🖋Effets de réel

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Dimanche 16 mai 2021

Bonjour bonjour OUI JE SAIS JE N'AI PAS POSTÉ LA SEMAINE DERNIÈRE.

Je m'en excuse. Pas le temps et pas d'idées (j'arrive un peu à court de celles-ci aïe aïe ouille). Mais ! J'ai eu une petite idée d'article hier.

Enfin aujourd'hui. A l'heure où j'écris ça. Parce que là, je rédige l'article le samedi 15. Pas le dimanche. Pas aujourd'hui. Enfin, pas demain pour moi.

(Introduction terriblement complexe dites donc).

Alors ! Aujourd'hui (dimanche), on va parler de ces petits trucs qui rendent un manuscrit vraisemblable. Ce que moi, j'appelle « effet de réel ».

On fait tous cette erreur, au début, de rendre tout ce qu'on écrit agréable. Tout est beau, même la laideur est belle.

Mais en fait, la vie, ce n'est pas ça.

J'ai remarqué qu'on a tendance à vouloir éviter les adjectifs péjoratifs. Pour tout (et surtout pour décrire nos personnages). Et ça, c'est embêtant.

Parce que ça ne fait pas réel.

Donc, premier effet de réel: décrire (mon correcteur m'a mis « d'écrire »: pourquoi pas après tout ?) négativement.

Deuxième effet: être réaliste.

Tout simplement.

Prenons cet exemple: on a déjà tous lu une scène où une fille (qui qu'elle soit) a les cheveux mouillés, et ceux-ci « bouclent joliment, mettant en valeur son joli visage, la rendant encore plus jolie ».

Ouais, mais non. Parce qu'on va pas se mentir, à la sortie de la douche, quand on a les cheveux longs trempés, on a juste envie d'une chose: commettre un meurtre lorsqu'il faut démêler tout ça et pour avoir une tête un peu plus potable.

Donc, pourquoi raconter des salades en disant que les cheveux bouclent ? Pourquoi ne pas dire qu'ils sont emmêlés ?

Parce que ça ne fait pas rêver.

On en revient au fait que même la laideur est belle, vous voyez ?

On a cette tendance à tout rendre plus beau, plus poétique. Sauf que ça ne fait pas réel. On a tellement l'habitude de vivre dans le réel qu'on oublie ce qu'est le réel.

Et du coup, notre histoire ne fait plus trop réelle.

Cherchez tous ces petits trucs qui fait que la réalité est la réalité. Des personnes portant le même prénom (on a tous eu une Léa 1 et une Léa 2 dans nos classes, arrêtez de mentir). Des personnes qu'on aime mais qui ont des défauts ou des tics insupportables que vous détestez (pourquoi toujours lisser ses personnages ?). Des animaux de compagnie (vous ne trouvez pas qu'on en voit peu dans les livres ?). Etc.

En soit, ce n'est pas compliqué. Il suffit d'arrêter de vouloir plaire. Car c'est ça, le problème, en soit. On veut plaire, donc on lisse tout, et on oublie les effets de réels.

En fait, les effets de réels, c'est l'inverse des clichés, maintenant que j'y pense...

Enfin voilà, vous avez compris où je voulais en venir. Si vous ne savez pas être réalistes, lisez des textes classiques (ou pas). Par exemple: j'ai souvenir d'avoir travailler en seconde sur la première scène de Thérèse Raquin, de Zola. Et là dedans, tout était très péjoratif. Mais ça faisait très réel.

Tien, je vais vous montrer cette scène (tirée du chapitre un de mon édition de ce livre).

« [...] Ce passage a trente pas de long et deux de large, au plus ; il est pavé de dalles jaunâtres, usées, descellées, suant toujours une humidité âcre ; le vitrage qui le couvre, coupé à angle droit, est noir de crasse.
Par les beaux jours d'été, quand un lourd soleil brûle les rues, une clarté blanchâtre tombe des vitres sales et traîne misérablement dans le passage. Par les vilains jours d'hiver, par les matinées de brouillard, les vitres ne jettent que de la nuit sur les dalles gluantes, de la nuit salie et ignoble.
À gauche, se creusent ses boutiques obscures, basses, écrasées, laissant échapper des souffles froids de caveau. Il y a là des bouquinistes, des marchands de jouets d'enfant, des cartonniers, dont les étalages gris de poussière dorment vaguement dans l'ombre ; les vitrines, faites de petits carreaux, moirent étrangement les marchandises de reflets verdâtres ; au-delà, derrière les étalages, les boutiques pleines de ténèbres sont autant de trous lugubres dans lesquels s'agitent des formes bizarres [...] »

Etc, etc. Bref, vous voyez, cet endroit ne fait clairement pas rêver. Mais il fait réel. Et ça, je pense que c'est l'essentiel.

Les effets de réel permettent de rendre votre récit plus vraisemblable, quelque soit son genre. Alors, convaincus ?

J'espère que cet article vous plu, et je vous souhaite un bon week-end !

Marie-E. Blue

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