une demi-heure devant moi pour me réapprovisionner en barres protéinées, sticks de viandes séchées et déodorant. J’ai déjà rempli mes deux gourdes d’eau à l’hôtel et je mange plus particulièrement en commandant à des petits foodtrucks ou snacks.
Ces petits encas me serviront sur la route si jamais je n’atteins pas une bourgade et que je doive dormir dehors sous la petite tente qui ne tient que dans un minuscule sac dans une partie de mon sac à dos.
C’est ce que je devais faire à la base, mais dormir toute seule me semble tout de même risqué, donc je privilégie les hôtels, motels, particuliers qui proposent le gîte que devoir camper en solo. Au moins ça m’offre la possibilité de pouvoir bien dormir et récupérer alors que sous la tente, je passerais la nuit à écouter le moindre bruit. Ce choix s’est vite imposé à moi.
Mon téléphone portable sonne et la mélodie m’informe qu’il s’agit de Salomé. Je décroche tout en sortant ma carte bleue tandis que je me trouve à la caisse.

─ Vends-moi du rêve, dit-elle alors que je devine son large sourire.
─ Je me trouve à Pittsburgh, lui apprends-je en souriant.
─ Déjà ?! Donc ça veut dire que t’as osé faire du stop et monter à bord d’une voiture. Attends, ne me dis pas que c’était un camion avec un camionneur hyper chelou qui avait dans l’idée de se taper une belle femme…
─ Mais non, me marré-je.

Andy, je dis oui ! (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant