Prune

Interlude

Interlude

– Maman! Maman, vient voir! Prune est en train de jouer! Maman!

La petite fille crie et tire sur les jupes de celle qu'elle appelle Maman. Cette dernière la repousse allègrement et continue de discuter avec les parents de la petite Prune. Mais la jeune enfant proteste, son amie joue trop bien pour ne pas être écoutée!

– Maman, aller juste un instant! Prune m'a montré comment elle joue Bache!

L'adulte soupire et se penche vers sa fille.

– On dit Bach, chérie, et maman est occupée, quand Prune voudra qu'on l'écoute elle n'aura qu'à nous en faire part elle-même. Si tu continue de m'interrompre ainsi nous ne reviendrons plus chez Mrs et Mr Charlwen.

– Mais...

– Pas de « mais ». Un...deux...à trois tu sais ce qui arrive Beth ?

Sans un mot Beth s'en va. Elle rejoint son amie dans le grand salon. Prune est en train de composer un morceau pour elle. Le piano noir luis. Beth voudrait tellement savoir aussi bien jouer. Prune a plusieurs fois tenté de lui apprendre quelques accords, mais elles ne se comprenaient pas. Mais Beth s'en fiche, Prune à un véritable talent, et elle est sûre que Mrs et Mr Charlwen l'aimeraient de nouveau s'ils s'en rendaient compte. Beth se dit que si elle ne sait pas jouer elle pourrait danser.

En une après midi de travail, les deux amies réussirent à créer un petit spectacle. Après avoir beaucoup répété, elles créèrent de beaux cartons d'invitation avec des petits dessins sur les bords. Prune est émerveillée par ceux de Beth, elle les trouve très réussis!

Quand tout fut prêt Beth annonça à Prune qu'elle allait inviter les adultes; Ils seront si fiers!

-

Élisabeth revient le visage rougit et elle est furieuse. Cette fois c'en est trop, il n'y a pas de raison pour qu'il n'y ait qu'elle qui prenne. Sans transition elle frappa son amie si fort que l'enfant se mit à pleurer silencieusement.

– Pourquoi tu dis jamais rien toi ? J'en ai marre, c'est de ta faute, je veux plus revenir! J'en ai assez de Bache, Betoven, Mozar, ou tout les autres, j'en ai marre de toi, je t'aime pas! Je t'aime pas, je te déteste, je te hais! Vas-t'en, je veux plus te voir! Je te déteste, je te déteste, je te déteste, je te déteste, je te déteste!...Je...te...hais...

A ces mots la fillette courut sous le piano à queue pour se cacher et pleurer. Prune, du haut de ses neuf ans n'avait jamais compris la haine que lui vouaient certaines personne du fait qu'elle ne puisse pas parler. Elle resta là au milieu du grand salon les joues trempées, une grosse douleur au nez, et surtout un vide immense dans le cœur. Beth avait toujours été sa seule et unique amie.

Si elle venait à partir elle se retrouverait seule.

Elle voudrais se mettre en colère, casser tout dans le salon, les vases chinois, brûler les tapis persans, briser le piano italien, détruire la vaisselle française, puis se rouler en boule et hurler. Mais non, elle ne fera rien. Elle s'approche du piano, se penche et signe les seuls mots connus par son amie:

Je t'aime.

Élisabeth leva les yeux vers Prune et lui lance le plus méchant des regards.

– Arrête de te la jouer grands cœurs, ça ne marche pas.

-

Depuis ce jour Beth n'est jamais revenue. Prune ne sait même pas pourquoi. Mais elle croisa six ans plus tard une talentueuse danseuse devant l'opéra. La danseuse ouvrit ses grands yeux bleu tout rond et courut vers elle.

Mais elle ne parla pas, comme bloquée par une émotion trop forte, elle signa lentement et en pleurant:

Je t'aime moi aussi.